À Ménil-la-Horgne, les habitants décident du futur parc éolien (55)

À Ménil-la-Horgne dans la Meuse, « à vingt minutes de tout et au bord de la RN4 » dixit son maire Claude Kaiser, chaque habitant a son mot à dire. « Lorsque j'ai été élu maire en 2020, j'ai proposé de créer une assemblée citoyenne où tous les habitants seraient conviés pour chaque décision à prendre sur un grand sujet. Le conseil municipal s'engageant à suivre l'avis des habitants. Et les habitants ont joué le jeu, je ne m'attendais pas à ce qu'ils participent autant ! » L'un des premiers « grands sujets » a concerné l'implantation d'un parc éolien dans la commune. « Nous avions été contactés par des sociétés en 2019. Au conseil municipal, nous avions alors posé des conditions : une exemplarité écologique avec le plus faible impact environnemental, l’implantation d’au moins une éolienne sur un terrain municipal et enfin, dernière condition, la mise à disposition de l’une d’entre-elle, propriété de la commune. » Parmi les développeurs acceptant de jouer le jeu, la mairie a choisi un partenaire.

Un projet éolien validé à 98 % par les habitants

« À l’occasion de trois réunions de l’assemblée citoyenne, nous avons présenté ce projet et les grands principes posés par la municipalité. Enfin, la commune de Montdidier dans la Somme, qui possède quatre éoliennes depuis 2011, est venue témoigner de son expérience. » Résultat : pas d'opposition farouche d'habitants, des questions sur le niveau d'investissement pour une commune au modeste budget de fonctionnement de 180 000 euros par an et une validation à 98 % du projet. Une condition a été posée par l’assemblée : la mairie doit pouvoir se retirer à tout moment du processus, si elle n'a plus les épaules pour porter l'éolienne municipale. Ce principe a donc été acté par convention avec l'opérateur : il est prévu qu'il rachète l'éolienne en cas de défaillance de la commune. « C'est une belle vitrine pour lui que de construire cette éolienne municipale, après celles de Montdidier, les seules aujourd'hui en France. »

Retours réguliers devant l'assemblée citoyenne

L'assemblée citoyenne a aussi été mobilisée pour choisir l'emplacement des éoliennes : « Cela s'est fait de manière ludique : trois groupes différents ont travaillé sur de petites maquettes du territoire, avec les calques des contraintes aéronautiques, environnementales, électriques... On privilégiait aussi les lieux où elles gêneraient le moins possible le plan paysager. Puis nous avons mis en commun et réalisé une proposition de synthèse. » Le seul terrain municipal disponible pour implanter une éolienne se situait en lisière de forêt : les services de l’État menaçaient de ne pas accorder d'avis favorable au parc pour cette raison. « Il a donc fallu accepter collectivement de ne pas construire d'éolienne sur un terrain municipal », indique le maire. Finalement, sept des huit éoliennes se situeront sur des terrains appartenant à sept propriétaires privés, cette équité a aussi été un souci des habitants. À ce jour, l'assemblée citoyenne a déjà été sollicitée à huit reprises sur le projet, en parallèle d'une commission thématique plus restreinte, chargée de faire avancer le projet au quotidien. « Nous finalisons en ce moment le montage financier du projet, il sera bien sûr soumis au débat de notre assemblée », précise le maire.

Solidaires de la commune voisine

Quand les panneaux ont fleuri contre un parc éolien en projet dans la forêt de Laneuville-au-Rupt, l’assemblée citoyenne s’est opposée à la demande de l'opérateur d'emprunter les chemins municipaux de la commune voisine pour construire les éoliennes. « Nous sommes démocrates avant tout, et solidaires du point de vue démocratique de nos voisins qui refusent ce projet sur leur territoire. » L'autorisation environnementale du parc éolien de Ménil-la-Horgne est attendue pour 2025, avec une enquête publique dans la foulée. « Grâce au travail en assemblée, nos habitants sont informés et comprennent les positions des uns et des autres, même s'ils ne partagent pas tous la même opinion. Je sais qu'il n'y aura pas de recours de leur part, ce qui n'exclut pas un recours extérieur », reconnaît le maire.

Production électrique à l'horizon 2027-2028

Si le processus se poursuit sans encombre, Ménil-la-Horgne pourrait posséder l’équivalent d’une éolienne municipale d'ici deux à trois ans (voir chiffres clés). « Ce sera une recette importante pour notre budget municipal et des moyens pour aménager notre place du village ou augmenter le temps de travail de notre employé qui n'intervient que dix heures par semaine ! » Des choix à débattre en assemblée citoyenne, bien sûr. « Je suis un maire heureux, conclut Claude Kaiser. Ce sont leurs projets que je porte, qui ne reflètent d'ailleurs pas toujours mon opinion personnelle. Cette assemblée citoyenne rapproche aussi les gens. Je pense vraiment que ce fonctionnement démocratique est entré dans les mœurs ! »