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Risques - Inondations soudaines : un rapport préconise la mise en place d'un système spécifique d'avertissement

Dans un rapport sur le ruissellement urbain et les inondations soudaines rendu public le 14 avril, le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) estime que la mise en place d'un service spécifique d'avertissement permettrait d'éviter une partie des pertes ou des dommages occasionnés par ces phénomènes.
"Le ruissellement urbain se manifeste lorsque le réseau d'évacuation pluvial est engorgé et que l'eau reflue dans les rues, expliquent les trois ingénieurs généraux des Ponts et Chaussées auteurs du rapport. Le courant emporte des véhicules et divers objets qui forment des embâcles. Les points bas sont submergés, l'eau boueuse envahit le rez-de-chaussée des bâtiments où elle provoque des dégâts et parfois des victimes", comme l'ont montré les catastrophes survenues à Nîmes en 1988 et à Vaison-la-Romaine en 1992. "Pourtant, dans plusieurs cas, une alerte précoce aurait permis d'éviter une partie des pertes", estiment-ils. Car si "les phénomènes générateurs sont connus", il n'existe pas d'obligation réglementaire de surveiller les paramètres relatifs aux petits bassins versants et "aucune procédure n'est définie pour que les organismes disposant de la connaissance puissent initier une alerte en temps utile". Pour les auteurs du rapport, "la vigilance météorologique n'est pas à l'échelle spatio-temporelle du ruissellement urbain" et "les services de prévision des crues n'ont ni la mission réglementaire, ni les moyens, ni l'organisation pour élaborer le type d'information utile et lancer à temps les avertissements qui conviendraient". Quant aux dispositifs de protection mis en place dans certaines grandes agglomérations, ils sont jugés d'une "efficacité limitée".
Le rapport du CGEDD formule neuf recommandations pour faire face aux inondations soudaines provoquées par des pluies intenses localisées. Il juge d'abord nécessaire de clarifier les concepts et les procédures et de créer un dispositif de surveillance et de prévision des inondations soudaines distinct de la prévision des crues. Il préconise aussi une chaîne courte de surveillance-information-alerte-gestion de crise. "Pour être efficace, l'alerte doit (...) se faire directement de l'organisme qui assure la veille météorologique au(x) maire(s) de la (des) commune(s) dont tout ou partie du territoire à enjeux est menacé. Ce qui n'exclut pas qu'en parallèle les autorités zonales, régionales et départementales ainsi que le centre d'incendie et de secours compétent et le service de prévision des crues soient destinataires d'une copie des messages d'avertissement", est-il précisé.

 

Systématiser les analyses de risque

Le CGEDD souhaite aussi que l'information de base produite par Météo France soit "valorisée et adaptée à son utilisation pour l'alerte des populations soumises aux conséquences du ruissellement" et que le dispositif soit expérimenté avec "des collectivités aux caractéristiques diverses". Il recommande également d'améliorer la formation en hydro-météorologie dans les collectivités qui mettent en oeuvre un dispositif de surveillance et d'alerte en régie et de favoriser l'émergence d'organismes privés d'assistance pour les autres. La centralisation de la connaissance liée aux phénomènes d'inondations soudaines devrait être confiée au préfet de département, conseillent encore les auteurs du rapport qui proposent aussi de systématiser l'analyse du risque et de généraliser les plans communaux de sauvegarde, par voie réglementaire ou législative, dans toutes les communes où le risque ne peut être exclu. Le CGEDD recommande de s'appuyer sur le Réseau scientifique et technique du ministère de l'Ecologie, dont le chef de file pourrait être le Certu, pour réaliser des guides méthodologiques, établir des doctrines applicables en matière de prévention, de protection et de préparation à la gestion de crise. Enfin, il suggère que le financement du dispositif d'avertissement spécifique aux inondations soudaines produit par Météo France soit abondé par une contribution des collectivités qui en bénéficient.

 

Anne Lenormand