Hydrogène : Dijon Métropole lance la conversion totale de ses bennes à ordures ménagères

Dijon Métropole a dévoilé ce 14 décembre sa première benne à ordures ménagères fonctionnant à l'hydrogène "vert", autrement dit zéro émission. En 2024, 4 bennes de ce type entreront en service, ainsi que 16 bus.

Dijon Métropole, qui a lancé dès 2020 un projet d'hydrogène vert (lire notre article), a réceptionné ce 14 décembre sa première benne à ordures ménagères (BOM) à pile à combustible à hydrogène, lançant ainsi la conversion à cette énergie de l'ensemble de sa flotte de BOM et bus. "99% des véhicules lourds circulant en Europe sont équipés de moteurs thermiques mais cette métropole a fait le pari de l'hydrogène", a lancé François Rebsamen, président de la métropole et maire PS de Dijon, devant un camion poubelles rutilant tout juste livré.

En 2024, Dijon va mettre en service ses quatre premières BOM de 19 tonnes fonctionnant à l'hydrogène et l'ensemble des 42 BOM de la métropole de 165.000 habitants utiliseront cette énergie d'ici à 2030. Parallèlement, 16 bus à hydrogène doivent être livrés d'ici à fin 2024, avant le remplacement total, à plus long terme, de l'ensemble des 180 bus dijonnais. Dijon Métropole va ainsi se doter de l'une des plus importantes flottes françaises de véhicules lourds à hydrogène, qui seront alimentés en circuit court par une unité de production située au nord de la ville, qui sera mise en service début 2024.

Anticiper les réglementations à venir

En France, l'hydrogène est encore balbutiant pour ce type de véhicules. La première BOM à hydrogène a été testée au Mans dès septembre 2021. Mais aucune flotte n'a encore été mise en service, en raison de nombreux déboires. Les projets sont cependant nombreux. D'après les données compilées par l'association France Hydrogène, réunissant plus de 450 membres de la filière, plus de 140 BOM à hydrogène pourraient être déployées "d'ici quelques années", ce qui reste peu par rapport aux 12.000 BOM en service dans le pays. Mais avec la révision du règlement européen régissant les normes d'émissions de CO2 pour les véhicules neufs vendus à partir de 2030, les projets vont devoir accélérer. Les émissions carbone devront ainsi être réduites d'au moins 45% par rapport à 2019 puis abaissées de 65% en 2035 et de 90% à partir de 2040. Les eurodéputés se sont en outre prononcés en faveur de l'immatriculation de nouveaux bus urbains zéro émission à partir de 2030. Avec la conversion de son parc de véhicules lourds à l'hydrogène, Dijon Métropole entend donc anticiper les réglementations à venir et atteindre d'ici 2030 son objectif de réduire de 40% ses émissions de gaz à effet de serre et de 30% de la consommation d'énergies fossiles.

Un coût de 825.000 euros par véhicule

Pour la première commande de 4 BOM, la métropole a lancé une procédure dite négociée "compte tenu du caractère innovant de ces véhicules", explique-t-elle dans un communiqué. Ces bennes seront fournies par E-trucks Europe, une entreprise implantée en Belgique qui propose une solution de "retrofit neuf", c'est-à-dire la transformation de la motorisation d'un châssis neuf classique fonctionnant au diesel pour en faire un véhicule à combustible hydrogène. Deux bennes ont déjà été livrées et sont en phase de test. L'acquisition des 4 premières bennes représente un investissement de 3,3 millions d'euros, soit 825.000 euros par véhicule, incluant un contrat de maintenance de 5 ans. La métropole passera commande de 4 nouvelles bennes en 2024. L'Ademe va subventionner les 8 premières BOM ainsi que la mise aux normes des ateliers à hauteur de 1,5 million d'euros.

L'hydrogène a certes "un coût", a reconnu François Rebsamen. Une BOM à hydrogène vaut trois fois plus que l'équivalent thermique mais cela permettra d'éviter l'émission de 4.200 tonnes de gaz carbonique par an, soit l'équivalent de 58 millions de kilomètres en voiture. L'hydrogène permet de plus une "plus grande autonomie" que l'électrique, dont les BOM coûtent environ un tiers de moins que celles à hydrogène. Mais le temps de recharge des batteries nécessiterait "une augmentation du nombre des tournées, donc des bennes, et l'embauche de personnel supplémentaire", selon Jean-Patrick Masson, vice-président de la métropole.