La ville de Givors crée le premier tiers lieu labellisé santé (69)
Guidée par une approche globale de la santé, la ville de Givors a imaginé, avec professionnels et habitants, un tiers lieu consacré à la santé, pensé comme un espace de promotion de la santé et ouvert à tous. Installé au sein d'un pôle de santé dans un quartier populaire, il a ouvert ses portes il y a maintenant une année.

© Mairie de Givors
C'est un lieu ouvert à tous. Son agenda mêle des ateliers mouchage du nourrisson, des ateliers cuisine, des cafés santé, des entretiens avec une psychologue, ou encore des réunions pour les acteurs de santé locaux. De l'aveu même de sa coordinatrice, Lauriane Gérémie-Carlu, le tiers lieu santé (TLS) de Givors, qui a ouvert ses portes en mars 2024, « est encore un ovni ».
Adjointe au maire en charge de la santé, Dalila Allali sourit : « le TLS, ce n'est pas un lieu pour se soigner mais un lieu pour agir sur la santé. Et où tout le monde est concerné : les professionnels de santé, les associations comme les habitants. » Niché dans un quartier populaire de la ville, au rez-de-chaussée d'un pôle santé accueillant également une Maison de santé pluridisciplinaire (MSP) et un laboratoire d'analyses médicales, cet espace innovant « a été imaginé collectivement par la ville, les professionnels et les habitants ».
Construire ensemble
« Le projet est né il y a quelques années à l’occasion d'échanges avec les professionnels de santé sur la façon dont ils envisageaient leur futur lieu de travail : la MSP. Ils nous ont alors fait part de leur envie d'avoir un lieu où les gens pourraient se renseigner, échanger, appréhender autrement les questions relatives à la santé. » Pour cette ville de la métropole lyonnaise, où 40 % de la population vit dans un secteur labellisé Quartier prioritaire politique de la ville, et où les problématiques de santé liées aux maladies chroniques et les difficultés d'accès aux droits sont fortes, l'idée a fait immédiatement sens.
Pour penser le lieu, la mairie a fait appel à l'association DanaeCare, qui travaille sur la démocratie en santé. Un diagnostic territorial est réalisé à la suite d’échanges avec les soignants de la future MSP et les acteurs de santé du territoire. Entre 2023 et 2024, le projet de tiers lieu entre en phase de préfiguration avec huit ateliers réunissant habitants et professionnels de santé. « Le tiers lieu a été construit par tous avant même d'exister », souligne sa coordinatrice Lauriane Gérémie-Carlu. « Ce travail préparatoire accompagné de spécialistes a été essentiel, car un tiers lieu n'a de sens que s’il répond aux attentes des habitants du territoire », insiste l’adjointe au maire en charge de la santé de Givors.
Changer les habitudes
En mars 2024, le TLS, dont la mairie a confié la gestion et l'animation à DanaeCare, ouvre ses portes. Cuisine créative, comptoir des aidants, espace de documentation, salle de réunion, bureau confidentialité, espace coworking, salle d'activités collectives… Sept espaces, gratuits, peuvent être réservés sur demande par tous ceux souhaitant mettre en place des ateliers ou des formations en matière de promotion de la santé. Et les ateliers proposés sont tous gratuits.
Aménagement du lieu, programmation, prise de contacts… « Les débuts ont forcément été complexes », note Dalila Allali. « Mais, souligne Lauriane Gérémie-Carlu, le lieu a bénéficié d'un vrai soutien politique. » Et les contacts établis par le Centre communal d’action sociale (CCAS) de la ville ont joué à plein. Essentiel, insiste-t-elle, car « la promotion de la santé n'est évidente pour personne et elle demande du temps. »
La coordinatrice a au départ « beaucoup travaillé avec acteurs du social et du médico-social ». Un peu moins avec les professionnels médicaux pour des questions de charge de travail mais aussi pour des raisons liées aux habitudes. « Monter des ateliers avec les habitants d'égal à égal, ça ne vient pas comme ça », résume la coordinatrice du tiers lieu.
Pour les habitants, même pour ceux qui viennent à la MSP et qui passent forcément par le TLS, il a fallu du temps. « Quand on va chez le médecin, c'est qu'on est malade. Même intrigué, on n'a donc pas vraiment la tête à penser promotion de la santé. » Mais le temps et le bouche-à-oreille ont joué et la coordinatrice est allée prêcher la bonne parole sur les marchés, aux cafés des parents, dans les écoles....
De nouveaux projets voient le jour
Aujourd'hui, les projets d'ateliers se multiplient. Pique-nique équilibré pour les petits ou (re)découverte des fruits et légumes de saison… ateliers cuisine, alimentation et bien-être, animés par une diététicienne de la Banque alimentaire ou des professionnels de la PMI font le plein, une fois par semaine. « Une des infirmières du laboratoire d'analyse a même envie d'animer un atelier alimentation et cancer. » Depuis janvier, les sages-femmes font leurs ateliers yoga préparation à la naissance dans la salle d'activité collective, et les orthophonistes animent leurs ateliers avec les ados. Le bureau de confidentialité, seule pièce fermée, accueille une psychologue. Prochains défis ? Développer les ateliers sur un autre des piliers de la santé : l'activité physique -un coach sportif s’est déjà placé sur les rangs. Il est envisagé de travailler sur l'axe littératie (soit l'accès et la compréhension de l'information) en santé.
Éléments financiers pour le tiers lieu santé de Givors
Montant des travaux de réhabilitation et d'extension du pôle de santé -regroupant sur plus de 1 000 m2, tiers lieu santé, Maison de santé pluridisciplinaire et laboratoire d'analyse : 4,1 millions d’euros.
Porté par la ville et la Société d'aménagement de Givors métropole (SAGIM), le projet a reçu le soutien de la Métropole de Lyon, de l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, et de la Banque des Territoires. Financement de la BDT : 3,27 millions d’euros, dont un prêt sur fonds d’épargne (2,8 millions d’euros) et un investissement en fonds propres de 469 000 euros.
Budget prévisionnel de fonctionnement du tiers lieu santé pour sa première année d'existence (du 2 octobre 2023 au 31 décembre 2024) : 260 000 euros. Avec les subventions suivantes :
- de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes : 120 000 euros
- de la ville de Givors : 30 000 euros
- et du CCAS de la ville de Givors : 110 000 euros
Commune de Givors
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