Inondations dans le Pas-de-Calais : Emmanuel Macron promet un fonds de soutien d'urgence de 50 millions d'euros

En déplacement dans le Pas-de-Calais ce 14 novembre, le président de la République a annoncé la mise en place d'un "fonds de soutien" d'urgence de 50 millions d'euros aux collectivités du département, dévastées par plusieurs jours de pluies, de crues et d'inondations, et dont les habitants, épuisés, redoutent une nouvelle montée des eaux. 244 communes vont être classées en catastrophe naturelle ce 15 novembre, a-t-il aussi assuré.

Accompagné des ministres de la Transition écologique, de l'Agriculture et de la ministre déléguée aux PME, Emmanuel Macron a annoncé lors d'un déplacement ce 14 novembre dans le Pas-de-Calais la mise en place d'un "fonds de soutien d'urgence" de 50 millions d'euros pour les communes de ce département "les plus touchées" par les pluies, crues et inondations de ces derniers jours, "pour que ça aille très vite". Les assurances se sont engagées à faire preuve d'une "très grande réactivité", a-t-il dit. Un autre "fonds exceptionnel de soutien" pour les agriculteurs, y compris ceux de Bretagne et de Normandie touchés par les tempêtes, sera également lancé.

Le président de la République a aussi annoncé depuis un gymnase de Saint-Omer le classement de 244 communes en catastrophe naturelle, 214 dans le Pas-de-Calais, "une trentaine dans le Nord". L'arrêté de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle doit être publié au Journal officiel ce 15 novembre.

5.000 habitations touchées

Selon le préfet du Pas-de-Calais, Jacques Billant, 5.000 habitations ont été touchées par ces inondations "exceptionnelles" et "1.400 personnes évacuées" depuis le 6 novembre. Le bilan reste de "quatre blessés légers". "Les prochaines heures vont être compliquées parce que ça va continuer à tomber", a prévenu le président de la République. La "phase de décrue va prendre plusieurs jours".

Le Pas-de-Calais qui a déjà subi la tempête Ciaran le 2 novembre, des crues record le 7 novembre et des précipitations intenses jeudi et vendredi, a été maintenu ce mardi par Météo-France en vigilance orange pluie-inondation jusqu'à 21h00 et en vigilance jaune pour vent et vagues-submersion. En début d'après-midi, aux abords de Saint-Omer, il pleuvait à torrents et des portions de routes recommençaient à être submergées, a constaté un journaliste de l'AFP. Le département est passé en vigilance rouge aux crues pour le fleuve Liane, dans la région de Boulogne-sur-Mer, en raison de "pluies très intenses" mardi après-midi, a annoncé Météo-France, qui craint "un épisode potentiellement supérieur aux crues de la semaine dernière". "Les pluies très intenses de cet après-midi entraînent une réaction très rapide sur l'amont du tronçon", note Météo-France, tandis que les autres cours d'eau surveillés par Vigicrues - la Lys-Amont, la Lawe-Clarence, la Canche, la Lys-Plaine, la Hem et l'Aa - restent en vigilance orange.

Mission confiée au maire de Saint-Omer

S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, les cyclones et les sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines. "L'adaptation de notre pays au changement climatique suppose de repenser toutes nos habitudes", a affirmé Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a aussi annoncé avoir confié au maire de Saint-Omer une mission pour améliorer l'évacuation vers la mer des cours d'eau les plus à risque, en s'inspirant par exemple des Pays-Bas.

Après un passage dans une exploitation agricole de Saint-Omer, Emmanuel Macron s'est aussi rendu ce 14 novembre à Blendecques, commune particulièrement affectée par les inondations, où 32 rues et 862 maisons ont été touchées. Certains habitants ont pu regagner leurs logements "mais une cinquantaine de personnes sinistrées a encore dormi dans notre salle d'hébergement", a affirmé Jean-Christophe Castelain, adjoint au maire. "Les gens sont très inquiets, énervés", a-t-il ajouté. "On n'annonce rien de bon pour les jours qui viennent, beaucoup d'habitants sont à bout." "M. Macron, c'est bien, il se déplace, il vient voir. Mais il faut agir", lance Corinne Baroux, une habitante venue aider les sinistrés dans le gymnase mis à disposition.

Aux environs de Saint-Omer, où l'eau atteint "encore plus d'un mètre dans certaines maisons", la Croix-Rouge a décidé de réinstaller des centres d'hébergement, selon Fabienne Berquier, présidente de l'association dans le Pas-de-Calais. Les Restos du Coeur ont fait un appel "urgent" pour "des dons de nourriture" et "des bénévoles" afin de distribuer les vêtements, couvertures et nourritures récoltés. Sur décision de la préfecture, les établissements scolaires de 279 communes du département, soit 388 établissements, sont restés fermés mardi comme la veille.

"Task force régionale" dédiée aux entreprises sinistrées

"Les gens demandent 'on peut continuer à vivre ici ou pas ?' la réponse est oui", a assuré le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, lors de cette visite présidentielle.

Après dix jours d'intempéries et d'inondations exceptionnelles et sans perspective de retour à la normale, la région, la CCI et les services de l'Etat ont annoncé, mardi 14 novembre, la mise en place d'une "task force régionale" dédiée aux entreprises sinistrées. Un guichet unique est ouvert au 03 20 63 79 00 (de 9h à 17h). "Ce numéro est d'ores et déjà pleinement opérationnel pour recueillir les demandes urgentes et les besoins immédiats des entreprises", indiquent les partenaires, dans un communiqué.

En complément, la CCI Hauts-de-France a déployé lundi "un plan d’actions pour apporter l’aide et le soutien le plus complet possible aux entreprises sinistrées". Des conseillers consulaires pourront se rendre sur place "pour opérer un relevé de dégâts avec les chefs d’entreprises et commerçants touchés par les inondations". La CCI recense actuellement les entrepôts logistiques disponibles "pour permettre à des entreprises sinistrées d’héberger leurs stocks et matériels et de poursuivre leur activité". De son côté, la région a mis en place une avance remboursable afin de subvenir aux besoins de trésorerie immédiats des entreprises. Elle a aussi pris attache avec France Assureurs pour faciliter les procédures d'indemnisation. "De nombreuses entreprises font état d’arrêts d’activité avec de lourds dégâts matériels directs", souligne le communiqué, alors que la situation reste "très préoccupante", sans décrue annoncée. Cette mise à l'arrêt forcé provoque "de grandes inquiétudes sur les pertes d’exploitation, les conditions de reprise d’activité et bien évidemment la prise en charge des dommages par les assurances".

 

Record de pluviométrie cumulée en France

"C'est la première fois que le pays enregistre un tel cumul sur 26 jours consécutifs toutes saisons confondues" : les épisodes pluvieux, de l'averse à la tempête, se sont multipliés ces dernières semaines, conduisant à un record de pluviométrie selon Météo-France. "Sur les quatre dernières semaines, à l'échelle de la France, jamais de telles quantités de pluies n'avaient été mesurées", précise le prévisionniste dans un article publié ce 13 novembre sur son site.

Entre le 18 octobre et le 12 novembre (26 jours), la France a enregistré un cumul moyen de 215,4 mm. Le précédent record sur la même durée remontait à 1993, avec 196,9 mm enregistrés entre le 21 septembre et le 16 octobre. Et dans certaines régions comme le Pas-de-Calais, le cumul pourrait continuer d'augmenter. Depuis le 18 octobre dernier, soit presque un mois, le cumul de pluie à l’échelle de ce département dépasse 280 mm, ce qui est nettement supérieur à la référence climatologique pour octobre et novembre (89 et 99 mm respectivement). "280 mm de pluie signifie que 280 litres d'eau tombent sur un mètre carré de la zone concernée", précise Météo France. Sur une période de quinze jours (du 27 octobre au 10 novembre), certaines stations, comme Bainghen, Attin, Boulogne-sur-Mer ou encore Le Touquet ont enregistré des cumuls de pluie qui ont, chaque année, une chance sur 1.000 de se produire, indique l'organisme. Du 18 octobre au 11 novembre, il est tombé par endroits l’équivalent de 3 à 4 mois de pluie : 459 mm à Bainghen ; 413 mm à Nielles-lès-Bléquin ; 391 mm à Attin ; 378 mm à Boulogne ou encore 376 mm au Touquet.

Météo-France explique cette "succession de passages pluvieux quasiment continus" par le phénomène de "rail des dépressions" : un courant atmosphérique d'altitude (courant-jet ou jet stream en anglais), toujours présent dans l'hémisphère nord et soufflant d'Ouest en Est, est dirigé sur la France. En raison des différences de températures entre les zones subtropicales du nord de l'Afrique et le nord de l'Europe, un "couloir" amène les perturbations qui se forment au large dans l'Atlantique vers l'Europe de l'Ouest. Selon le prévisionniste, cela crée une "autoroute" pour les perturbations.

 

 

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