Entre immeuble de grande hauteur et pavillon, quelle place pour le logement du futur ?
Le mouvement Unisson(s), qui milite pour une architecture bas carbone "et du vivant", s’est posé la question, ce mardi 2 décembre à Paris, de "l’imaginaire soutenable" du futur du logement et de sa forme architecturale. Sobre, dense mais pas trop, mais surtout nombreux... telles seraient, selon les experts et professionnels rassemblés à la Fondation Palladio, les caractéristique souhaitables du logement du futur.
© Arnaud Paillard/ Conférence sur le logement de l'association Unisson(s) à la fondation Palladio
"L’architecture de demain, c’est un corps sobre, un bâtiment ‘qui plombe’. C’est un bâtiment qui nous permet de déployer les logements dont on a besoin mais dont l’enveloppe doit être optimisée, avec de la récupération d’eau, de la production d’énergie, de la biodiversité qui produit de la fraîcheur… ", prophétise Marie-Catherine Chazeaux, directrice expérience clients chez Cogedim, mais également architecte de formation, au sein de la fondation Palladio, à Paris, lors d’un atelier organisé le mardi 2 décembre par l’association Unisson(s). Avant d’ajouter : "tout ça en gardant en tête le besoin de sobriété foncière !". Des logements, selon la professionnelle, qui doivent donc répondre aux enjeux de la transition climatique. Au risque, selon certains, de tendre vers leur uniformisation.
"L’hyper normalisation des logements liée aux impératifs économiques et aux différents labels climatiques amène à la perte des communs au sein d’un quartier : les socles deviennent inexistants et les ZAC des lotissements à grande échelle", regrette, pour sa part, l’architecte Suzel Brout. Il est surprenant de constater, explique-t-elle, que les logements thématiques (ceux pour les étudiants, ceux destinés aux personnes âgées) disposent d’espaces communs généreux (laveries, espaces de restauration) dans les immeubles qui les accueillent, mais que cette mise à disposition de communs disparaît soudainement pour les logements standards, "comme si la famille n’avait plus besoin d’échanges", s’interroge l’architecte. Suzel Brout plaide pour un retour des communs, à l’échelle du bâtiment comme à celle du quartier.
Entre immeuble de grande hauteur et pavillon individuel, quelle sera la forme architecturale souhaitable de demain ? "Sur la question de la hauteur, les mentalités ont évolué. Là où R+6 paraissait grand il y a quelques années, on est plutôt aujourd’hui sur du R+9, voire davantage, en Île-de-France, notamment", témoigne Charles de Coquereaumont, directeur général adjoint de BNP Paribas Immobilier, soulignant de ce fait que le rapport à la hauteur est en train de changer. "Vouloir garder le logement abordable pour nos clients implique d’aller chercher une densification. Celle-ci est naturelle en Île-de-France, alors que la maison individuelle reste un rêve provincial", poursuit le promoteur.
La grande hauteur n’est pas, toutefois, forcément synonyme de sobriété écologique. "Plus on empile, moins les constructions sont intensives en termes de carbone, mais à un moment on doit se battre contre la gravité ce qui entraîne des contre-effets carbonés, notamment pour les fluides", tempère Rémi Babut, ingénieur et urbaniste chez Elioth by Egis et participant au Shift Project. S’il ne sait pas si le logement du futur sera vertical ou horizontal, il est sûr, toutefois, d’une chose : il sera petit. "La population, en France, ne croît plus, mais le nombre de ménages continue d’augmenter", précise-t-il. "60% des personnes vivent dans des ménages composés de une à deux personnes", renchérit Marie-Catherine Chazeaux. Les besoins en logement devraient donc continuer à augmenter. "Le logement du futur doit être nombreux !", plaisante, quant à lui, Paul Saraïs, responsable du département architecture et qualité d’usage au sein de l’Union sociale pour l’habitat. "L’une des solutions serait de régler le problème de sous-occupation des logements, notamment sociaux. À Marseille, c’est l’un des gisements que les pouvoirs publics tentent d’activer pour créer du logement", soutient-il. La mobilité dans les logements sociaux reste, cependant, très difficile à favoriser. "On a de la peine à faire bouger les ménages", soupire le professionnel. Le logement du futur devra, de l’avis général, être abordable pour trouver preneur.