Sèvremoine veut mieux accompagner la perte d’autonomie (49)
En octobre 2023, après plusieurs mois de diagnostic, d’écoutes et de concertations, Sèvremoine a adopté son premier schéma gérontologique. Basé sur une analyse de terrain, la démarche découle d’un principe : « vieux » n'est pas un statut en soi et vieillir ne veut pas dire mourir.
Le document porte sur les plus de 60 ans, mais « c'est surtout l'âge du corps qui est important », tient à souligner l'adjointe à la santé, Marie-Annick Renoul. En s'engageant dans la réflexion qui a débouché sur le schéma gérontologique, la commune a entrepris de penser « bien vieillir » plutôt que « vieillissement » : elle s’est attachée à adopter une approche de prévention de la perte d'autonomie plutôt que de gestion de la seule dépendance. « Les structures d'hébergement ne seront jamais en capacité de répondre à tous les besoins, donc, il faut réfléchir dès maintenant aux solutions à proposer à tout le monde, pour que chacun puisse bien vieillir, quel que soit son lieu d'habitation », développe Béatrice Bahuaud, chargée de mission santé et vieillissement.
C'est l'analyse des besoins sociaux, réalisée par le Centre communal d’action sociale (CCAS), fin 2021, qui a « déclenché la prise de conscience », précise l'élue. Le focus mis sur la population âgée révèle alors que « dans dix ans, plus de 55 % de la population aura plus de 60 ans ! »
Accompagnement par le Gérontopôle
Les élus se sont fait accompagner par le Gérontopôle des Pays de la Loire. « Je recommande cet accompagnement à 100 %, dit Béatrice Bahuaud. Les intervenants du gérontopôle ont une vision globale des actions sur des territoires différents, ils apportent une sensibilisation plus large à tout ce qui touche à nos services en interne. » Tout au long de la démarche (de juin à décembre 2022), « ils se sont assurés que tout le monde prenne la parole, ils ont mené les groupes de travail ». Autre avantage souligné par l'élue et la chargée de mission : « en devenant adhérent du Gérontopôle, nous avons intégré un réseau qui nous maintient à niveau sur l'information, c'est précieux et valorisant, cela nous fait monter en compétence ».
Un processus étalé sur six mois
La démarche a commencé par une soirée de sensibilisation, en juin 2022, à l’attention de tous les élus et agents de la commune, de tous les services, de l'urbanisme à la culture. « Cela a donné de l'énergie à tout le monde », relève l'élue. La sensibilisation s’est poursuivie jusqu’en septembre. Les ateliers de simulation du vieillissement notamment ont été percutants, et efficaces pour « percevoir ce que l'on ne soupçonne pas, tant qu'on ne l'a pas éprouvé ». « On comprend alors bien mieux ces petits défauts et obstacles dans l'espace public, qui n'en sont pas pour tout un chacun, mais qui sont exacerbés quand on se déplace plus difficilement, ou que l'on voit moins bien », explique la chargée de mission. Autre moment marquant pour les élus et agents : une séance de lutte contre l'âgisme, pendant laquelle sont balayées toutes les idées reçues, « vous savez, celles qui parfois nous font prendre des décisions pensant bien faire… », glisse l'élue. La soirée se termine d'ailleurs par un spectacle qui raconte l’histoire d’une personne vivant en Ehpad et à qui on impose de fêter ses 100 ans…
Le travail s'est ensuite poursuivi entre les seuls élus, « pour cerner les enjeux majeurs que nous voulions aborder », reprend l'élue. Cinq axes sont définis : pédagogie et communication ; mobilité au quotidien ; accompagner les aidants ; privilégier le maintien à domicile ; lutter contre l’isolement.
Réflexion élargie aux acteurs locaux
En octobre 2022, une nouvelle séance de sensibilisation est organisée, cette fois élargie aux acteurs associatifs, médico-sociaux, etc. Un travail sous forme de table ronde sur « les enjeux du parcours résidentiel ». La séance se termine par le spectacle d'un mentaliste. « Le but était de faire douter les gens de leurs compétences cognitives, pour ressentir ce que des plus âgés peuvent ressentir », explique la chargée de mission.
Élus, associatifs et professionnels poursuivent le travail, avec trois sessions de trois groupes de travail (de 10 à 15 personnes chacun) durant le dernier trimestre 2022. Ces groupes sont chargés chacun de réfléchir sur les cinq axes validés par le comité de pilotage. À chaque fois, la consigne est de partir de l'état des lieux réalisé par le Gérontopôle. « Car le but n'est pas forcément de créer du neuf pour du neuf, mais de s'appuyer sur les ressources existantes pour proposer des adaptations », reprend l'élue. Les présidents des clubs des aînés ont été sollicités durant le diagnostic et restent impliqués, à raison d’un représentant par commune déléguée.
Le premier trimestre 2023 - de janvier à mai -, le travail porte plus précisément sur la rédaction des fiches actions qui nourriront le schéma gérontologique. Le plan est présenté en conseil municipal en septembre, validé, et restitué à l'ensemble des participants en octobre 2023. À ce stade, les habitants ne sont pas conviés, « car la présentation des fiches actions était à vocation technique. Pour autant, on a réalisé un film pour leur donner la parole lors de cette soirée », précise l'élue.
Le schéma gérontologique donne aujourd'hui le « chemin de fer » des actions à mettre en place, avec un planning à respecter. La commission santé-vieillissement-handicap à laquelle participent des habitants – en tant que conseillers consultatifs – aux côtés des élus, en a la responsabilité. Elle a lancé les premiers groupes de travail en novembre 2023.
Quand le regard change, les raisonnements aussi
« Aujourd'hui, nous sentons déjà la différence dans la façon d'appréhender ces questions dans les différents services. On nous interroge par exemple sur l'achat de bancs, pour savoir ceux qui seraient les mieux adaptés, ou sur l'installation d'un parcours sportif », cite en exemple l'adjointe.
Parmi les différentes actions du schéma en préparation, on note des propositions variées. Par exemple, la commune envisage de mettre en place un bus pour l'accès aux droits. En effet, « on n'imaginait pas que le non-recours était si développé », explique l'élue. Pour ce qui concerne la mobilité, il est question de matérialiser des arrêts identifiés pour soutenir « le covoiturage spontané », en complément du service du transport solidaire. La commune songe également à faciliter la mise en relation des jardiniers amateurs bénévoles et des personnes âgées qui ne peuvent plus entretenir leur jardin. Enfin, elle prévoit des actions en direction des aidants « pour que certains prennent conscience qu'ils sont aidants, car sans cela ils ne se rendent pas dans des lieux pensés pour eux », etc.
Un programme à 400 000 euros
De sa conception à son déploiement, le coût global du schéma gérontologique est estimé à 400 000 euros. Cela comprend la prestation du Gérontopôle et le financement d'actions, dont certaines seront plus importantes, comme la structure mobile pour l'accès aux droits. Le budget prévisionnel a été adopté en conseil municipal. Le financement est entièrement municipal. La ville a obtenu une subvention de 3 000 euros du réseau des villes amies des ainés pour la phase d'élaboration du schéma. Elle fera appel au cofinancement pour certains projets à venir.
Commune de Sèvremoine
Nombre d'habitants :
Voir aussi
Découvrez nos newsletters
-
Localtis :
Propose un décryptage des actualités des collectivités territoriales selon deux formules : édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. -
Territoires Conseils :
Recevez tous les quinze jours la liste de nos dernières publications et l'agenda de nos prochains rendez-vous.