Financements de l’État et des collectivités aux associations : jusqu’à 3 milliards d’euros d’économies identifiées par l’IGF et l’Igésr

Dans leur revue de dépenses récemment remise au Premier ministre, les deux inspections (l’IGF et l’Igésr) précisent qu’elles n’ont pas observé "dans des proportions considérables" de dépenses "manifestement inutiles ou en doublon". Concernant les collectivités, les économies identifiées portent en premier lieu sur la suppression des financements des régions et départements aux associations "hors champs de compétences obligatoires ou partagées". 

Les financements publics aux associations ont représenté 53 milliards d’euros en 2023, selon l’inspection générale des finances (IGF) et l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (Igésr). Publiée le 16 juillet 2025, la revue de dépenses réalisée par les deux inspections rappelle que les 1,27 million d’associations en France "sont le fruit de l’initiative et du dynamisme de la société civile pour s’organiser en vue de buts non lucratifs" et qu’"elles sont également des partenaires essentiels des pouvoirs publics". Ainsi, 314.000 associations, soit un quart du total, bénéficient de dépenses budgétaires (49 milliards au total) de l’État et/ou des collectivités territoriales pour exercer leur mission. "Ces financements sont essentiellement destinés à mettre en œuvre des politiques publiques", insistent les inspections. 

Le périmètre de la dépense publique considérée est composé pour près de la moitié des financements des collectivités hors subventions (donc via la commande publique / délégation de service public ou une tarification). Les départements dépensent dans ce cadre 16,2 milliards d’euros (essentiellement dans la sphère sociale et médicosociale), le bloc communal 7,1 milliards et les régions 2,8 milliards. L’État quant à lui finance les associations à hauteur de 27,4 milliards d’euros, soit directement (10,4 milliards), soit via ses opérateurs (12,7 milliards dont 10,7 milliards pour les opérateurs de compétences) soit par le biais des dépenses fiscales (4,3 milliards). 

Une forte croissance des financements de l’État, en lien principalement avec la crise sanitaire et l’inflation, est mise en évidence : +44% pour les dépenses budgétaires (imputable aux trois quarts à cinq domaines que sont l’hébergement d’urgence, le travail et l’emploi, l’inclusion, l’immigration et l’asile et l’aide au développement) et +39% pour les dépenses fiscales entre 2019 et 2023. Côté collectivités, une hausse de 2,8 milliards d’euros des dépenses, "légèrement plus rapide que l’inflation (+12% vs +10%)", est observée – qui est "majoritairement imputable à l’ASE [aide sociale à l’enfance] (+1 milliard d'euros), au handicap et à la dépendance (+1 milliard d'euros)". Entre 2023 et 2024, les financements attribués par les régions ont amorcé une légère baisse. Si "la situation financière des associations s’est consolidée lors de la crise sanitaire et à sa suite", elle "semble fragilisée en 2025", dans un contexte de réductions de financements publics, soulignent les inspections. 

Entre 261 millions et 1 milliard d’euros d’économies identifiées pour les collectivités 

"La mission n’a pas observé, dans des proportions considérables, de dépenses en faveur des associations qui seraient manifestement inutiles ou en doublon. Dès lors, toute économie vis-à-vis de ces acteurs aura des conséquences sur les associations en cause", et sur les politiques publiques mises en œuvre dans ce cadre, peut-on lire dans le rapport. Cette alerte étant faite, conformément à la demande du Premier ministre, la mission identifie trois scénarios qui permettraient d’économiser entre 1 et 3 milliards d’euros. 

Dans le scénario le plus poussé, la mission "documente" 1 milliard d’euros d’économies possibles pour chacun des trois types de dépenses que sont celles de l’État et de ses opérateurs (soit un "taux d’effort" de 4%), celles des collectivités (même taux d’effort de 4%) et les dépenses fiscales (soit un taux d’effort de 29% qui "vise à rapprocher le système fiscal français, comparativement très favorable, de celui d’autres pays, sans affecter trop fortement les associations"). Les deux scénarios plus "légers" comportent des économies de 309 à 600 millions d’euros pour l’État et ses opérateurs, de 430 à 953 millions d’euros pour les dépenses fiscales et de 261 à 447 millions d’euros pour les collectivités. Début juillet, face à des associations inquiètes après avoir eu connaissance des mesures fiscales proposées, le Premier ministre a promis que les possibles "reconfigurations" ne toucheraient pas les associations reconnues d’utilité publique (voir notre article). 

Il est précisé que les économies identifiées pour les collectivités "relèvent du conseil aux décideurs locaux, confrontés aujourd’hui à une forte contrainte budgétaire et à la nécessité d’opérer des arbitrages budgétaires", dans le respect de la libre administration de ces dernières. Les économies identifiées portent sur la suppression des financements des régions et départements "hors champs de compétences obligatoires ou partagées" (économies estimées à 261 millions d’euros), la réduction de 15% des financements des régions et départements sur les compétences partagées (186 millions d’euros) et la réduction des "disparités de financements non justifiées par des critères sociodémographiques" (553 millions d’euros). 

Pour "accompagner" ces économies, la mission préconise des mesures "fortes" de simplification – informatiques et budgétaires – "en faveur des associations". 

 

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