En Haute-Savoie, des formations pour expérimenter l’école dehors (74)
La communauté de communes du pays d’Évian-Vallée d’abondance (CCEPVA) a mis en place des outils pour accompagner les enseignants de maternelle et de primaire qui souhaitent faire classe dehors. La pratique se diffuse.
© Communauté de communes du pays d’Evian
En avril, chaque année depuis 2023, les enseignants volontaires de la communauté de communes du pays d’Evian-Vallée d’abondance (CCEPVA) suivent une formation de trois jours pour concevoir des activités scolaires en extérieur. Ils développent et testent des activités, en lien avec le programme scolaire, s’auto-évaluent et corrigent leurs pratiques, en lien avec le formateur. Dans les années 2010, lors d’une séance de sensibilisation auprès des élèves de collège, Lalie Chochon, devenue depuis directrice du service espaces naturels, biodiversité et sentiers de la CCEPVA, constatait que les collégiens ne faisaient pas la différence entre les bouquetins et les chamois. Elle s’attelle alors, avec sa vice-présidente, à concevoir un dispositif de formation pour sensibiliser les plus jeunes à la biodiversité. « Nous voulions réancrer les enfants à la nature et leur ouvrir les yeux sur la biodiversité qui les entoure ». Depuis 2017, des séances en classe et des sorties sont organisées avec des interventions d’animatrices nature de la CCPEVA.
Un soutien continu aux enseignants
La CCEPVA veut aller plus loin et proposer de faire classe dehors, pour installer le projet pédagogique à long terme. Avec l’accord de l’inspection d’académie et l’engagement unanime des élus, un premier test est organisé avec une classe en 2022. Inspirée des pratiques scandinaves, où l’école dehors est mise en œuvre de longue date, la démarche a été théorisée. Il s’agit ensuite de former les enseignants à ces pratiques.
En plus de la formation annuelle de trois jours, un soutien continu est délivré une fois par mois, en plein air, auprès de chaque classe concernée, par une animatrice nature de la CCEPVA, tout au long de l’année. Émilie Bado, naturaliste formée aux pratiques de l’école dehors, apporte du contenu pédagogique et aide les enseignants à s’adapter à ce nouveau contexte. Chaque enseignant a par ailleurs accès à un outil numérique (padlet), avec des ressources pédagogiques et un forum d’échange de séquences et de retours d’expériences. L’ensemble du dispositif est porté par la CCPEVA : cela inclut la mise à disposition de trois malles pédagogiques contenant des ouvrages de référence sur la pédagogie à l’extérieur et du matériel pour explorer la nature, comme des outils pour fabriquer des cabanes. Ces trois malles circulent entre les écoles participantes.
Un dispositif rythmé et encadré
Chaque semaine, quelle que soit la météo, les enseignants emmènent leurs élèves en pleine nature, à pied, dans des espaces sécurisés : les experts nature ont vérifié que les arbres qui les entourent sont en bonne santé. Les lieux où se déroule la classe se situent entre cinq et quinze minutes à pied de l’école. Une marche bénéfique pour les enfants, qui, pour certains, n’ont pas l’habitude d’aller se promener régulièrement. Ainsi, la classe a lieu sans bureaux ni tableau. Construction de cabanes, découverte de la nature… Un des exercices pratiqués lors de la classe en extérieur consiste, pour chaque enfant, à s’installer seul pendant quinze minutes et observer ce qui l’entoure en restant calme et attentif. Chacun restitue ensuite au groupe ce qu’il a vu et ressenti. Les enseignants, au début accompagnés, assument ensuite d’être seuls avec leur classe « dehors ». Les enfants ont suivi au préalable, en classe à l’intérieur, des séances d’éveil et d’explications sur la faune et la flore qui les entoure avec Émilie, l’animatrice nature mandatée par la CCEPVA. « Le soutien mensuel auprès des classes représente un investissement de la collectivité de dix jours par mois, qui s’ajoutent aux trois jours de formation annuelle », précise Lalie Chochon. L’ensemble des formations est financé par la CCPEVA, avec une aide du département, via le contrat de territoire Espaces naturels sensibles, dans le cadre de sa stratégie biodiversité en œuvre depuis 2017.
Un déploiement du dispositif aux plus petits
Un suivi rigoureux est organisé avec un comité technique mensuel et un comité de pilotage une fois par an avec les élus et l’inspectrice d’académie. En 2023, deux classes ont été inscrites au dispositif, elles étaient huit à la rentrée 2024, issues de six écoles, soit 200 élèves bénéficiaires. On compte ainsi huit enseignants en accompagnements mensuels et trois en accompagnement libre (trois à quatre fois dans l’année). « Si les demandes augmentent encore, nous aurons sans doute besoin d’un appui financier pour augmenter le temps de formation et d’intervention en classe », souligne Lalie Chochon. La communauté de communes a décidé d’étendre l’expérimentation auprès des enfants dans les crèches, après avoir proposé d’accompagner les assistantes maternelles pour des sorties en extérieur.
Communauté de communes du pays d’Évian-Vallée d’Abondance (CCPEVA)
Nombre d'habitants :
Nombre de communes :
Voir aussi
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.