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La crise va-t-elle engendrer un exode vers les villes moyennes ?

Effet de la crise, essor du télétravail : près de 400.000 habitants de métropoles pourraient être tentés de déménager vers une ville moyenne. C'est une surprise du baromètre 2020 de Villes de France réalisé à l'occasion des troisièmes rencontres Action coeur de ville qui se tiennent à Paris ce mardi 8 septembre. Des chiffres qui pourraient être "annonciateurs de tendances en matière de dynamique démographique territoriale".

La crise va-t-elle enclencher un exode à l’envers, des métropoles vers les villes moyennes ? En tout cas, le confinement semble bien avoir laissé des traces. Grâce à l’essor du télétravail, un quart des actifs de grandes villes souhaiteraient déménager, selon le baromètre des territoires 2020 de Villes de France, réalisé en partenariat avec l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires) et la Banque des Territoires, publié ce mardi 8 septembre à l’occasion des troisièmes rencontres nationales Action cœur de ville. Un taux qui atteint même 36% chez les jeunes actifs de moins de 35 ans, d’après ce sondage Ifop effectué à la sortie de la période de confinement sur un échantillon de 1.000 personnes représentant la population française et sur 503 habitants de villes moyennes.

En extrapolant ces résultats à l’ensemble de la population, "environ 400.000 personnes pourraient déménager avec l’essor du télétravail", soulignent les trois commanditaires du baromètre, pour lesquels ces chiffres sont peut-être "annonciateurs de tendances en matière de dynamique démographique territoriale pour les années qui viennent".

"Agglomération à taille humaine"

"Peut-être sommes-nous en train d’assister au développement d’une autre vision de l’aménagement du territoire. Nos compatriotes ont peut-être envie de vivre et travailler dans des agglomérations à taille humaine. (...) C'est une attractivité qu'on ne soupçonnait pas", commente-t-on dans l’entourage de la ministre de la Cohésion des territoires, près de trois ans après le lancement du programme Action cœur de ville, qui concerne 234 villes et intercommunalités de 20.000 à 100.000 habitants engagées dans la revitalisation de leur centre-ville.

Longtemps négligées par les politiques publiques, les villes moyennes tiennent ainsi leur revanche sur la "métropolisation". Car c’est vers elles que les habitants de métropole souhaitent aller en premier lieu. S'ils en avaient le choix, plus de huit Français sur dix préféreraient vivre dans une ville moyenne que dans une grande ville. Et un habitant de grande ville sur deux se verrait mieux habiter dans une ville moyenne, contre 30% dans une grande ville, 13% dans une petite ville et 7% dans un territoire rural.

Fragilités

Les villes moyennes ont de sérieux atouts : la proximité avec la nature, la proximité des services et des commerces... Les habitants de villes moyennes se montrent également plutôt satisfaits de leur desserte de transport (routière ou ferroviaire), de l’offre culturelle ou universitaire. Mais ces territoires conservent des "fragilités", que ce soit le coût de la vie, jugé trop élevé, l’offre de commerces encore trop limitée (de nouveaux chiffres sur la vacance commerciale devraient être divulgués ce mardi), le marché de l’emploi peu dynamique… 53% des moins de 35 ans habitant une ville moyenne témoignent en effet de difficultés à trouver un emploi. Un sentiment partagé par un habitant sur deux des villes du programme Action coeur de ville. "L’attente envers les dispositifs publics pour aider les créateurs d’entreprise reste très significative au moment de la mise en place du plan de relance", souligne Villes de France. Plusieurs membres du gouvernement viendront détailler ces mesures lors de ces troisièmes rencontres auxquelles les deux tiers des villes du programmes seront représentées. Action coeur de ville se veut "un accélérateur de la relance", insiste-t-on au ministère de la Cohésion des territoires. "Nous avons identifié plus de 1.200 actions prêtes à démarrer qui vont pouvoir se concrétiser très rapidement à partir du moment où le plan de relance entre en vigueur."