Culture - La culture, élément clé du dynamisme économique

A l'occasion de la deuxième édition du Forum d'Avignon, la société Ineum Consulting a présenté les résultats d'une étude sur les synergies entre les investissements culturels et le dynamisme économique. Une approche originale, qui donne une autre vision des dépenses culturelles et révèle des stratégies innovantes chez un certain nombre de villes grandes ou moyennes.

Devenu très rapidement le rendez-vous incontournable des décideurs et des acteurs du monde culturel, le Forum d'Avignon a tenu sa deuxième édition les 20 et 21 novembre. A cette occasion, la société Ineum Consulting - l'une des premières sociétés françaises de conseil, avec 1.300 collaborateurs - a présenté les résultats d'une étude novatrice, réalisée spécialement pour le Forum. Intitulée "La culture, enjeu économique ou symbolique pour le développement des territoires ?", elle s'efforce de mesurer le rôle de la culture dans la compétition mondiale pour l'attractivité des territoires. Elle s'appuie pour cela sur un échantillon d'une cinquantaine de villes, avec des focus sur les stratégies de certaines d'entre elles.


Performance économique et intensité culturelle

Partant du principe que "la culture est au coeur des économies post-industrielles fondées sur le savoir", la première partie de l'étude s'efforce de mesurer la nature et l'intensité de la relation entre culture et attractivité des territoires. Il en ressort que les facteurs liés à l'"intensité culturelle" (villes d'événements, infrastructures et services culturels, mise en valeur de l'architecture, diversité et multiculturalité...) constituent bien un élément de l'attractivité d'un territoire, au même titre que les facteurs liés à l'économie de la connaissance, au cadre de vie et à l'environnement, ou encore au développement des entreprises. Mais la mise en place d'activités culturelles ou de valorisation du patrimoine peut, à son tour, avoir un impact fort en termes de développement économique (création d'emplois qualifiés, fixation d'activités tertiaires à haute valeur ajoutée, création de pôle d'excellence...), de portée symbolique (image de la ville, renforcement du lien social, développement du sentiment d'appartenance des habitants...), mais aussi d'articulation avec d'autres secteurs clés comme l'éducation et l'enseignement supérieur, l'environnement...
A partir de ce constat, l'étude d'Ineum Consulting propose un baromètre regroupant une douzaine d'indicateurs quantitatifs concernant à la fois la performance économique intrinsèque de la ville et son intensité culturelle et universitaire. Pour la première édition de ce baromètre ont été retenues 32 villes, réparties dans douze pays et quatre continents. Pour la France, on y trouve ainsi Paris, Lyon, Marseille, Lille et Nancy.


Des villes volontaristes aux villes rentières

La seconde partie de l'étude dresse une cartographie stratégique de ces villes pour tenter d'en tirer des enseignements. Elle montre en premier lieu de très fortes différences dans l'existence d'un patrimoine culturel. Sur ce point, Paris est considérablement avantagée, en particulier sur le nombre de musées, théâtres et opéras. Mais les villes moins bien dotées en la matière peuvent compenser leur handicap en développant leur attraction touristique (Montréal) ou, surtout, en développant des politiques volontaristes en matière de culture et d'enseignement supérieur. La ville de Berlin dispose ainsi d'un budget culturel cinq fois supérieur à celui de Paris. L'étude semble toutefois se borner au budget de la ville, alors que dans les capitales - et à Paris en particulier - l'Etat assure aussi des dépenses très importantes. D'autres villes font également davantage que Paris, à l'image de Montréal, Liverpool, Singapour, Barcelone, Madrid, Ottawa ou... Marseille. Parmi les manifestations concrètes de ces politiques volontaristes figurent notamment les musées (Bilbao, Abu Dhabi), la valorisation d'un patrimoine immatériel (Nancy), le développement de "clusters" dans le cinéma, l'audiovisuel, le jeu vidéo, les arts numériques, et les métiers d'art (Lyon, Florence, Montréal, Barcelone), le développement d'une économie de la connaissance...
Le rapport propose une matrice (voir lien ci-joint vers le document) qui place les 32 villes retenues sur l'axe de la performance économique intrinsèque et sur celui de l'intensité culturelle et universitaire. Cette cartographie permet à Ineum Consulting d'identifier six familles de villes selon leur positionnement sur ces axes : les "historiques" (Paris, New York, Florence, Bologne, Cracovie, Prague et Dublin), les "convaincues" (Lyon, Nancy, Berlin Madrid, Liverpool, Montréal et Saint-Jacques-de-Compostelle), les "volontaristes" (Marseille, Lille, Bilbao, Glasgow, Barcelone et Dresde), les "émergentes" (Gênes, Essen et Détroit), les "pragmatiques" (Singapour, Toronto, Chicago, Philadelphie, Sydney et Ottawa) et les "rentières" (Venise, Vancouver et La Nouvelle-Orléans).
L'étude fait également apparaître ce qu'Ineum Consulting appelle trois "leviers d'accélération". Le premier concerne la création de pôles de développement culturel d'excellence. Le second consiste à faire reposer la mise en place d'une stratégie de développement de l'attractivité culturelle sur une démarche collective coordonnée, avec une gouvernance forte. Enfin, le troisième levier consiste à placer l'innovation au coeur des initiatives lancées, ce qui inclut notamment des gestes architecturaux forts.

 

Des stratégies gagnantes ?

La dernière partie de l'étude esquisse un certain nombre de pistes de réflexion et de suggestions sur trois axes stratégiques. Le premier porte sur l'amélioration de la qualité des informations sur un territoire. Ceci consisterait notamment à améliorer la mesure des impacts directs et indirects des activités culturelles. Le second axe consiste à s'interroger sur les bonnes pratiques en matière d'outils et de dispositifs. Outre des recommandations sur la gouvernance (coordination des initiatives, plan sur plus de dix ans, recherche de synergies entre plusieurs filières...) et sur la mise en place d'un projet phare (en particulier dans les villes de moins de 500.000 habitants), l'étude préconise de favoriser l'émergence et la valorisation d'une marque : Only Lyon, Guggenheim Bilbao, Louvre Abu Dhabi... Enfin, le troisième axe de réflexion concerne la détermination des stratégies gagnantes. Il en identifie trois, qui peuvent être mises en oeuvre par la combinaison de cinq leviers : le recours à des alliances en matière d'ingénierie culturelle (Abu Dhabi) ou d'usage de marque (Guggenheim Bilbao), la valorisation d'un patrimoine bâti et/ou immatériel, l'implantation d'un nouvel équipement culturel innovant s'appuyant sur un geste architectural, l'urbanisme et, enfin, l'émergence d'un ou plusieurs pôles de développement culturel.


Jean-Noël Escudié / PCA
 

 

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