Santé des femmes, le Pays Cœur d'Hérault s'engage

Dans le cadre de son contrat local de santé, le Pays Cœur d’Hérault a choisi de s'engager dans la promotion de la santé sexuelle. Ce projet, construit avec le Planning familial de l’Hérault vise à accompagner les jeunes filles et les femmes en précarité économique ou sociale.

« Lorsque le Planning familial est venu nous voir pour nous proposer d'être tête de réseau sur notre territoire pour ce projet de lutte contre la précarité menstruelle, nous avons adhéré à la démarche », explique Alexia Cloup, responsable Pôle santé et coordinatrice du contrat local de santé au Syndicat mixte de développement local (Sydel) du Pays Cœur d'Hérault. « Car parler des règles menstruelles, c'est parler de santé sexuelle. Or trop de femmes ignorent le fonctionnement de leur corps et de leur cycle et ne peuvent pas se payer des produits menstruels », explique le Planning familial de l’Hérault.

Un projet clé en main, adapté au territoire

La proposition du Planning familial a permis d'étoffer et compléter le travail du groupe de travail santé sexuelle du contrat local de santé pour promouvoir la santé sexuelle. Elle a offert une stratégie clé en main financée au bon moment, puisque les élus travaillaient à la rédaction de leur nouveau contrat local de santé 2024-2029 (1). Ce projet a été intégré comme l'une des actions de l'axe trois - parcours en santé- du nouveau contrat. Les objectifs sont les suivants : « accueillir, soutenir, informer, orienter des femmes sur les différentes dimensions de la vie sexuelle et reproductive tout au long de la vie ; permettre l’accès aux produits menstruels ; favoriser l’accès à un parcours de soins et aux droits en matière de santé sexuelle et reproductive ».

Un défaut de connaissance de l’offre médicale

Plusieurs indicateurs, révélés par le diagnostic de santé réalisé en 2018 et actualisé en 2023, avaient alerté les élus. Seuls un tiers des bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S) mise en place sur le Pays étaient dépistés pour les cancers colorectaux, du sein et de l'utérus. Près d'un tiers des interruptions volontaires de grossesse (IVG) concernait des 15-24 ans, un chiffre très largement supérieur à la moyenne nationale de 17 %. Ces éléments sont à croiser avec les indicateurs de précarité du territoire : près de 4 000 familles monoparentales ont été recensées sur l'ensemble des 77 communes, près d'un jeune de 15 à 25 ans sur cinq se trouve ni scolarisé ni en emploi. Dans le cadre du contrat local de santé, en 2021, une enquête avait également détaillé auprès des professionnels de santé et du secteur social et médico-social (17 structures répondantes), les représentations et les pratiques des jeunes filles ou femmes sur l’accès au dépistage des infections sexuellement transmissibles (IST), la contraception, et IVG.

« Tout nous indiquait que nous avions des atouts, notamment une offre de santé en professionnels bien développée, mais aussi des faiblesses : le manque de visibilité et la méconnaissance de cette offre de santé. Nous avons donc combiné nos actions entre l’offre proposée par le Planning et la déclinaison à notre échelle du programme régional de santé de l’ARS Occitanie », explique Alexia Cloup.

Un réseau de partenaires

« La stratégie du Planning, jusque-là développée dans des milieux urbains, a été adaptée à notre territoire semi-rural étalé sur trois communautés de communes. Et nous avons essayé de nous placer en soutien particulièrement auprès des publics en situation de précarité », explique Alexia Cloup. La première étape a consisté à construire un réseau de 23 partenaires : associations caritatives, centres communaux d’action sociale (CCAS), mission locale jeune, Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), centre de santé sexuelle, etc. « Notre territoire a la chance de bénéficier d'un tissu d'acteurs associatifs important, d'un réseau noué au sein du contrat local de santé », indique Alexia Cloup. 

Deuxième étape, l'envoi à chacun d'un questionnaire pour recenser les actions déjà réalisées. « Nous avons ainsi appris que la moitié des partenaires font déjà de la distribution de produits menstruels et deux tiers mènent des initiatives autour de la santé. Ce qui nous aide à adapter le projet en partant de l'existant », précise la coordinatrice.

Une porte d’entrée : la distribution de produits menstruels

L'action phare du projet est la distribution gratuite de produits menstruels (protège-slips, tampons, serviettes hygiéniques, culottes menstruelles) par les différents partenaires en contact avec les publics cibles. Cette distribution n’est pas un but en soi, elle s'accompagne d'une écoute particulière, pour orienter, si besoin, les personnes vers les professionnels de santé. Chaque partenaire a pu être formé à cet accompagnement par le Planning.

Les partenaires ont reçu leurs premiers kits en mars 2025. « Ces kits donnés par le Planning ne couvriront pas toutes les demandes mais on réajustera en fonction d'une connaissance plus précise de cette demande et grâce aux dons que nous sommes en train de solliciter localement pour les prochaines distributions », explique Alexia Cloup. Le Sydel prévoit de stocker les kits pour les partenaires – les associations notamment – qui ne disposent pas de lieu pour cela. 

Le planning familial propose également de coanimer des groupes de parole sur la précarité menstruelle dans les différentes structures. Là encore, pour ouvrir de nouvelles portes d’entrée. « Les jeunes filles et femmes seront rassurées, écoutées, de façon à libérer leur parole, car il y a encore énormément de tabous, même entre mère et fille sur ces sujets, et cela peut entraver des parcours de soins », souligne Alexia Cloup.

Améliorer la visibilité et promouvoir l’offre en santé sexuelle

En parallèle, le pays Cœur d'Hérault a travaillé à la valorisation de l'offre de santé disponible pour le public en matière de santé sexuelle. « Peu de femmes savent par exemple que le rôle d'une sage-femme ne se limite pas au suivi de la grossesse. Certaines jeunes femmes pensaient qu'il fallait aller à Montpellier pour une IVG, ce qui n'est pas toujours facile, alors qu'elles pouvaient être accompagnées ici », explique la coordinatrice. 

Pour ce travail, le CLS s'est appuyé sur la communauté professionnelle territoriale de santé de Centre Hérault et le Comité départemental pour la santé sexuelle de l’Hérault (CODES 34) pour produire des outils de communication, des affiches, dépliants et flyers sur le dépistage des IST, l'accès à l’IVG, à la contraception, la promotion du rôle des sages-femmes. « J'ai le droit d'avoir une contraception, et une contraception d'urgence » fait partie des outils créés dans ce cadre (voir illustration). Une autre affiche « votre sexualité, vos choix, vos droits », plus générale, donne accès via un QR Code à toutes les ressources locales à disposition du public et désormais référencées dans un annuaire numérique (Soliguide). Tous ces documents sont affichés ou mis à disposition auprès du réseau de partenaires et des professionnels de santé.

(1) co signé avec l’Agence régionale de santé Occitanie, le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Montpellier et l’Assurance Maladie de l’Hérault

Deux ans pour prendre le relais

Le coût du projet précarité menstruelle est entièrement pris en charge par les partenaires. Le Planning familial finance la partie du temps de travail de la coordinatrice du Sydel, pour les deux années de la convention 2024-2025 signée entre l'organisation et le Sydel. Les autres financeurs sont la Mutualité sociale agricole (MSA), la préfecture de la région Occitanie et l'ARS.

Syndicat mixte du développement local du Pays Cœur d'Hérault (Sydel)

Nombre d'habitants :

85820

Nombre de communes :

77
9 rue de la Lucques Ecoparc Cœur d'Hérault – la Garrigue
34 725 Saint-André-de-Sangonis
contact@coeur-herault.fr

Alexia Cloup

Responsable pôle santé et coordinatrice du contrat local de santé

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