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Environnement - Immersion en mer des boues de dragage du port de Rouen : enquête publique sur un projet qui fait des vagues

Une enquête publique s'est ouverte vendredi 14 octobre sur un projet d'immersion en mer de 50 millions de m3 sur 10 ans de sédiments dragués par le port de Rouen et que les écologistes considèrent comme pollués. Cette enquête, qui concerne 68 communes (40 du Calvados, 18 de Seine-Maritime, 10 de l'Eure), se déroule jusqu'au 17 novembre.
Haropa Port de Rouen (ex-Grand port maritime de Rouen) demande l'autorisation d'immerger 45 millions de m³ à 17 km environ des côtes du Calvados, dans le secteur dit du Machu, sur une surface de 7,15 km² et 5 autres millions au large de Honfleur, selon le port. Mais ce projet fait bondir des associations comme Robin des Bois qui milite pour le traitement et le stockage à terre de ces boues "contaminées". "Il suffit de quelques millionièmes de gramme de PCB (polychlorobiphényles) pour contaminer un coquillage", a affirmé Jacky Bonnemains de Robin des Bois interrogé par l'AFP.
Le comité des pêches du Calvados interrogé par l'AFP a indiqué qu'il était lui aussi opposé à ce projet. "On est très proche de nos côtes et d'une zone Natura 2000. Pourquoi est-ce qu'on prend toujours les solutions de facilité, à savoir déverser les poubelles dans la mer", s'est émue de son côté vendredi sur France Bleue Basse-Normandie Catherine Vincent, maire adjointe de Villers-sur-Mer, une des communes concernées.
Le port de Rouen répond que le projet "respecte les normes françaises". "On est sur des valeurs très faibles", ajoute Sandrine Samson, chef du service environnement d'Haropa Port de Rouen. Le site a en outre fait l'objet d'une expérimentation avant d'être choisi, souligne Haropa Port de Rouen, établissement public.
Dans un avis rendu en juin sur ce projet, l'Autorité environnementale (AE) avait notamment recommandé à Haropa "la poursuite voire l'amplification de la recherche d'alternatives viables" à l'immersion. Le site du Machu doit prendre le relais du site du Kannik, à 11 km au large du Havre, exploité depuis 1977 et qui "présentait des impacts négatifs pour le fonctionnement écologique de l'estuaire et à ce titre suscitait des questions de la part de la Commission européenne", selon l'AE. Et selon Rouen, le Kannik atteint ses limites de capacités. Les "dragages d'entretien du chenal sont d'autant plus nécessaires que la taille des navires est en augmentation", rappelle le port de Rouen, fréquenté par 3.000 bateaux par an.