Handicap : les ESMS publics dans une "spirale financière négative"

Interrogés par la Fédération hospitalière de France (FHF) et le Groupement national des établissements publics sociaux et médicosociaux (GEPSo), les établissements et services médicosociaux (ESMS) publics du secteur du handicap étaient déficitaires pour 60% d’entre eux l'an dernier, soit 16 points de plus qu’en 2023. En cause notamment pour les deux réseaux : une compensation insuffisante des revalorisations salariales qui s’imposent aux établissements et services.

Les établissements et services médicosociaux (ESMS) publics du secteur du handicap sont actuellement dans une "spirale financière négative" qui se rapproche "progressivement" de celle des Ehpad publics, pour la Fédération hospitalière de France (FHF) et le Groupement national des établissements publics sociaux et médicosociaux (GEPSo). Selon une enquête réalisée par les deux organisations, dont les résultats ont été rendus publics ce 9 octobre 2025, "l’année 2024 marque une rupture nette" avec 60% des ESMS interrogés fin 2024 en situation de déficit, contre 44% en 2023. Par comparaison, 70% des Ehpad publics hospitaliers, interrogés par la FHF dans le cadre d’une autre enquête, étaient déficitaires en 2024, après 80% en 2023 (voir notre article).   

"De graves difficultés de trésorerie" pour 12% des ESMS interrogés 

Au total, dans le secteur du handicap, 1.220 ESMS sont publics, ce qui correspond à 400 entités juridiques et à 53.000 places (dont 63% pour des adultes et 37% pour des enfants), soit 10% de l’offre totale d’accompagnement (530.000 places au niveau national dans plus de 12.000 ESMS). L’enquête de la FHF et du GEPSo a été effectuée auprès de 120 gestionnaires publics (représentant 330 ESMS et 22.000 places), dont 55 autonomes et 65 rattachés à un établissement public de santé (CH ou CHU), à un autre ESMS ou à un centre communal d’action sociale (CCAS).     

La moitié de ces gestionnaires disposaient fin 2024 d’une trésorerie inférieure à 83 jours d’avance et 12% déclaraient rencontrer "de graves difficultés de trésorerie". Les conséquences sont claires : des reports d’investissements pour plus d’un établissement sur deux et la mise en place de plans de retour à l’équilibre pour un quart des gestionnaires. 

L’enquête met en évidence une détérioration de la situation pour les maisons d’accueil spécialisées (MAS : 72% en déficit en 2024, après 51% en 2023), les établissements et services d'accompagnement par le travail (Esat : 33% en déficit en 2024, après 20% en 2023) et des instituts médico-éducatifs et médico-professionnels (IME-IMPRO : 42% en déficit en 2024, après 26% en 2023). Déjà à 77% en 2023, la part des foyers d’accueil médicalisés (FAM) déficitaires est restée au même niveau en 2024. L’activité est pourtant la plus soutenue dans les FAM et les MAS (soit les établissements le plus souvent en déficit), ainsi que dans les services.   

Côté départements, "aucune garantie de compensation" de la hausse des cotisations CNRACL 

Pour la FHF et le GEPSo, ces difficultés proviennent d’abord de l’insuffisance de compensation des revalorisations salariales et de l’impact de l’inflation sur les charges d’exploitation. Mises en avant régulièrement par la FHF au sujet des Ehpad, d’autres causes sont présentées comme "des problématiques particulières" de l’ensemble du secteur médicosocial public : "un contexte socio-fiscal très défavorable" pour les ESMS de la fonction publique hospitalière (FHF) et "une hausse insoutenable du taux de cotisation retraite (CNRACL) des seuls employeurs publics" entre 2025 et 2028. Si une compensation est prévue sur la part des dépenses relevant de la sécurité sociale, les ESMS "ne disposent d’aucune garantie de compensation des surcoûts pour les activités financées par les conseils départementaux", est-il souligné. 

Certains professionnels des ESMS autonomes du secteur du handicap "restent exclus du bénéfice du complément de traitement tndiciaire (CTI) du Ségur de la santé", relèvent par ailleurs la FHF et le GEPSo, qui signalent "des départs d’agents et des difficultés de plus en plus importantes à recruter" pour les postes concernés. 

"Sans réponse rapide, c’est la pérennité même de l’offre publique médicosociale handicap, indispensable aux parcours de vie des personnes accompagnées, qui sera menacée", concluent les deux réseaux. 

 

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