Extinction de la 2G/3G : un calendrier ajusté à la marge, une échéance à préparer
Initialement prévue en décembre 2025, l'extinction de la 2G d'Orange débutera après les municipales et ne sera généralisée qu'à partir de septembre 2026. L'Arcep a par ailleurs publié une page informative incitant les organisations à réaliser un inventaire des systèmes dépendant de la 2G et 3G. Car des ascenseurs aux téléalarmes, c'est la sécurité des personnes qui est en jeu.

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À la suite d'un avis de la Commission supérieure du numérique et des postes (CSNP) (voir notre article du 11 avril 2025) - s'inquiétant de l'insuffisante préparation des acteurs à la fin des réseaux 2G et 3G, le Sénat avait organisé une table ronde le 21 mai (voir notre article du 22 mai 2025). Les représentants des territoires avaient alors déploré l'engagement de ce chantier aux conséquences imprévisibles pour les citoyens en pleine campagne pour les municipales.
Expérimentations dans neuf départements
Car Orange, premier des quatre opérateurs mobiles à sauter le pas – les représentants de l'État ont rappelé au Sénat que les opérateurs avaient la maîtrise du calendrier – devait initialement débuter l'arrêt de la 2G dès décembre 2025. Ce sera finalement à partir d'avril 2026 soit après le scrutin. L'opérateur a officialisé l'ajustement de son calendrier le 2 juillet. Il va ainsi mener des "expérimentations" dans le sud-ouest de la France, sur neuf départements, avant de fermer l'ensemble du réseau 2G en septembre 2026. Plus précisément au 31 mars 2026, l'arrêt de la 2G débutera sur l'agglomération de Bayonne-Biarritz-Anglet. Le 12 mai, elle sera étendue aux Pyrénées-Atlantiques et aux Landes. Sept départements les rejoindront le 9 juin : Ariège, Haute-Garonne, Gers, Lot, Lot-et-Garonne, Hautes-Pyrénées et Tarn-et-Garonne.
Anticiper et inventorier les services
En parallèle, l'Arcep a mis à jour en août une page présentant les calendriers de chaque opérateur et les enjeux de ce dossier. SFR et Bouygues (Free n'a pas de 2G en propre) fermeront la 2G "fin 2026" sans plus de précision. Quant à la 3G, elle interviendra en 2028 pour Orange et SFR et fin 2029 pour Bouygues Telecom, Free n'ayant pas communiqué sur le sujet. L'autorité invite les acteurs à "anticiper" ces fermetures en commençant par inventorier les services et matériels susceptibles d'utiliser encore la 2G ou la 3G. Or celle-ci est conséquente. Il y a tout d'abord les téléalarmes d'ascenseurs ( lire notre encadré), les interphones, les systèmes de télégestion du chauffage ou encore de pompes et autres capteurs utilisés par les réseaux d'eau. Les terminaux de paiement sont également concernés tout comme les téléphones mobiles les plus anciens.
Le cas des téléalarmes
Les téléalarmes utilisées par les personnes dépendantes sont enfin l'un des sujets les plus sensibles. La CSNP évalue à pas moins de 120.000 le nombre de téléalarmes fonctionnant encore en 2G et 180.000 en 3G. Présence verte, qui fournit des systèmes de téléassistance à des départements ou CCAS, est ainsi sur le pied de guerre pour préparer cette échéance. "Car il ne s'agit pas simplement de changer la carte par une SIM 4G : c'est l'ensemble du boîtier qu'il faut remplacer", nous explique Thibaut Gayrard, responsable de Présence verte - Midi-Pyrénées Nord. Avec à la clef un investissement estimé à "plus d'un million d'euros" et le regret de devoir "mettre au rebus des matériels qui fonctionnent encore sans avoir de certitude sur la pérennité de la 4G".
Autre préoccupation : "Qu'est ce qui nous garantit que la couverture 4G permettra aux systèmes de fonctionner partout ?" La fin de ces systèmes pourrait en effet révéler des trous de couverture 4G préjudiciables à la sécurité des personnes. La FFtelecom se veut rassurante sur ce point. "On parle de fermeture de 2G ou 3G, mais en réalité ce n'est pas tant une fermeture qu'une migration, c'est-à-dire qu'on va reprendre les fréquences qui sont utilisées par la 2G-3G pour y mettre des services 4G et 5G. Or ces deux technologies sont plus efficaces et on devrait avoir une couverture au moins équivalente", explique Romain Bonenfant, directeur général de la FFTelecom.
› Mise à niveau du parc d'ascenseurs français : Valérie Létard mobilise le secteurFace à l'arrêt programmé des réseaux 2G et 3G, la ministre chargée du logement, Valérie Létard, engage "une mobilisation collective du secteur et prépare des évolutions réglementaires pour garantir la mise à niveau du parc d'ascenseurs français", annonce un communiqué du 5 septembre 2025. Cette transition impacte directement la sécurité des ascenseurs qui, pour certains, utilisent encore ces technologies. La réglementation impose en effet à tout ascenseur de disposer d'un moyen d’alerte et de communication opérationnel avec un service d'intervention. Dans le cas contraire, le matériel doit être mis à l'arrêt. La ministre a adressé un courrier aux organisations professionnelles du secteur pour lancer une mobilisation collective. "Cette démarche vise à identifier les équipements concernés, informer efficacement les propriétaires - en responsabilité en cas d'incident - accompagner et optimiser la prise de décision de mise à niveau de l'appareil". Les préfets seront également sollicités par le ministre de l'Industrie et de l'Énergie et la ministre du Logement "pour mobiliser les acteurs locaux afin de procéder aux mises à niveau nécessaires dans l'ensemble du territoire". Enfin le lancement de travaux en vue de la mise en place d'un registre d'identification des ascenseurs au niveau national doit permettre de répertorier toutes les machines, prévoit le ministère. |