La dernière ferme de Lyon soutenue par les collectivités (69)

« La métropole et la ville de Lyon disposent d’à peine 5 % d’autonomie alimentaire », s’alarme Jérémy Camus, vice-président de la métropole de Lyon, en charge de l’agriculture et de l’alimentation. Face à cette réalité, assez répandue dans les grandes villes et métropoles françaises, la métropole est engagée dans une politique de soutien à des modèles agricoles résilients et durables pour faire fructifier les 10 000 hectares de terres agricoles qui représentent 20 % de la superficie de son territoire. Déjà plus de 200 projets agricoles ont été financés dans le mandat, pilotés par un service expert, qui compte une spécialiste de l’agriculture urbaine.

Une ferme historique transformée en société coopérative

Avec 16 hectares exploités dont 10 sur la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, la ferme Saint-Rambert, située dans le 9^e arrondissement de Lyon, est gérée depuis 1896 par la famille Perrault, qui s’y est consacrée durant quatre générations. L’exploitation ne trouvant pas de repreneur, la solution trouvée pour accompagner Simon Pascaud, ingénieur agronome et candidat repreneur, a consisté à créer une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Les collectivités – métropole, villes de Lyon et de Saint-Cyr-au-Mont-d’or - sont devenues actionnaires de la structure en 2024 pour un montant global de 150 000 euros. Cet apport en capital, une première en France pour une métropole, assure la solidité de l’activité agricole en apportant des bases financières en fonds propres nécessaires à l’exploitation, pour soutenir les besoins d’investissement, les aléas économiques ou les transmissions. 

Un outil pour une politique locale

Cette structuration en SCIC interdit toute spéculation sur les apports. Si un associé sort du capital, il le fait avec le montant de son apport, sans plus-value possible. La gouvernance ne repose pas sur le montant des parts mais est organisée par collèges, ce qui permet aux salariés de prendre part aux décisions. Cela permet également d’associer les consommateurs, et de développer un modèle coopératif. Aujourd’hui rejoint par 13 associés, Simon dirige une structure de polyculture en agriculture biologique mêlant élevage et maraichage, sur 16,5 hectares, principalement sur la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’or. 

Selon les statuts de la SCIC, les collectivités ne peuvent pas détenir plus de 49 % des parts. Toutefois, pour la métropole, cet actionnariat signifie, d’abord, au moment de son investissement, le respect d’une méthodologie avec une analyse juridique et un business plan. Au-delà, l’actionnariat donne accès, avec la participation aux conseils d’administration, à un suivi régulier de l’activité pour l’intégrer à la stratégie territoriale. 

Des projets plein les champs

La distribution des produits, dans un premier temps gérée en direct depuis l’exploitation, a été élargie grâce à l’arrivée d’Agriz, un distributeur séduit par le projet. Et après une première année d’activité prometteuse, la ferme de Lyon a été invitée à vendre ses produits dans les prestigieuses halles de Lyon. 

Après le maraichage et l’élevage porcin de plein air, le développement de la ferme de Lyon se poursuit avec des projets viticoles en micro-cuvée, sous l’appellation vin de Lyon, en remplaçant les vignes par des cépages résistants au changement climatique. Et s’étend à l’arboriculture avec davantage de produits comme les kakis, les kiwis ou les prunes. Face au réchauffement climatique et aux attentes sociétales des citadins, l’exploitation n’en finit pas d’innover.