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Discours sur l'état de l'Union - Jean-Claude Juncker annonce un "cadre" pour contrôler les investissements stratégiques

Le président de la Commission européenne a profité de son discours sur "l’état de l’Union", mercredi 13 septembre, devant le Parlement de Strasbourg, pour lancer un "programme commercial européen". Un programme qui tient en deux mots qui peuvent sembler contradictoires : plus de libre échange et défense des intérêts stratégiques. "Je voudrais dire une fois pour toutes : nous ne sommes pas des partisans naïfs du libre échange", a-t-il martelé. Mais des partisans déterminés quand même : Jean-Claude Juncker a rappelé que des accords étaient lancés tous azimuts et qu’il souhaitait qu’ils soient finalisés "d’ici la fin de ce mandat", annonçant par là-même que des négociations allaient être ouvertes avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. "Grâce à l’aide du Parlement européen, nous venons de conclure avec le Canada un accord commercial qui s’appliquera de manière provisoire à compter de la semaine prochaine", s’est-t-il réjoui. Preuve que le rapport commandé par Emmanuel Macron à une commission d’experts et remis au Premier ministre la semaine dernière était bien un "écran de fumée". Sur la base de ce rapport très critique sur l’impact du traité en matière environnementale et pour la santé, le gouvernement s’est contenté de dire, mercredi, qu’il entendait porter à Bruxelles une proposition de réforme d'une directive européenne sur la qualité des carburants… De son côté Jean-Claude Juncker explique que "le commerce, c’est l’exportation de nos normes sociales et environnementales", ou de nos normes en matière de sécurité alimentaire… A voir.

Un cadre sur l’examen des investissements

"L’Europe doit toujours défendre ses intérêts stratégiques", a déclaré Jean-Claude Juncker, alors que la Commission est régulièrement mise en cause sur sa trop lente réactivité face au dumping, notamment les importations d’acier chinois. Or pour la première fois, la Commission propose "un cadre sur l’examen des investissements" qui permettra de protéger les infrastructrures (comme les ports) ou industries stratégiques européennes face aux appétits étrangers. L’initiative avait été proposée par l’Allemagne, la France et l’Italie en février. L’enjeu : donner la possibilité aux Etats membres d’intervenir sur des investissements étrangers provenant d’entreprises contrôlées ou financées par des Etats. "L’Union européenne doit être capable de se dresser pour protéger ses intérêts, en particulier lorsque la concurrence n’est pas loyale et lorsqu’il s’agit d’intérêts nationaux stratégiques", a réagi le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, saluant ce "premier pas essentiel… pour assurer une concurrence loyale au niveau mondial". Cette mesure "devra être complétée par davantage de réciprocité dans les marchés publics", a ajouté le ministre français.
Le président de la Commission s’est par ailleurs montré favorable à un ministre des finances de la zone euro, une vieille idée défendue par le président français lors de son voyage à Athènes la semaine dernière, mais à l’inverse de ce dernier, il a rejeté l’idée d’un budget et d’un parlement propres à la zone euro.

Répression des fraudes européenne

Concernant les travailleurs détachés, Jean-Claude Juncker s’est prononcé en faveur d’une sorte de "répression des fraudes" européenne. "Il est absurde qu'il y ait une autorité bancaire qui veille à ce que les normes bancaires soient respectées, mais qu'il n'y ait pas d'autorité commune du marché de l'emploi assurant la justice sur le marché intérieur", a-t-il déclaré.
Il a aussi annoncé la création d’une Agence européenne de cybersécurité pour lutter contre les cyberattaques avant de s'appesantir sur la question de l’immigration. Le président Juncker est favorable à "l’ouverture de voies de migration légales" parce que "l’Europe est un continent qui vieillit". S’agissant des réfugiés, la Commission présentera "avant la fin du mois" des propositions centrées sur les retours, sachant que "seulement 36% des migrants en situation irrégulière sont renvoyés". "Nous devons aussi et de toute urgence améliorer les conditions de vie des réfugiés en Libye", a-t-il également dit, louant également l’Italie qui "sauve l’honneur de l’Europe en Méditerranée".

 

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