À Châtellerault, 15 logements de caractère dans une ancienne école (86)
Dans une ancienne école primaire, la communauté d'agglomération Grand Châtellerault et la ville de Châtellerault ont sollicité l’acteur de l'économie sociale et solidaire, Soliha, pour réaliser quinze logements. La présence de grands logements a ramené des familles dans le centre-ville et crée une mixité résidentielle. Une réponse efficace pour redynamiser ce quartier, confronté au problème des logements vacants.

© CA Grand Châtellerault
Loger dans une ancienne école de la Troisième République, c'est possible à Châtellerault ! Les premiers locataires ont emménagé il y a quatre ans, rejoints par leurs voisins en 2024. Au total, 15 familles profitent de ces appartements créés de toutes pièces dans l'ancienne école de filles, qui a changé d'usage après cent vingt-cinq ans ans de bons et loyaux services. La réhabilitation exemplaire a permis de proposer des logements conventionnés, étiquette B pour les performances énergétiques, tout en conservant le caractère historique du bâtiment.
Un bail en réhabilitation
En 2013, la ville de Châtellerault ouvre un nouveau groupe scolaire sur le site de l'ancien hôpital pour regrouper les enfants de deux sites, l'école maternelle et l'école élémentaire Paul Bert. Cette dernière est mise en vente en 2015, avec pour objectif la réalisation de logements. « La ville dispose de suffisamment de foncier et bâtiments inutilisés pour ses propres projets », explique Julien Angué, responsable de la Maison de l’habitat de Grand Châtellerault. Faute de réponse privée pertinente, la ville contacte alors la coopérative Soliha BLI (bâtisseur de logements d’insertion) et lui propose de redonner vie au bâtiment, via un bail à réhabilitation et la transformation en logements locatifs à loyer conventionné social et très social.
Une rénovation exemplaire
En collaboration avec l'Architecte des bâtiments de France, la rénovation permet de reprendre les codes architecturaux du bâtiment initial : respect des ornements existants, façade de pierre, jambages et éléments moulurés en pierre de tuffeau. « Nous avons pu conserver l'escalier existant et les grands plateaux par niveau étaient facilement restructurables, explique Laurent Robin, directeur adjoint de Soliha Vienne qui a piloté ce projet. C'est finalement plus simple que dans certains projets de restructuration de maisons anciennes au centre-ville. » Les grandes hauteurs sous plafond ont permis de bien isoler entre les niveaux et tous les logements bénéficient désormais d'un classement B pour les performances thermiques. Une chaudière à granulés bois permet de chauffer l'ensemble et les six logements de rez-de-chaussée sont adaptés aux personnes à mobilité réduite. « Nous n'avons pas utilisé de matériaux biosourcés pour une question d'équilibre d'opération, le confort d'été n'est donc pas idéal », regrette seulement le directeur adjoint de Soliha Vienne.
Un montage financier complexe
« Ce projet a été mené en deux tranches, indique le responsable habitat du Grand Châtellerault. Les neuf premiers logements locatifs, livrés en 2021, ont coûté 155 000 euros chacun : c'est le prix d'un pavillon neuf sur un terrain à bâtir dans l'agglomération ! » Compte tenu du coût élevé, le montage financier de l'opération a pris du temps : « C'est un puzzle à assembler d'une grande complexité, chacun des huit financeurs ayant des critères différents », souligne le directeur adjoint de Soliha Vienne. La seconde tranche a permis de livrer des locatifs sociaux supplémentaires, avec un jardin commun en mars 2024, dans le cadre du programme Action cœur de ville. Seuls six logements ont été réalisés, contre neuf initialement prévus : « Créer un plancher intermédiaire pour augmenter le nombre de logements nous aurait privés du financement Anah, ce qui n'était pas envisageable », justifie Laurent Robin.
Malgré un coût élevé et un « équilibre » d'opération à quarante-cinq ans, ce projet a atteint son but : reconvertir un bâtiment inutilisé en conservant son cachet et en apportant une offre nouvelle de logements à proximité du cœur de ville. « Il y a peu de rotation locative », souligne le directeur adjoint de Soliha Vienne. Preuve de la satisfaction des locataires. « Le résultat est au rendez-vous : c'est une opération très réussie, avec un ensemble immobilier qui vit très bien, les locataires se sont bien approprié les lieux », concluent de concert le responsable de la Maison de l’habitat de Châtellerault Agglo et Céline Champagne, la cheffe de projet ACV.
La transformation de l’ancienne école en quelques chiffres
- 15 logements, du studio au T4, dont 6 accessibles aux personnes à mobilité réduite
- 9 logements très sociaux (loyer mensuel entre 4,72 euros et 4,78 euros du mètre carré), 5 logements sociaux (loyer mensuel entre 7,07 euros et 7,20 euros du mètrecarré), 1 studio en loyer libre.
- 1,476 million d’euros : coût de la première tranche de 9 logements. Cette tranche est subventionnée à 80 % par 8 partenaires (par ordre de contribution) : Anah, département de la Vienne, communauté d'agglomération Grand Châtellerault, Fondation pour le logement des défavorisés (ex Fondation Abbé Pierre), Soliha Vienne, région Nouvelle-Aquitaine, ville de Châtellerault et Agircc-Arco. Le solde est constitué d'emprunts auprès de la Caisse des Dépôts à 45 ans et d'un prêt du Crédit Coopératif pour le logement libre.
- 1,101 million d’euros : coût de la première tranche de 6 logements. Cette tranche est subventionnée à 70 % par 7 partenaires (par ordre de contribution) : Anah, Action Logement (Action Cœur de Ville), État (fonds friche), département de la Vienne, Fondation pour le logement des défavorisés (ex Fondation Abbé Pierre), région Nouvelle-Aquitaine, ville de Châtellerault. Le solde est constitué d'emprunts auprès de la Caisse des Dépôts et Action logement à 45 ans.
Communauté d'agglomération de Grand Châtellerault
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