Un revenu minimum étudiant à Plougastel-Daoulas (29)

Grâce à un dispositif lancé en 2011, la mairie de Plougastel-Daoulas apporte chaque année un « coup de pouce » aux jeunes de la commune désireux de poursuivre des études supérieures. « Ce revenu minimum étudiant est une allocation. Ce n’est pas un prêt », précise le maire Dominique Cap.

Le montant de l’allocation varie de 100 à 4 000 € par année scolaire, selon le lieu d’étude et le quotient CAF du jeune ou de sa famille. Cette aide a pour but de permettre aux jeunes de poursuivre leur cursus sans être obligés de prendre un job étudiant en parallèle.

Échange entre communes

L’idée remonte à 2010. Une maman de la commune, alors veuve, rencontre des difficultés pour assumer les dépenses liées à l’entrée de sa fille en école de sage-femme. « Elle m’a sollicité, se souvient Dominique Cap. Mais nous n’avions aucun moyen à notre disposition pour l’aider. Il n’existait que le prêt sur l’honneur via le Centre communal d’action sociale. » L’élu décide alors de prendre le sujet à bras-le-corps. Il réalise que la situation de cette mère de famille n’est pas isolée. Son équipe entreprend des recherches et découvre alors un dispositif créé par Laurent Fabius dans la commune de Grand-Quevilly lorsqu’il était maire.

« Pour comprendre le fonctionnement, nous sommes allés à Chenôve, une commune de 14 000 habitants, semblable à la nôtre, située non loin de Dijon et qui avait mis en place le RME, raconte Dominique Cap. Ils avaient du recul. Nous avons ainsi vu comment ça se passait chez eux et constaté que c’était exactement ce que l’on voulait faire. » Après avoir rencontré les jeunes de Chenôve, les responsables du programme et étudié le dispositif, l’équipe municipale de Plougastel décide donc de le reprendre et de l’adapter à son territoire. S’appuyant sur le cahier des charges et les conventions rédigées par Chenôve, Plougastel trouve alors les éléments juridiques et techniques pour une application locale.

Un dispositif bien rodé

Pour en bénéficier, outre les critères de revenus, les jeunes Plougastels doivent remplir plusieurs conditions. Ils doivent vivre depuis au moins deux ans dans la commune, être âgés de moins de 26 ans, être inscrit dans un établissement d’études supérieures conférant le statut d’étudiant et enfin, avoir fait une demande de bourse au préalable auprès du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous). Ils peuvent alors déposer une demande de revenu minimum étudiant (RME) auprès du CCAS de Plougastel avant le 31 octobre de chaque année. Pour continuer à percevoir le RME au fil de leur cursus, ils doivent en outre progresser dans leurs études. « En cas de redoublement, l’aide est divisée par deux, prévient le maire. Il faut des résultats. »

Pour la commune, le dispositif fonctionne pleinement. Au total, ce sont environ 30 jeunes qui en bénéficient chaque année. Ce qui représente un coût annuel de 50 000 euros pour la municipalité. « Miser 50 000 euros par an pour des jeunes qui réussissent, ce n’est pas cher pour une commune dont le budget s’élève à 15 millions d’euros, juge Dominique Cap. D’autant que les retombées sont largement amorties, à plusieurs niveaux. C’est un accompagnement à la réussite ! D’ailleurs, nous voyons plein de jeunes revenir, comme cette jeune ostéopathe qui a choisi récemment de s’installer sur le territoire, dans une commune voisine, parce qu’elle a été aidée par le RME ! » Depuis le début du dispositif, 377 RME ont été versés à des jeunes de Plougastel, sur plusieurs années pour certains.

En somme, pour l’équipe municipale, le RME a largement rempli ses objectifs et devrait donc se poursuivre sans difficulté. La seule ombre au tableau pour Dominique Cap qui est également président de l'Association des maires et présidents d'EPCI du Finistère : ne pas avoir réussi à faire en sorte que d’autres maires bretons suivent cette initiative. Car, il en est convaincu, « ce dispositif peut se décliner sur tous les types de communes, qu’elles aient 1 500 ou 150 000 habitants. Ça peut s’adapter à tous les territoires. C’est une question de volonté ».