Défaillances dans l’économie sociale et solidaire : une cellule nationale de suivi a été réunie

ESS France, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) et le Mouvement associatif saluent la réunion de cette instance qu’ils appelaient de leurs vœux et demandent maintenant des "actions concrètes, coordonnées et à la hauteur des enjeux". L’enjeu : "ne pas laisser s’installer une crise silencieuse", alors que les signaux d’alerte se multiplient, pour les associations en particulier. 

"Nous assistons à une saignée générale du secteur associatif. Le désengagement budgétaire global de l’État conduit au désengagement des collectivités parce qu’elles sont à bout." Le 25 juin 2025, la sénatrice socialiste Marie-Arlette Carlotti a interpellé la ministre en charge de la vie associative, Marie Barsacq, sur la situation alarmante d’un nombre croissant d’associations.

"Une situation financière épouvantable" 

La ministre a assuré qu’elle était "mobilisée pour préserver des moyens" (notamment les subventions aux associations de la jeunesse et de l’éducation populaire), malgré "le choix difficile de la diminution du nombre de services civiques" en 2025. En réponse, l’ancienne ministre a dénoncé le gel des crédits votés, "la suppression des contrats aidés", mais également "la réforme des retraites qui freine l’engagement des seniors" et "le financement par projet qui noie [les associations] dans la paperasse". Le lendemain, ce 26 juin 2026, le gouvernement annonçait une nouvelle baisse des crédits de l’État et de la sécurité sociale à hauteur de 5 milliards d’euros (voir notre article de ce jour).

Selon une enquête publiée en avril 2025 par le Mouvement associatif et le Réseau national des maisons des associations, les arrêts ou baisses de subventions versées aux associations sont fréquents (50% des subventions attendues à cette date, dont 5% d’arrêt et 20% de forte baisse), tandis que nombre de subventions tardent par ailleurs à être renouvelées. "Cette diminution des financements concerne l’ensemble des bailleurs : État, collectivités et financeurs privés (fondations et entreprises)", est-il précisé. Il en résulte à la fois des difficultés de trésorerie (pour la moitié des quelque 5.600 dirigeants associatifs interrogés), un impact sur l’activité (diminution, annulation d’actions, hausse du coût pour l’usager) et sur l’emploi (non-remplacement des départs, annulation de recrutements et parfois plan de sauvegarde de l’emploi ou licenciements économiques). 

"On est dans une situation financière épouvantable", a résumé auprès de l'AFP la présidente du Mouvement associatif Claire Thoury. "On a eu une crise sanitaire, puis une crise inflationniste et maintenant une crise budgétaire : ça commence à faire beaucoup. Et on nous dit 'il faut que vous continuiez à agir, votre travail est indispensable'. C'est totalement absurde", s’indigne-t-elle.

Une cellule nationale d’accompagnement à décliner régionalement 

En réponse à une interpellation commune du Mouvement associatif, d’ESS France et de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), une cellule nationale de liaison et d’accompagnement sur les défaillances dans l’économie sociale et solidaire (ESS) a été installée par la ministre en charge, Véronique Louwagie, et réunie pour la première fois le 24 juin 2025. "Dans un contexte budgétaire tendu, cette cellule constitue un outil essentiel", saluent l’Udes, ESS France et le Mouvement associatif, dans un communiqué. 

"Ce premier pas doit impérativement être suivi d’actions concrètes, coordonnées et à la hauteur des enjeux", ajoutent les trois organisations, qui appellent à privilégier l’analyse partagée et l’anticipation en associant tous les acteurs et à décliner cette démarche d’accompagnement en "cellules régionales dûment financées et articulées avec les outils de droit commun : Codefi, Banque de France, tribunaux judiciaires, médiateurs". L’enjeu est de "ne pas laisser s’installer une crise silencieuse", insistent les trois réseaux, qui indiquent que "l’ESS représente 14% de l’emploi privé" et "des milliers d’initiatives de proximité". 

La démarche n’est pas sans rappeler les cellules de crise qui avaient été mises en place aux niveaux national et local pendant la crise sanitaire – à ceci près que la politique du "quoi qu’il en coûte" n’est désormais plus de mise. 

 

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