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Elections départementales - La France des départements change de couleur

La France des départements, c'était 61 départements présidés par la gauche et 40 par la droite. A l'issue du second tour des élections ce 29 mars, la proportion s'est inversée. Ce sont 66 départements qui devraient être présidés par la droite et 33 par la gauche. Soit 25 départements qui basculent. Un électeur sur deux n'est pas allé voter.

Soixante-six départements devraient être désormais présidés par la droite et trente-trois par la gauche, à l'issue du second tour des élections départementales qui ont vu, ce dimanche 29 mars, vingt-cinq départements basculer de gauche à droite et un seul, la Lozère, dans l'autre sens. La majorité est indécise dans le Vaucluse, où les deux camps sont à égalité et le FN en position d'arbitre. Jusqu'à présent, la gauche était à la tête de 61 départements et la droite 40.
Parmi les 25 départements qui sont passés à droite, plusieurs font figure de symbole : la Corrèze longtemps présidée par Jacques Chirac, puis par François Hollande de 2008 à 2012 ; les Bouches-du-Rhône qui étaient à gauche depuis 60 ans et marquées ces dernières années par la présidence de Jean-Noël Guérini ; l'Allier, l'un des deux départements présidés par le PCF ; le Nord, marqué par la présence de Martine Aubry et présidé par Patrick Kanner jusqu'à ce qu'il rejoigne le gouvernement ; l'Isère elle aussi récemment présidée par un membre du gouvernement, André Vallini ; la Saône-et-Loire qui fut un temps présidée par Arnaud Montebourg ; la Seine-Maritime, terre de Laurent Fabius ; les Deux-Sèvres de Ségolène Royal et l'Essonne de Manuel Valls ; les Côtes-d'Armor, bastion socialiste en Bretagne depuis 1976 et présidé par Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France. "C'est une vraie amertume, une vraie déception", a commenté Claudy Lebreton, qui ne se représentait pas. "M'en aller sur cette défaite, c'est humainement difficile", a ajouté le président sortant de l'ADF, association d'élus qui connaîtra de facto prochainement un important chamboulement.
Autres départements qui basculent : l'Ain, l'Aisne, la Charente, le Cher, la Creuse, le Doubs, la Drôme, l'Eure, l'Indre-et-Loire, le Jura, les Pyrénées-Atlantiques, la Seine-et-Marne et l'Oise pour l'Ile-de-France, la Somme, le Territoire de Belfort.
Le PS, qui sauve notamment le Pas-de-Calais, la Meurthe-et-Moselle, la Seine-Saint-Denis ou la Loire-Atlantique, concentre désormais sa présence dans ses terres historiques du Sud-Ouest. Au sud d'un axe La Rochelle-Montpellier, la quasi-totalité des départements restent à gauche, mis à part les Pyrénées-Atlantiques qui changent de couleur. Quant au Parti communiste, s'il perd donc l'Allier, il conserve finalement le Val-de-Marne.
Cette bascule de 25 départements ramène la gauche, qui détenait la majorité des départements depuis 2004, à un niveau proche de celui de 1988 (29 départements), mais toutefois supérieur à 1992 (23 départements) et 1994 (24 départements).
Le Front national, qui plaçait ses principaux espoirs dans le Vaucluse et l'Aisne, ne pourra en définitive présider aucun département. Mais avec 54 sièges gagnés (27 cantons), qui viennent s'ajouter aux 8 sièges (4 cantons) remportés dès le premier tour, la patronne du parti, Marine Le Pen, a pu parler de "l'installation du FN comme force politique puissante dans de nombreux territoires". Le FN s'était qualifié pour le second tour dans plus de 1.100 cantons. Dans nombre de ces cantons (834 duels et 273 triangulaires), les candidats échouent sur le fil.
Selon une totalisation nationale du ministère de l'Intérieur portant sur la quasi-totalité du nombre des électeurs inscrits - manquait notamment la Guadeloupe -, il y a eu 1.669.240 bulletins blancs ou nuls, soit 8,32% des votants. Le total des voix de droite et du centre (MoDem compris) s'élève à 45,18% des suffrages exprimés, celui des voix de gauche à 31,88%, celui des voix FN à 22,36%. S'y ajoute 0,5% de "divers" et 0,07% d'extrême droite hors FN.
D'après cette totalisation encore provisoire, l'abstention s'est élevée à 50,01% des inscrits. Une abstention forte qui, sans atteindre le record des cantonales de 2011 (55,29% au second tour), a évidemment pesé dans ce scrutin et notamment sur le mauvais score de la gauche. D'autant plus que ce taux apparaît légèrement supérieur à celui de dimanche dernier (49,83%), alors que la gauche cette fois rassemblée tablait sur un sursaut de ses électeurs pour éviter la perte de plus de la moitié des 61 départements qu'elle présidait. 
Comme au premier tour, ce sont les départements plus ruraux qui ont voté le plus, alors que la région parisienne fermait la marche. En rappelant au passage que ni Paris ni Lyon n'étaient concernées par ce scrutin. Le profil des abstentionnistes est resté similaire : plus souvent jeunes (73% d'abstention chez les 18-24 ans, 59% chez les 25-34 ans), employés (58%), ouvriers (53%), selon une enquête Opinionway.
Les cantonales, renommées départementales, sont un scrutin où la participation est allée decrescendo depuis la moitié des années 1980 (pic à 70,3% au second tour des cantonales de 1982), surtout lorsqu'elles sont dissociées d'un autre type d'élection (municipales, régionales). En sachant que, présidentielle exceptée, la quasi-totalité des scrutins sont désormais marqués par une faible mobilisation des électeurs.
Après les municipales, les européennes et les sénatoriales, ce scrutin marque la quatrième défaite consécutive de l'exécutif dans un scrutin intermédiaire. Les regards seront maintenant tournés vers les régionales de décembre.
Depuis Matignon, Manuel Valls a rapidement reconnu une victoire "incontestable" de la droite républicaine et le "net recul" d'une gauche "trop dispersée". Le Premier ministre a aussi déploré les scores "beaucoup trop élevés" du FN.
Un remaniement, qui ferait par exemple entrer au gouvernement écologistes et frondeurs, semble exclu dans l'immédiat. D'autant que François Hollande a fait savoir qu'il n'entendait pas changer le "cap" de sa politique. "Dire qu'on ne changera pas de cap ne veut pas dire qu'on n'entend rien", indique-t-on toutefois au PS, en évoquant des possibilités d'action en matière "d'investissement, d'égalité des territoires ou encore de lutte contre la précarité de l'emploi". "Notre gouvernement redoublera d'énergie avec comme priorité l'emploi, l'emploi, l'emploi", a réaffirmé Manuel Valls.
Les trois membres du gouvernement qui se présentaient aux élections départementales, ont été réélus dimanche au second tour. Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a été réélu dans le canton de Lille 5 par 59,65%, avec sa colistière Marie-Christine Staniec-Wavrant, contre un binôme de droite. André Vallini, secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, a été réélu avec 64,67% des voix en Isère, dans le canton de Tullins, avec sa colistière Amélie Girerd, contre un binôme FN. Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion, a été réélue lors d'une triangulaire dans les Pyrénées-Orientales, son binôme avec Alexandre Reynal récoltant 51,10% des voix dans le canton du Canigou, devant des duos UMP-UDI et FN.
Ce deuxième tour sera suivi d'un troisième jeudi, lorsque les conseillers départementaux fraîchement élus éliront leurs présidents (voir notre autre article de ce jour), un processus épineux là où les majorités sont relatives ou incertaines, comme dans le Vaucluse où gauche et droite pourraient être contraintes à une alliance, mais aussi là où des "primaires" pourraient préalablement s'imposer lorsque deux voire trois personnalités de droite briguent la présidence. Reste aussi à savoir, à l'heure où le nouveau mode de scrutin conduit à une entrée en force des femmes dans les assemblées départementales, combien de départements pourraient être présidés par des femmes. Reste, surtout, à observer comment les changements de majorités viendront infléchir les politiques publiques départementales... dont on a bien peu entendu parler ces derniers jours.

C. Mallet, avec AFP

 

Ile-de-France

La gauche a limité la casse dimanche en Ile-de-France, en conservant la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne au second tour des départementales, mais en subissant un revers particulièrement symbolique en Essonne, terre d'élection du Premier ministre Manuel Valls.

Hors Paris, qui ne votait pas, la droite est désormais majoritaire dans cinq départements sur sept. Aucun binôme du Front national n'est parvenu à s'imposer, malgré une forte poussée au premier tour qui lui avait permis de se maintenir dans une soixantaine de cantons.

La Seine-et-Marne, où la gauche, divisée, s'était maintenue dans seulement sept sur 23 cantons à l'issue du premier tour, a logiquement basculé à droite. L'UMP et le centre remportent 19 cantons, le PS trois et les communistes un.

L'Essonne, qui avait mieux résisté que prévu au premier tour des élections, a finalement été emportée par la vague bleue qui a balayé le pays. La défaite est amère pour le Premier ministre, ancien maire d'Evry de 2001 à 2012, et qui s'était pleinement investi dans la campagne, tenant notamment un meeting à Evry avant le premier tour. Le rassemblement de la gauche, acquis dans la plupart des cantons dès le premier tour, n'aura pas suffi pour l'emporter. "Le sursaut, c'est urgent sinon, ce soir n'aura été qu'une répétition générale de ce qui va nous arriver en 2017", a réagi, "triste et en colère", le président sortant Jérôme Guedj (PS). "Le peuple de gauche est resté à la maison, c'est sa manière d'exprimer son désaccord", a estimé ce frondeur, appelant le gouvernement à infléchir sa politique en direction des "salariés, des ouvriers, des employés".

En Seine-Saint-Denis en revanche, "le rassemblement de la gauche" lui a permis de "résister", et de conserver 12 cantons contre 9 à l'UMP-UDI, a applaudi le président PS de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, président du conseil général de Seine-Saint-Denis de 2008 à 2012. Les élections n'ont en tout cas guère mobilisé, avec un taux de participation exceptionnellement faible de 34,15%.

Le Val-de-Marne, où la gauche remporte 14 cantons sur 25, demeure le dernier département présidé par le PCF (depuis 1976), l'Allier ayant basculé à droite. "C'est la preuve que l'attente pour des politiques de solidarité à gauche reste extrêmement forte", a estimé le secrétaire national du Parti communiste (PCF), Pierre Laurent.

Dans les autres départements franciliens, la droite conforte ses positions, et réussit à contenir l'avancée du FN. Dans les Yvelines, elle réalise un "grand chelem" en remportant les 21 cantons, du "jamais vu", selon le président sortant UMP Pierre Bédier, qui devrait être réélu. Le FN, présent dans huit cantons, n'a pas transformé l'essai, pas davantage que dans le Val-d'Oise, où il s'était maintenu dans 16 cantons. "La stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen a fonctionné au premier tour mais (...) au second tour, la majorité des Français n'en veut pas", a commenté M. Bédier.

Dans les Hauts-de-Seine, la droite compte désormais 38 élus, contre 28 auparavant. Le PS a réussi à sauver les meubles à Montrouge, le PCF à Bagneux, Nanterre et Gennevilliers. A Levallois-Perret, l'opposant DVD Arnaud de Courson bat la candidate UMP fidèle aux Balkany, Sylvie Ramond. Pour la chef de file de l'UMP à la région, Valérie Pécresse, ces résultats augurent bien des élections régionales de décembre. "On passe de 5 départements de gauche contre 3 à droite, à 3 contre 5: on inverse le rapport de force (...) Toute la grande couronne a basculé, c'est 75% du territoire francilien", s'est réjouie auprès de l'AFP l'ancienne ministre, saluant les résultats "exceptionnels" de la droite et du centre en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne.

Le président de la région Jean-Paul Huchon (PS) s'est de son côté dit "déterminé" à ce que la région reste "unie", et à se battre "contre les égoïsmes qui construisent une Ile-de-France à deux vitesses".

 

Midi-Pyrénées

La gauche, dominante dans son bastion de Midi-Pyrénées, a conservé l'essentiel de ses positions aux élections départementales, à contre-courant de la tendance nationale, seul l'avenir du Tarn-et-Garonne restant incertain.

Dans le département présidé depuis 30 ans par le patron du PRG Jean-Michel Baylet, droite et gauche se retrouvent au coude à coude avec 7 cantons chacun. Le sort de la majorité, dépendra jeudi lors de l'élection du président de la nouvelle assemblée, de l'attitude du quinzième binôme élu, qui se dit sans étiquette. Il est classé divers gauche par le ministère de l'Intérieur, mais l'UMP local revendique son soutien. Dans le conseil général sortant, PS et PRG comptaient 22 des 30 élus. L'alliance PS-PRG, qui pouvait être menacée en Haute-Garonne et dans le Tarn a conservé les deux départements, haut la main face aux troupes du maire UMP de Toulouse Jean-Luc Moudenc, et plus difficilement dans le Tarn.

La gauche a confirmé voire amplifié en Haute-Garonne le succès du premier tour, où ses candidats étaient arrivés en tête dans 22 des 27 cantons. Elle a réalisé un carton plein dans les 16 cantons hors Toulouse et, dans la ville rose, gagnée aux municipales par Jean-Luc Moudenc (UMP), ses binômes n'ont cédé que 3 cantons sur 11. Au total, la gauche emporte ainsi 24 cantons sur 27 (soit 48 sièges sur 54). Une hégémonie équivalente à celle du PS dans l'ancien conseil général, présidé pendant 25 ans par Pierre Izard, où la gauche occupait 46 des 53 sièges.

Cette hégémonie n'est guère remise en cause non plus dans les Hautes-Pyrénées où la gauche (essentiellement PS et PRG) remporte 13 cantons sur 17, en Ariège (11 cantons sur 13) ou dans le Lot (15 sur 17).

Dans le Gers, la gauche est aussi largement majoritaire avec 11 cantons sur 17.

Dans le Tarn, théâtre d'affrontements politiques vifs autour du projet de barrage de Sivens, le combat a été plus difficile, mais comme dans d'autres départements, la forte présence du Front national et la multiplication des triangulaires a permis au président sortant du conseil général, Thierry Carcenac (PS), de préserver sa majorité, avec 13 cantons sur 23. "Avec 20 élus (10 binômes, ndlr) l'opposition progresse mais les triangulaires nous ont été fatales. Nous gagnons tous les duels, le PS garde le Tarn grâce au FN", a déploré le député UDI Philippe Folliot, chef de file de la droite dans ce département.

Si on met de côté le cas du Tarn-et-Garonne dont le sort est incertain, le seul département échappant à la gauche est l'Aveyron. La majorité de droite du conseil général va même s'amplifier avec 15 binômes sur les 23 de la nouvelle assemblée départementale, alors que qu'elle détenait seulement 25 sièges sur 46 dans le précédent conseil général. 

Martin Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, a souligné qu'avec Languedoc-Roussillon "nos deux régions ont ce soir confirmé leur ancrage à gauche". M. Malvy a plus généralement remarqué qu'"il est difficile de gagner les élections locales quand on exerce le pouvoir, surtout en période de crise, surtout quand la gauche oublie qu'elle s'affaiblit toute seule en se divisant". Il a ainsi appelé à l'unité de la gauche "d'autant plus que si le Front national ne gagne aucun département, sa progression n'en demeure pas moins préoccupante et préfigure une évolution profonde de la vie politique de notre pays."

 

Nord-Pas-de-Calais

La droite a délogé le Parti socialiste du Nord, le département le plus peuplé de France, à gauche depuis 1998, mais le PS a réussi à conserver une majorité relative dans le Pas-de-Calais, tandis que le FN n'a gagné que six cantons dans la région.

L'UMP-UDI a remporté 26 des 41 cantons du Nord, s'assurant une majorité absolue aux dépens du PS qui avait perdu tout espoir dès le premier tour en étant alors éliminé dans 27 cantons. Le PS a gagné au second tour 10 cantons et le Front de gauche cinq. Aucun siège n'a été remporté par le FN dans le Nord, malgré un score élevé de 36,7% des voix, proche des 40,7% de la droite. Quant au PS, il n'a au deuxième tour récolté que 12,1% des voix. Dans les duels de la droite face au FN, "ça se passe généralement à 70-30% ou 65-35% (pour la droite)", s'est félicité Jean-René Lecerf (UMP), qui devrait être élu président du conseil départemental lors du troisième tour jeudi, et qui avait été élu dès le premier tour dans son canton de Lille-2. Cette conquête du Nord "est une belle victoire, c'est une alternance, qui est un événement qui devrait être banal dans toute démocratie", a-t-il estimé. L'UMP-UDI a notamment confirmé son implantation dans des bastions de gauche comme Roubaix et Tourcoing - en remportant par exemple largement les deux cantons de cette dernière. Elle réédite ainsi le coup porté à la gauche aux municipales de 2014, lorsque ces deux mairies avaient basculé à droite. Le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, président du conseil général jusqu'en 2014, a de son côté conservé son canton de Lille-5, recueillant près de 60% des voix. Un score "pour lequel j'aurais signé il y a trois semaines", a-t-il dit à l'AFP, et qu'il espère être suffisant pour être maintenu au gouvernement malgré la défaite de son camp dans le département. La participation s'est élevée à 46,4% dans le Nord au second tour, contre 41,7% en 2011 - ce qui reste relativement faible par rapport au reste du pays.

Le PS est en revanche parvenu à conserver le Pas-de-Calais, en remportant 18 des 39 cantons du département et 33% des voix environ. Il n'obtient ainsi qu'une majorité relative mais un éventuel accord avec les deux binômes élus du Front de gauche lui permettrait d'atteindre une majorité absolue.Son candidat à la présidence du conseil, Michel Dagbert, a remporté son propre canton de Noeux-les-Mines avec près de 54% des voix. Il devrait logiquement être élu à la tête du département jeudi prochain. La droite a échoué à faire le même coup que dans le Nord, mais a gagné 13 cantons dans un département qui lui était traditionnellement défavorable. Le FN, qui réalise un score de 41,5% au niveau départemental, a remporté six cantons, très loin d'une éventuelle majorité relative que les observateurs jugeaient possible il y a un mois. Les deux cantons emblématiques de Hénin-Beaumont, mairie FN depuis la victoire dès le premier tour de Steeve Briois aux municipales de 2014, ont notamment été remportés par le parti d'extrême-droite. La participation du Pas-de-Calais au second tour a été bien supérieure à celle du Nord, avec près de 52%, contre 47,3% en 2011.

 

Picardie

La droite est sortie vainqueur dimanche soir au deuxième tour des élections départementales en Picardie au détriment des socialistes au pouvoir, obtenant notamment une majorité relative dans l'Aisne qui échappe au Front national.

Dans ce département, la défaite est amère pour le FN, que de nombreux observateurs voyaient en mesure d'obtenir au moins une majorité relative. Avec quatre cantons sur 21, la formation de Marine Le Pen fait toutefois une véritable percée, alors que la droite obtient une courte majorité relative avec 9 cantons contre 8 pour la gauche. Malgré sa présence dans tous les cantons au second tour et malgré 44% des suffrages sur l'ensemble du département, la direction de l'assemblée territoriale est hors d'atteinte pour les frontistes. "On nous avait dit que tout était joué, que tout était fait, que le FN serait comme une déferlante dans ce département et qu'il gagnerait largement. Ce soir, il y a deux battus. Le Parti socialiste (...) et puis le Front national", a réagi l'ancien ministre Xavier Bertrand, patron de l'UMP dans le département. "Il serait complètement fou de notre part de ne faire que nous réjouir et de laisser de côté toute cette colère qui s'est exprimée par les électeurs du Front national", a toutefois réagi Christophe Coulon, secrétaire départemental de l'UMP dans l'Aisne. Le département sera "difficile à gérer évidemment", pour Xavier Bertrand, qui a fustigé un "mode de scrutin complètement débile", mais a affirmé que "jamais" la droite ne formerait d'alliance avec le FN dans le département. La majorité PS, après le président sortant Yves Daudigny au premier tour, a perdu au second, son premier vice-président Jean-Jacques Thomas, nettement battu (45,17%) par le FN dans le canton de Hirson où il est maire. Le maire FN de Villers-Cotterêts, Franck Briffaut, lui, a remporté son canton d'une courte tête (51,89%) devant la droite. "On part de rien, on a plusieurs cantons, nos adversaires sont quand même en retrait pratiquement par rapport à leurs positions et on va nous dire que c'est nous qui avons perdu ! En sémantique, on peut faire dire tout ce qu'on veut", a-t-il déclaré dans la soirée.

La victoire a été plus nette pour la droite dans les deux autres départements de la région. Dans l'Oise, le député-maire et conseiller général fraîchement élu Edouard Courtial, pressenti pour prendre la tête du département, a revendiqué une "victoire écrasante". "Je suis très heureux d'être à la tête d'une majorité sans conteste", a-t-il déclaré sur France 3 Picardie. L'UMP-UDI a en effet remporté 15 cantons sur 21. Le Front national a ravi deux cantons: celui de Crépy-en-Valois (sud-est) et de Noyon (nord-est) où se présentait Michel Guiniot, la tête de file du parti de Marine Le Pen dans le département. La gauche limite la casse avec les 4 cantons restants, mais le président sortant du conseil général (pendant plus d'une décennie), Yves Rome, n'est pas passé, son binôme terminant en troisième place d'une des deux triangulaires. "Dans l'Oise comme dans de très nombreux départements de France, nous avons été lourdement sanctionnés, devant l'absence de résultat de la politique nationale, que je soutenais par ailleurs en ma qualité de sénateur", a-t-il commenté dans un bref communiqué.

La droite a également obtenu la majorité absolue dans la Somme, s'est félicité le député UMP Alain Gest. "Ce qui est très important c'est qu'on a la majorité absolue, parce qu'il va falloir gérer un département dans des conditions financières difficiles", a-t-il noté à l'annonce des résultats, avec 13 des 23 cantons. De son côté l'union de la gauche a obtenu cinq cantons, et le Front national un.

Il est à noter que dans la Somme et l'Aisne, le Front national a comptabilisé au total plus de voix que ses opposants de droite ou de gauche.

 

Centre

La droite contrôle désormais les six départements de la région Centre après avoir fait tomber dans son escarcelle l'Indre-et-Loire et le Cher, comme les résultats du premier tour le laissaient présager.

En Indre-et-Loire, l'union UMP-UDI amplifie le résultat du premier tour qui l'avait vu virer en tête avec 35,57% des voix contre 21,15% pour le PS, en remportant 15 cantons sur 19.

La droite fait une percée impressionnante dans l'agglomération de Tours, une ville déjà ravie au PS lors des dernières municipales. Sur les quatre cantons en jeu à Tours, où elle se trouvait pourtant en ballottage défavorable, la droite en emporte trois, le dernier revenant d'extrême justesse au PS. Plus symptomatique encore est la perte par la gauche du canton de Saint-Pierre-des-Corps, vieux fief communiste, où la droite l'emporte avec près de 56% des voix. Dans ces cantons, comme dans celui voisin de Joué-lès-Tours, dans la banlieue tourangelle, les reports à gauche n'ont visiblement pas fonctionné à plein. A contrario, les binômes de droite semblent avoir bénéficié d'un renfort substantiel des voix des candidats FN, éliminés à l'issue du premier tour. Le canton de Monts, fief de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, tombe aussi, comme attendu, dans l'escarcelle de l'union de la droite.

Le département du Cher, dirigé par la gauche depuis 2004, a lui aussi basculé à droite dimanche, l'union UMP-UDI remportant 12 sièges sur 19. La droite, qui était en position favorable dans onze cantons à l'issue du premier tour, a confirmé sa poussée dimanche. Elle l'emporte même dans un canton supplémentaire, celui de Chârost, vieux fief communiste. Le PS l'emporte toutefois dans trois cantons sur quatre à Bourges, ville dirigée par un maire UDI. Le Front de gauche s'impose lui dans les deux cantons de Vierzon où ses candidats étaient opposés à des binômes du Front national.

Dans le Loiret, département traditionnellement très ancré à droite, l'union de la droite signe une victoire écrasante en remportant 18 cantons sur 21. L'ancien président du conseil général Éric Doligé (UMP), qui passe la main après 21 ans à la tête du département, devrait être remplacé par le maire UMP d'Olivet, Hugues Saury, élu dès le premier tour. Pour la première fois de son histoire, la gauche n'aura pas d'élu à Orléans. Sur l'ensemble du département, le PS, allié aux Verts, ne sauve que trois cantons, Saint-Jean-de-Braye, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Fleury-les-Aubrais. Les Verts conservent un canton, tandis que le PCF n'aura plus d'élus (contre trois dans la précédente assemblée).

Dans le Loir-et-Cher, la droite l'a emporté dimanche dans neuf cantons, contre 4 à la gauche. Elle avait déjà enregistré l'élection de deux binômes au premier tour, dont celui de Maurice Leroy (UDI) président du conseil général sortant.

L'Indre reste également largement à droite, qui détient désormais 10 cantons sur 13, dont trois acquis dès le premier tour. A noter que le PS n'a plus d'élu à Châteauroux. Son seul binôme encore en course sur un des trois cantons de la ville est battu par celui de l'union UMP-UDI, qui remporte également ses deux duels face à des candidats FN.

En Eure-et-Loir, la gauche ne sera plus représentée que par un binôme DVG, élu à Lucé face au FN, la droite contrôlant les quatorze autres cantons.

Quant au Front national, qui était présent dans plus de la moitié des cantons dans l'ensemble de la région Centre, il ne parvient pas à traduire en sièges sa percée du premier tour (28% des voix) mais améliore en général ses scores au second tour, que ce soit dans le cadre de duels ou, à quelques exceptions près, de triangulaires.

 

Haute-Normandie

En Haute-Normandie, la droite l'a logiquement emporté dimanche dans le département de l'Eure mais aussi, de façon plus inattendue, en Seine-Maritime, revenant aux affaires après une longue absence à la faveur des élections départementales.

En Seine-Maritime, au cœur du fief politique de Laurent Fabius, le Parti socialiste détenait le département depuis 2004. Il perd sur le fil trois cantons, dont deux (Saint-Valéry-en-Caux et Neufchâtel-en-Bray) à la faveur de triangulaires avec la droite et le Front national. Sur 35 cantons, la droite en remporte 18, soit tout juste la majorité. Le PS et les DVG en gagnent 14, tandis que le Parti communiste (Front de gauche) obtient deux cantons mais subit une amère défaite à Dieppe 1, où le maire PCF de la ville, Sébastien Jumel, est battu. Un canton, celui de Bolbec, a été remporté par un binôme sans étiquette.

Restant majoritaire à Rouen - même s'il perd de peu le canton de Rouen 1 - et sur l'ensemble de la métropole rouennaise, le PS perd du terrain dans les cantons plus ruraux et sur le littoral, comme lors des municipales l'an dernier. Le jeune président socialiste du département, Nicolas Rouly, élu du Grand-Quevilly, comme M. Fabius, et membre de la jeune garde mise en place dans la région par le ministre des Affaires étrangères, a expliqué à l'AFP la défaite de son camp par des reports entre l'extrême-droite et la droite bien meilleurs qu'à gauche. "Entre les deux tours, il y a eu beaucoup d'ambiguïté de la droite vis-à-vis de l'extrême-droite, entraînant des mouvements de voix qui ont fait basculer le département", a-t-il affirmé. Si la division à gauche a fait du mal au PS, elle n'a pas épargné non plus le PCF qui ne conserve qu'un seul canton sur les sept du Havre, où il était naguère en position de force. La ville portuaire est désormais presque entièrement dominée par la droite, dont le nouvel homme fort est le député-maire UMP, Edouard Philippe, proche d'Alain Juppé et partisan assumé du front républicain.

Dans l'Eure, les jeux étaient faits dès l'issue du premier tour, où le président socialiste Jean-Louis Destans a été éliminé dans le canton de Brionne. L'union de la droite, sur sa lancée des municipales, a remporté 14 cantons sur un total de 23, après avoir déjà obtenu un élu au premier tour dans le canton de Pacy-sur-Eure. Après avoir subi des éliminations au premier tour du fait d'une forte poussée du Front national, la gauche a su éviter la déroute en remportant huit cantons, dont cinq pour le PS et apparentés, deux pour des DVG et un pour le Front de gauche qui a gagné nettement la triangulaire de Saint-André-de-l'Eure que le FN pensait pouvoir remporter. Le parti frontiste, qui était arrivé en tête au premier tour dans une dizaine de cantons, et qui s'était qualifié au total dans une vingtaine pour le 2e tour, n'a pas été en mesure au final de décrocher un canton dans l'Eure ou en Seine-Maritime. 

Dans ce département, fief du député UMP Bruno Le Maire, la droite va devoir se mettre d'accord pour désigner celui qui assurera la présidence. Le challenger de Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP pousse Sébastien Cornu, 29 ans, le nouveau maire de Vernon. Mais Jean-Paul Legendre (DVD), 66 ans, proche du sénateur UMP Ladislas Poniatowski, qui était le leader de l'opposition départementale, entend bien défendre ses chances.

 

Champagne-Ardenne

En Champagne-Ardenne, la droite et le centre ont conservé dimanche les quatre départements de la région, à l'issue du second tour des départementales marqué par le recul de la gauche et l'entrée du FN dans deux conseils départementaux.

Le parti d'extrême droite, qui a confirmé sa percée dans la région en réalisant des scores au-dessus de 30% dans les quatre départements a remporté trois cantons, deux en Haute-Marne (dont un dès le premier tour) et un dans la Marne.

Le FN présent dans 62 cantons sur les 68 encore en lice au deuxième tour et en tête dans 15 d'entre eux s'est heurté à un front républicain alors que la gauche a enregistré un net recul avec seulement 11 cantons acquis dimanche soir.

Dans la Marne, où l'abstention atteint 51,34%, les binômes de droite et du centre obtiennent une écrasante majorité de 34 sièges sur les 46 à pourvoir dans la nouvelle assemblée départementale.  Le FN, qui enregistre 33,60% des suffrages dans l'ensemble du département, parvient à remporter le canton de Vitry-le-François-Champagne-et-Der à la faveur d'une triangulaire qui l'opposait aux binômes socialistes et d'union de la droite. La gauche, qui avait remporté 14 sièges sur 44 en 2011, n'obtient que 5 cantons dans les secteurs les plus urbains du département.

Le vice-président sortant Charles de Courson (UDI) et le président UMP sortant René-Paul Savary sont réélus dans leurs cantons respectifs de Sermaize-les-Bains et de Sézanne-Brie-et-Champagne.

Les électeurs des Ardennes se sont abstenus à 51,50% pour ce second tour qui permet à la droite et au centre de conserver le département en remportant 15 cantons sur 19. Le Front national, présent dans 16 cantons dont 2 avec des binômes en première position, obtient 31,84% des voix en légère progression par rapport au premier tour (30,70%) sans parvenir à concrétiser sa percée. Les candidats socialistes et divers gauche qui occupaient 14 sièges depuis 2011, sont en net recul et remportent 4 cantons dans la vallée de la Meuse historiquement ancrée à gauche. Dans le canton de Rocroi, le président sortant Benoît Huré opposé à un binôme frontiste est confortablement réélu.

Dans l'Aube où l'abstention a atteint 50,05%, le FN qui s'est maintenu dans tous les cantons encore en lice a réuni 38,69% des suffrages. Malgré ce  score, le plus haut de Champagne-Ardenne, la droite et le centre sont très largement victorieux et remportent 32 sièges sur les 34 que comptent le nouveau conseil départemental. La gauche sauve de justesse sa mise en battant le FN dans le canton de Troyes-4 avec un binôme UDI/DVG alors qu'elle occupait 5 sièges (2 PS, 2 PCF, 1 EEVL) dans le conseil général sortant. Le président sortant Philippe Adnot a été élu au second tour dans son canton de Creney-près-Troyes devant le frontiste Bruno Subtil.

En Haute-Marne le parti de Marine Le Pen, qui avait déjà décroché le canton rural de Eurville-Bienville au premier tour, en remporte un second à Saint-Dizier-1 avec 52,25% des suffrages contre un binôme UMP. Dans l'ensemble du département, le FN obtient 32,35% des suffrages. La droite et le centre, très largement majoritaires dans ce département traditionnellement conservateur mais qui s'est peu mobilisé (47,27% d'abstention) obtiennent 28 sièges sur 34 alors que le Parti socialiste peine à exister avec une seule victoire dans le canton de Langres. Le président du conseil général sortant Bruno Sido, a dû patienter jusqu'au deuxième tour pour être réélu devant un binôme frontiste.

 

Pays de la Loire

Le Parti socialiste a finalement conservé de justesse la Loire-Atlantiqu e, en remportant seize cantons contre quinze à la droite, celle-ci confirmant son hégémonie dans les quatre autres départements des Pays de la Loire. 

Le Front national, qui a fait 21,23% au niveau régional au premier tour et était présent dans plus d'un tiers des cantons (35 sur 107), dont sept triangulaires, ne remporte aucun siège.  Au bout du suspense, dans un duel gauche-droite extrêmement serré, comme au premier tour, c'est finalement la gauche qui l'emporte en Loire-Atlantique, ravie à la droite en 2004. Le PS s'impose sans peine dans les cantons urbains et rafle l'ensemble des sièges à Nantes et son agglomération (Rezé, Saint-Herblain), comme à Saint-Nazaire, à l'image du président du conseil général sortant, le socialiste Philippe Grosvalet, vainqueur (68,32%) dans le deuxième canton de la cité portuaire face à un binôme du Front national.  La gauche prend également la tête dans deux cantons plutôt marqués à droite, Machecoul et Pontchâteau, ainsi qu'à Blain, seul canton où le PS avait réussi à former une liste d'union avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV), malgré leurs divergences récurrentes sur le projet de transfert de l'aéroport de Nantes vers Notre-Dame-des-Landes. En termes de voix, la droite arrive légèrement en tête, avec 48,89% des suffrages contre 48,60% pour le PS et les autres composantes de la gauche, et confirme sa poussée dans les cantons ruraux. Le chef de file de l'alliance UMP-UDI, Gatien Meunier, est facilement réélu à La Baule-Escoublac (66,50% des voix). 

Au niveau régional, la droite totalise 54,31% des voix contre 34,68% pour l'ensemble de la gauche et 11% pour le FN. 

Le parti d'extrême droite, premier parti de la Sarthe au soir du premier tour (26,37% des suffrages), où il se maintenait dans 15 des 21 cantons, dont cinq triangulaires, ne réussit pas à transformer l'essai, mais globalise 24,27% des voix au second tour. Le chef de file de l'UMP dans le département, le député Dominique Le Méner sort vainqueur (48,39% des voix) d'une triangulaire. La gauche, éliminée au premier tour dans huit cantons, parvient à sauver 16 sièges (contre 22 dans le conseil général sortant), grâce notamment à sa victoire dans six des sept cantons du Mans - restée de peu à gauche lors des dernières municipales.

La gauche résiste aussi dans le Maine-et-Loire, en emportant quatre des sept cantons d'Angers - qui avait basculé à droite lors des dernières municipales après 37 ans de règne du PS. Au total, l'opposition détient douze sièges dans le nouveau conseil, contre treize auparavant. La majorité départementale s'octroie elle trente sièges, contre 28 avant le redécoupage.  Le président sortant, Christian Gillet (UDI), est largement réélu dans le premier canton angevin (60,12%).  

En Vendée, la droite - avec sept élus dès le premier tour et neuf au second - manque de peu le grand chelem, le PS arrivant à sauver un seul - sur les trois où la gauche s'était qualifiée - de ses fiefs, le canton de La Roche-sur-Yon-2 de la députée et présidente de la fédération socialiste du département, Sylviane Bulteau. Pour la droite, s'ouvre désormais la succession de Bruno Retailleau, patron du département depuis 2010 et candidat de l'UMP aux prochaines régionales. Ses deux successeurs potentiels à la tête du département, Alain Leboeuf et Yves Auvinet, ont été élus dès le premier tour.

En Mayenne, la droite centriste a sans surprise conservé le département et totalise 67,65% des voix, ne laissant à la gauche que deux cantons. L'ancien ministre et député socialiste Guillaume Garot s'impose avec sa partenaire de binôme (55,86%) à Laval-3, commune qui avait basculé à droite en mars 2014.    

 

Aquitaine

La Région Aquitaine est restée solidement ancrée à gauche dimanche malgré le basculement à droite des Pyrénées-Atlantiques, car la Gironde et le Lot-et-Garonne, que la droite espérait lui arracher, sont restés dans son giron.

La gauche conserve aisément le département de la Gironde où la droite s'est heurtée à une insuffisante réserve de voix. L'union de la gauche, partie dispersée, s'est rassemblée au second tour, faisant ainsi la différence avec l'Union UMP-UDI-CPNT-MoDem qui n'a pas réussi à mobiliser ses électeurs au second tour.

L'union de la gauche enlève 22 cantons au total et n'en laisse que 10 à la droite, grâce notamment à des triangulaires où le Front national s'était maintenu. Le parti de Marine Le Pen a cependant enregistré une victoire notable en ayant pour la première fois de son histoire des élus départementaux en Aquitaine grâce à son succès, pour 147 voix d'écart, dans le canton du Nord-Médoc, où le FN l'emporte avec 50,48% contre un binôme emmené par le maire socialiste de Lesparre. A noter que le bras droit à l'UMP girondine d'Alain Juppé, maire Bordeaux, Yves d'Amécourt, leader départemental de l'union de la droite et du centre, a été battu par le PS (39,46%) dans son canton du Réolais et des Bastides (38,16%) dans une triangulaire avec le FN (22,39%). Jean-Luc Gleyze, désigné candidat pour la présidence de la Gironde après le retrait du sénateur PS Philippe Madrelle qui dirigeait le département depuis 1988, a été élu dans le canton du Sud-Gironde à 60,1% devant l'UMP-UDI-MoDem.

Le Lot-et-Garonne reste lui aussi fermement ancré à gauche, où il fait mieux que résister avec le PS et ses alliés qui restent majoritaires dans 13 des 21 cantons.

La droite a notamment souffert de sa division dans plusieurs cantons, tandis que le président sortant de l'assemblée départementale, le sénateur socialiste Pierre Camani, a été réélu dans son canton des Côteaux de Guyenne. Le FN, présent au second tour dans 18 des 21 cantons, a été à chaque fois battu (12 triangulaires et 6 duels).

En Dordogne, terre historique de gauche, la droite n'a enlevé que 6 cantons sur 27. Elle progresse très légèrement toutefois, avec 12 élus contre 10 dans la précédente assemblée. Le député PS Germinal Peiro doit ainsi succéder à la présidence du département au sénateur Bernard Cazeau, qui ne se représentait pas.

Dans les Landes, où le président socialiste Henri Emmanuelli a été réélu dès le premier tour, le département, terre de gauche, ne change pas non plus de couleur. La gauche l'emporte dans 10 cantons, contre cinq à l'union de la droite et du centre.

En Aquitaine, la gauche n'a finalement concédé que les Pyrénées-Atlantiques où le PS et ses alliés ne disposaient que d'une majorité de deux sièges dans un département dirigé par le centre-droit de la Libération à 2011. L'union de la droite et du centre emporte 16 cantons, contre dix à la gauche et un canton pour le courant nationaliste basque. "Le département bascule à droite. Nous avons gagné trois cantons sur quatre à Pau", s'est réjoui François Bayrou, président du MoDem et maire de la ville du Béarn, enlevée au PS aux municipales de mars 2014, soulignant que Jean-Jacques Lasserre, sénateur MoDem, serait le futur président de l'assemblée départementale. Au Pays basque, le PS perd les cantons d'Anglet et de Bayonne 1. Dans le propre canton du socialiste Georges Labazée (Terres de Luys et Côteaux du Vic-Bilh), ancien président du conseil général où il ne se représentait pas, l'Union des Démocrates et des Indépendants (UDI) l'emporte avec 52,23%. Inédit dans ce département traditionnellement ancré au centre-droit, le courant nationaliste basque EH Bai (Pays Basque, oui), en ballotage favorable face à un binôme du Front national, obtient ses deux premiers sièges à l'assemblée avec un score écrasant de 78,05%, l'un des deux candidats de son binôme ayant toutefois été conseiller sortant sans étiquette.

 

Alsace

La droite s'est imposée sans surprise dans la majorité des cantons alsaciens lors du second tour des départementales dimanche, marquées par un recul des socialistes et des scores du FN dépassant presque partout les 30%.

L'union de la droite a parfaitement fonctionné dans le Haut-Rhin, où elle est sortie victorieuse dans 15 des 17 duels qui l'opposaient au FN. Dans le Bas-Rhin, la droite a remporté 17 des 23 cantons. Strasbourg fait figure d'exception dans ce scrutin largement dominé par la droite: le maire PS Roland Ries revendiquait dimanche soir la victoire de 4 binômes socialistes dans les 6 cantons de l'eurométropole, avec des scores dépassant les 54% des voix. "Se gardant de tout triomphalisme", M. Ries a commenté les résultats pour Strasbourg, en soulignant "une stabilité qui fait exception par rapport aux résultats de l'Alsace comme à ceux du niveau national". Dans la périphérie du bastion socialiste strasbourgeois, deux élus sortants avaient été éliminés dès le premier tour à Illkirch-Graffenstaden et Schiltigheim. Dans ces deux cantons, au second tour, les candidats de l'UMP et de l'UDI sont sortis victorieux des duels qui les opposaient au FN. L'Union de la droite a fonctionné à Schiltigheim où le candidat a remporté une large victoire avec 70,47% des voix face au FN (29,53%).

Le soir du premier tour, seul un binôme composé d'un candidat sans étiquette et d'une candidate UDI était parvenu à se faire élire à Brunstatt (Haut-Rhin).

A Mulhouse (Haut-Rhin), les trois cantons de la métropole ont tous été remportés par des binômes de la droite et du centre face au FN.

Dans la deuxième plus grande ville de la région, la poussée frontiste avait balayé tous les espoirs des candidats socialistes, tous éliminés dès le premier tour.

Dans le Bas-Rhin, l'UMP a remporté 12 des 23 cantons, avec des victoires souvent très nettes, notamment à Lingolsheim, Illkirch-Graffenstaden, Obernai, Wissembourg et Haguenau où le score du parti de Nicolas Sarkozy dépassait partout les 66%. Dans ce département, l'UDI a remporté un canton à Saverne. Dans le Haut-Rhin, un binôme de candidat de l'Union de la droite est sorti vainqueur d'une triangulaire à Sainte-Marie-aux-Mines, remportant 44,28% des suffrages face à deux binômes divers gauche (27,78%) et FN (27,94%) Un candidat divers droite s'est également fait élire face au FN dans le canton de Masevaux. Dans ce département, la gauche a remporté un seul canton, celui de Wittenheim, avec un score serré dans un duel divers gauche-FN, avec respectivement 51,38 et 48,62% des suffrages exprimés.

Le parti de Marine Le Pen, qui s'était qualifié pour le second tour dans 19 des 23 cantons du Bas-Rhin et dans 16 des 17 cantons du Haut-Rhin, n'a remporté aucun canton alsacien, en dépit de scores dépassant parfois les 40%, comme à Ingwiller (Bas-Rhin) et Wittenheim (Haut-Rhin). Le parti régionaliste Unser Land, qui avait présenté des candidats dans la moitié des cantons, n'avait pas réussi à se qualifier pour le deuxième tour, en dépit de scores frôlant souvent les 15% des suffrages exprimés.

 

Rhône-Alpes

L'Ain, la Drôme et l'Isère du secrétaire d'Etat André Vallini ont basculé à droite, l'Ardèche fournissant un maigre lot de consolation à la gauche en Rhône-Alpes, où le FN n'a remporté aucun siège.

L 'Isère, conquise en 2001 par M. Vallini qui l'a présidée jusqu'à son entrée au gouvernement en juillet 2014, est revenue dans le giron de la droite, qui avait précédemment dirigé le conseil général depuis 1985. "Ce soir, nous savourons cette victoire (...) Les Isérois et les Iséroises se sont exprimés de manière très nette, ils ont souhaité l'alternance", a déclaré le député UMP Jean-Pierre Barbier, candidat à la présidence du département, sur France Bleu Isère. La droite a remporté 16 cantons sur 29. Pour M. Vallini, réélu avec 64,67% des voix dans celui de Tullins, "ce scrutin a été détourné de son objet", entre élections départementales et consultation nationale: "Il est évident qu'en Isère comme ailleurs, si les Français s'étaient prononcés seulement sur l'action des majorités départementales de gauche, le résultat aurait été différent".

Plus au sud, la Drôme a également basculé, la droite remportant 11 cantons sur 19, notamment celui de Dieulefit sur lequel la gauche comptait pour sauver le département. Plusieurs villes dont Valence avaient déjà basculé aux dernières municipales. "Je suis candidat à la présidence du conseil de la Drôme, nous sommes en discussion entre nous pour trouver un consensus", a déclaré sur France 3 le député UMP Patrick Labaune, "très surpris" par les résultats du second tour qu'il prévoyait plus serrés. Le FN, arrivé en tête au premier tour à Montélimar 1 et 2 et dans le canton de Grignan, n'a pas transformé l'essai. Petite consolation à gauche, sa victoire dans le canton de Romans-sur-Isère où elle a battu, de 15 voix, le binôme de la maire DVD Marie-Hélène Thoraval.

De l'autre côté du Rhône, l'Ardèche a résisté à la vague bleue et reste désormais le seul département à gauche dans la région. Les binômes PS et UG ont totalisé 43,23% des suffrages au second tour, remportant 12 cantons sur 17. Le président sortant du conseil général, le socialiste Hervé Saulignac, a été réélu avec 57,19% des voix dans le canton de Privas. "J'ai le sentiment que l'Ardèche fait exception", a dit ce candidat à sa succession.

Dans l'Ain, l'alliance de la droite et du centre emmenée par le député UMP Damien Abad, qui briguera la présidence du conseil, a fait quasi carton plein en remportant 21 cantons sur 23. Elle referme ainsi une parenthèse dans un département conquis par la gauche en 2008, dont le président sortant, Rachel Mazuir (PS), a été battu dans le canton de Ceyzériat. "C'est une victoire large que l'on ne doit qu'à nous-mêmes puisque le Front national fait le même nombre de voix à peu près entre le premier et le deuxième tour", a fait valoir M. Abad.

La Savoie, où l'ancien ministre Hervé Gaymard a été réélu dans un canton d'Albertville, a mis un gros coup de barre à droite : celle-ci remporte 15 cantons sur 19 alors que M. Gaymard, président du conseil général, n'avait qu'une voix de majorité dans l'assemblée sortante.

La Haute-Savoie est restée bleue, tout comme la Loire avec 14 cantons à droite contre sept à gauche - dont un au Front de Gauche. Le président sortant, l'UMP Bernard Bonne, brigue sa succession.

Dans le "nouveau" Rhône enfin, amputé de la métropole lyonnaise, la droite n'a laissé qu'un seul canton sur 13 à la gauche. La vraie bataille aura lieu jeudi lors du "troisième tour" entre l'UMP et l'UDI pour la présidence du département.

 

Basse-Normandie

La droite progresse dans son bastion de Basse-Normandie à l'issue du second tour des départementales, marqué également par un "vote anti-FN", le parti de Marine Le Pen n'emportant aucun siège malgré sa présence dans 42 cantons sur 73. "La perte pour la gauche existe bien avec à peu près un tiers des sièges perdus dans le Calvados et un cinquième environ dans la Manche. Mais ce n'est pas l'effondrement qui avait pu être évoqué", a estimé Christophe Boutin, politologue à l'université de Caen, sur France 3 Basse-Normandie.

Dans l'Orne, "la gauche aura plus de conseillers", mais en partie grâce à des triangulaires avec un FN qui "a réussi à peu près à conserver ses voix", ce qui a "handicapé" la droite plus modérée, a précisé M. Boutin. Des triangulaires avec le FN ont eu lieu dans 11 cantons sur 21 dans ce département.

Globalement sur la région, "il y a (eu) manifestement un vote anti-FN" au second tour, a estimé le politologue. 

Dans le Calvados, la droite est victorieuse, mais la gauche résiste à Caen, ville ravie par l'UMP et l'UDI aux dernières municipales. Un des cinq cantons de Caen bascule à droite (avec un score de 53,04%). Trois autres cantons caennais demeurent à gauche. Autre fief de la gauche, le canton de Ouistreham bascule à droite (avec 51,27% pour le binôme UMP). Aux municipales, l'UMP avait déjà ravi la station balnéaire au PS. Dans les deux cantons du Calvados où le FN était arrivé en tête à l'issue du premier tour, le binôme DVD l'emporte avec 61,12% des voix (Aunay-sur-Odon) et 57,83% (Trévières).

Dans la Manche, le président DVD du conseil général, Jean-François Le Grand, a salué sur Tendance Ouest "une victoire sans précédent de la droite modérée" mais en refusant tout "triomphalisme" étant donné le poids du vote sanction vis-à-vis du gouvernement. Son probable successeur à la tête du département, l'ancien ministre UMP Philippe Bas, a estimé sur la même radio que "le FN a fait pschitt" dans le département. La gauche garde ses cantons dans l'agglomération de Cherbourg, fief du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve. Mais elle perd le canton de Carentan après s'être maintenue dans une triangulaire avec le FN et la droite. Dans le canton de Villedieu-les-Poêles, le binôme de Philippe Bas l'emporte haut la main face au FN avec 72,36% des voix. Le parti d'extrême-droite a toutefois, selon France 3 Basse-Normandie, annoncé un recours. A l'issue du premier tour, la préfecture avait confirmé que les bulletins de M. Bas étaient non conformes, car non monochromes.

Dans ce canton, à Sainte-Cécile, siège des abattoirs AIM en redressement judiciaire, on a relevé 36 votes nuls sur 279 exprimés, avec de nombreux bulletins estampillés AIM selon France 3 Basse-Normandie. Dans le canton d'Equeurdreville, où une erreur d'un bureau de vote a placé le FN au second tour, c'est le binôme du PS qui emporte le duel avec 73,38% des voix. Ce scrutin, qui ne pouvait légalement être annulé avant le second tour, va faire l'objet d'un recours de l'UMP.

Dans l'Orne, le binôme du président UDI du conseil général Alain Lambert, candidat à sa succession, est élu (39,6%) avec 67 voix d'avance seulement sur l'union de la gauche, à l'issue d'une triangulaire avec le FN dans le canton de Damigny, "détenu depuis 25 ans par la gauche", selon l'ancien ministre.

Le canton d'Alençon 2 bascule à droite mais au bénéfice de l'âge car les deux binômes sont arrivés à égalité.

 

Auvergne

En Auvergne, la droite a ravi l'Allier au PCF, qui perd l'un de ses deux derniers bastions, et sort renforcée dans le Cantal et en Haute-Loire. Seul le Puy-de-Dôme reste à la gauche, qui réalise le grand chelem à Clermont-Ferrand en remportant tous les cantons.

Dans l' Allier, l'Union républicaine pour le Bourbonnais, bannière des candidats UMP, UDI, MoDem et DVD pour ce scrutin, a remporté 10 cantons sur 19, d'après son chef de file Claude Riboulet. "C'est une satisfaction forte, une victoire de justesse comme c'est l'habitude dans le Bourbonnais", a déclaré à l'AFP ce dernier, qui a été élu avec 54,58% des voix dans le canton de Commentry, au côté de Christiane Touzeau (DVD). L'élection s'est notamment jouée dans le canton de Bourbon-L'Archambault, où le sénateur UMP Gérard Dériot et sa colistière Corinne Trébosc (DVD) ont été élus avec 48 voix d'avance. Le nouveau groupe majoritaire devrait se réunir dès lundi pour "décider de la présidence", a indiqué Claude Riboulet, qui "ne souhaite toutefois pas être candidat", en raison du code électoral qui l'obligerait à quitter la mairie de Commentry, où il a été élu lors des dernières municipales. Plusieurs noms circulent à droite pour prendre la présidence, comme celui du sénateur Gérard Dériot, 70 ans, - qui fut déjà à la tête du conseil général de 1992 à 1998 et de 2001 à 2008 - ou ceux du maire de Saint-Germain-des-Fossés, Elisabeth Albert-Cuisset (53 ans), ou encore de l'adjoint à l'urbanisme à la mairie de Vichy, Frédéric Aguilera (39 ans).

Dans le Cantal, la droite domine le scrutin en remportant cinq des neuf cantons à pourvoir lors du second tour. Au total la majorité départementale sort confortée avec 9 cantons sur 15.  "Ce soir, je suis très satisfait des résultats alors qu'il y a quelques mois, on ne donnait pas cher de la majorité en raison du redécoupage électoral, qui fut fort malintentionné", s'est réjoui de son côté le président UMP du conseil général, Vincent Descoeur, élu au premier tour. A Aurillac, traditionnel bastion de la gauche, le PS abandonne deux cantons sur trois à la droite. Le député socialiste Alain Calmette, en binôme avec Josiane Costes, conserve de justesse son siège avec 51% des suffrages.

En Haute-Loire, la droite conserve également le département en remportant 16 cantons sur 19, après en avoir remporté déjà cinq au premier tour. Alors que le FN était présent dans six duels et une triangulaire au second tour, le parti de Marine Le Pen n'a obtenu aucun siège dans ce département, ni dans le reste de l'Auvergne. Le binôme de la majorité départementale, formé par Florence Teyssier et Daniel Tonson, passe notamment largement dans le canton d'Aurec-sur-Loire où il était à la lutte avec le FN, avec 58% des voix.

Mais dans le Puy-de-Dôme, la droite ne parvient pas à surfer sur la vague nationale et échoue à faire basculer ce département. A l'inverse, la gauche fait carton plein à Clermont-Ferrand, où elle remporte la totalité des six cantons de la capitale auvergnate. Le président PRG Jean-Yves Gouttebel est notamment réélu sur le canton de Clermont-Ferrand 5, avec 52,44% des suffrages.

 

Bourgogne

La droite a remporté la Saône-et-Loire et conforté sa position dans l'Yonne, la Côte-d'Or et la Nièvre, qui restent à gauche.

Détenue par la gauche depuis 2004, la Saône-et-Loire a basculé à droite, avec 16 cantons pour la droite et 13 pour la gauche. Le chef de file de la droite départementale et candidat déclaré à la présidence du futur conseil départemental, André Accary, s'est félicité d'obtenir "une majorité très claire et très nette". "On s'incline mais ce n'est pas une lourde défaite", a reconnu de son côté le sénateur PS et secrétaire général du parti en Saône-et-Loire, Jérôme Durain, qui a défendu le "bon bilan" de la majorité départementale sortante. Le président PS actuel du conseil général, Rémi Chaintron, a toutefois été largement battu dans son canton de Louhans avec 33,70% des voix, contre 66,30% pour le binôme UMP. Selon M. Durain, la gauche a "payé de plein fouet le fait d'être un parti de gouvernement".

Dans la région, un seul binôme FN a été élu dans le canton de Villeneuve-sur-Yonne, dans l'Yonne, département où le parti de Marine Le Pen était présent au second tour dans 19 des 21 cantons. Dans l'Yonne, la droite a remporté 17 cantons, amplifiant sa majorité déjà confortable. Le fauteuil de président du conseil départemental aiguise déjà les appétits : il devrait être disputé entre le président sortant UDI André Villiers et le sénateur UMP Jean-Baptiste Lemoyne, élu conseiller départemental dès le premier tour.

La Nièvre, bastion socialiste toujours marqué de l'empreinte de François Mitterrand, est restée à gauche, qui a cependant marqué un net recul. Jusqu'alors largement majoritaire, la gauche ne remporte que dix des 17 cantons du département.

Réélu dans le canton de Château-Chinon, le président PS du conseil général Patrice Joly s'est dit sur France 3 "plutôt satisfait". "Dix cantons, c'est une majorité relativement confortable pour conduire des projets", a-t-il ajouté.

La Côte-d'Or reste sans surprise dans les mains de la droite avec 14 cantons, contre neuf pour la gauche.  Le président UDI de l'assemblée François Sauvadet a estimé que les résultats étaient une "sanction sévère pour la gauche, le gouvernement et (le ministre du Travail) François Rebsamen puisque deux cantons ont basculé dans sa ville" à Dijon, dont ce dernier a été maire de 2001 à 2014.

"La bascule de la Saône-et-Loire, la très belle victoire dans l'Yonne et les gains engrangés dans la Nièvre, tout cela est très prometteur pour les élections régionales", s'est félicité M. Sauvadet. Le taux de participation au second tour en Bourgogne s'est élevé à 52,39%, stable par rapport au premier tour (52,27%).

 

Bretagne

En Bretagne, la gauche est parvenue à conserver deux de ses trois départements, le Finistère et l'Ille-et-Vilaine, mais a perdu son fief des Côtes d'Armor, bastion socialiste depuis 39 ans, tombé dans l'escarcelle de la droite, aux côtés du Morbihan.

Dans les Côtes-d'Armor, la droite a remporté, parfois de très peu, 17 cantons, et la gauche, 10. "Manifestement, c'est une très large victoire, c'est celle qu'on espérait dimanche dernier", s'est réjoui Alain Cadec, le chef de file de l'UMP départementale.  "C'est un peu une surprise au plan national, c'était pas évident au début", a ajouté celui qui a remporté avec 50 voix d'écart le canton de Plérin, battant le binôme conduit par le maire socialiste de cette troisième ville du département. "Ce ne sera plus 'le département en haut à gauche', mais ce sera un département en haut à droite et au centre", a ajouté M. Cadec, qui avait confié dimanche dernier à l'AFP que sa candidature à la présidence du conseil départemental était "légitime". La violente crise économique touchant les agriculteurs et les éleveurs, notamment de porcs, du département, qui a donné lieu à de nombreuses manifestations de colère, ces derniers mois, a pu peser sur ce scrutin.

Après quelques inquiétudes, les socialistes ont finalement gardé le Finistère, à gauche depuis 1998, malgré une poussée de la droite. Le PS et l'Union de la droite et du centre (UD) avaient fait jeu égal au premier tour, mais les socialistes ont profité d'une réserve de voix plus importante. La gauche remporte 15 cantons sur 27, dont celui de Carhaix-Plouguer, dans le centre-Bretagne, qui va au binôme du régionaliste Christian Troadec (DVG), leader des Bonnets rouges. La droite en remporte 12. Le département devrait voir pour la première fois en Bretagne une femme devenir présidente du conseil départemental en la personne de Nathalie Sarrabezolles (PS) qui a remporté son canton de Guipavas, dans la banlieue de Brest, avec 51,67%.  Elle prendra le relais du sortant socialiste Pierre Maille, à la tête du département depuis 1998, qui avait choisi de ne pas se représenter.

Sur les 27 cantons d' Ille-et-Vilaine, la gauche conserve 16 cantons et la droite n'en remporte que 11, un soulagement pour la gauche départementale qui était donnée en difficulté avant le premier tour. Toutes tendances confondues, la gauche est en revanche très légèrement distancée avec 46,95% des voix contre 47,39% aux différentes formations de droite. Le FN, qui avait obtenu 18,39% des voix au premier tour, n'en obtient cette fois que 5,66%. Les candidats opposés dans cinq cantons du département à un binôme Front national ont engrangé de très bons scores, comme à Montfort-sur-Meu, où le binôme d'union de la gauche remporte plus de 73% des voix, ou à Dol-de-Bretagne, où le binôme divers droite l'emporte avec 72,5% des voix. Par rapport au conseil général sortant, la gauche perd trois cantons, a résumé le président PS sortant du département, Jean-Louis Tourenne, qui ne se représentait pas. "Compte tenu du climat national, nous obtenons là une belle victoire", s'est-il félicité au micro de France 3 Bretagne. Jean-Luc Chenut, successeur désigné de M. Tourenne à la tête du département, a été largement élu avec son binôme au Rheu, avec 61,67% des voix.

Comme attendu, le Morbihan, traditionnellement aux mains de la droite républicaine, a vu cette dernière devancer de loin la gauche en remportant 17 des 21 cantons. En revanche, le FN qui totalisait 20,61% au premier tour et qui se qualifiait dans quatre cantons, n'a finalement obtenu aucun élu et seulement 5,15% des suffrages au second tour. François Goulard, le président UMP sortant du conseil général depuis 2011, a été réélu dans un fauteuil dans son canton de Vannes 1, avec 63,42% des suffrages.

 

Franche-Comté

En Franche-Comté, trois des quatre départements de la région, détenus par la gauche, ont basculé à droite dimanche à l'issue du second tour des départementales et le FN n'a remporté aucun canton.

La droite a ravi à la gauche les départements du Doubs, du Jura et du Territoire-de-Belfort. Seul le département de la Haute-Saône reste acquis au Parti socialiste.

Dans les quatre départements de la région, les électeurs ont été légèrement plus nombreux à se déplacer pour le second tour que pour le premier tour. Le Front national, qui s'était qualifié pour le deuxième tour dans 50 dans 62 cantons de Franche-Comté, n'a remporté aucun canton. "Je note qu'il n'y a aucun élu FN, c'est une victoire des forces républicaines", a estimé Claude Jeannerot, président PS du conseil général du Doubs sortant, remporté par la droite.

Dans ce département, la droite a remporté 12 des 19 cantons, effectuant une notable poussée dans quatre des six cantons de Besançon, capitale régionale traditionnellement à gauche. "La majorité est perdue", a déclaré M. Jeannerot, et "c'est pour moi une grande déception". "Les électeurs du FN semblent s'être reportés de manière massive sur les candidats UMP", a-t-il ajouté.

Dans le Territoire-de-Belfort, la droite a remporté 6 des 9 cantons du département. Le président PS du conseil général sortant, Yves Ackermann, a été battu dans son canton de Valdoie. "C'est une grande victoire pour l'UMP qui, en 10 ans, a conquis dans le Territoire-de-Belfort les trois sièges parlementaires, la ville, la communauté d'agglomération et maintenant le département", s'est réjoui le secrétaire départemental et député-maire UMP de Belfort, Damien Meslot, joint par l'AFP. Candidat à Belfort, M. Meslot a été battu par le candidat MoDem Christophe Grudler.

Dans le département du Jura, le PS a été largement battu par l'union de la droite et du centre qui a remporté 14 des 17 cantons. Christophe Perny (PS), le président de l'exécutif sortant défait, a annoncé sur France Bleu Besançon et France 3 Franche-Comté qu'il quittait le PS et la politique. M. Perny n'a pas été réélu dans le canton de Lons-le-Saunier (2). "En Franche-Comté, comme dans le reste de la France, le désaveu de la gauche est cinglant", a estimé dans un communiqué Alain Joyandet, candidat UMP en Bourgogne-Franche-Comté à l'élection régionale de décembre prochain.

Seul le département de la Haute-Saône reste dans l'escarcelle du PS qui a gagné 11 des 17 cantons. "Nous avons traversé le couloir de la mort tous ensemble et nous sommes arrivés au bout", a déclaré le président sortant Yves Krattinger (PS), qui a dit avoir "livré la plus difficile de (ses) batailles".

 

Poitou-Charentes

Les départements de la Charente, à gauche depuis 2004, et celui des Deux-Sèvres, depuis 2008, ont tous deux basculé dimanche dans le giron de la droite qui va donc désormais diriger les quatre départements de la région Poitou-Charentes.

La droite a conservé sans mal la Charente-Maritime présidée par l'ancien ministre UMP Dominique Bussereau, en emportant 17 des 27 cantons, et la Vienne, en enlevant 15 des 19 cantons.

Dans les Deux-Sèvres, la droite reprend un département que la gauche lui avait ravi en 2008 pour la première fois de son histoire, et l'emporte au total dans 12 des 17 cantons. L'avocat Gilbert Favreau, candidat UMP à la présidence du département, l'a emporté dans son canton de Parthenay avec 59,99% des suffrages. Et à Niort, traditionnel bastion de la gauche, la droite a enlevé deux des trois cantons.

A gauche depuis 2004, la Charente revient elle aussi à droite, qui emporte de justesse 10 des 19 cantons. "On n'a pas démérité. Ca se joue à un cheveu, à 118 voix près dans le canton de Tude-et-Lavalette. Ajoutez à ça de mauvais reports à gauche, le contexte national, le Front national qui, au second tour, a plus voté pour la droite. Les uns sont dans l'ivresse de la victoire, les autres dans l'amertume de la défaite", a commenté pour l'AFP le socialiste Michel Boutant, président sortant du conseil général, réélu dans son canton. Présent dans quatre cantons au second tour, deux triangulaires et deux duels avec la droite, le Front national ne compte aucun élu.

Dans l'agglomération d'Angoulême, ville remportée par la droite aux municipales 2014, seul un canton sur trois demeure à gauche. A Cognac ou dans le nord du département, des candidats de droite ravissent des cantons bien ancrés à gauche.

Porte-parole de l'opposition départementale sortante, François Bonneau (DVD), pharmacien réélu dans le canton de Val-de-Nouère avec 56,17% des voix, a annoncé sa candidature à la présidence du conseil départemental. La candidature de l'UDI Jérôme Sourisseau, élu dans le canton de Jarnac avec 58,39% des voix, est également évoquée.

En Charente-Maritime, Dominique Bussereau, qui avait frôlé l'élection au premier tour est confortablement réélu et va ainsi retrouver son fauteuil de président départemental. Si le FN a fait une percée notable, il n'enlève aucun canton, tandis que les électeurs ont continué à sanctionner le Parti socialiste qui avait déjà perdu aux dernières municipales les villes de Saintes et Rochefort.

Dans la Vienne, traditionnellement à droite, l'UMP et ses alliés sont majoritaires dans 15 cantons sur 19. La gauche est sauvée par Poitiers où le PS et ses alliés remportent quatre cantons sur cinq. Le président sortant (DVD) de l'Assemblée départementale Claude Bertaud ne se représentait pas. Le premier vice-président sortant, l'UMP Bruno Belin, est donc fortement pressenti pour lui succéder. Le FN, présent dans quatre cantons au second tour, a été battu dans les quatre duels qui l'opposaient à l'UMP et ses alliés de l'UDI. Il sera donc absent dans la nouvelle assemblée.

 

Limousin

Dans la région Limousin, l'union de la droite a arraché dimanche au Parti socialiste "le département du président" François Hollande et créé aussi la surprise dans la Creuse, ne laissant à la gauche que son bastion historique de Haute-Vienne.

En Corrèze, où le FN n'était présent nulle part au second tour, les candidats de droite ont fait le plein de voix et l'ont emporté dans 13 des 19 cantons du département. Réunis sous la bannière de "Corrèze demain", ils avaient déjà gagné quatre cantons dès le premier tour, dont deux enlevés à la gauche, contre aucun pour la majorité sortante qui devait absolument resserrer les rangs pour espérer sauver la mise. "C'est un vrai succès, à la fois une sanction du président de la République et de la majorité sortante, qui a beaucoup regardé dans le rétroviseur et été inactive", a lancé l'UMP Pascal Coste, qui devrait devenir le nouveau président de l'assemblée départementale. Les appels des socialistes à l'union de la gauche et des écologistes pour faire barrage à la droite n'ont visiblement pas été entendus. Bernard Combes, conseiller à l'Elysée et maire socialiste de Tulle, d'où François Hollande était parti à la conquête de la présidence de la République, a toutefois été réélu haut la main avec plus de 64% des voix. Avant 2008, la droite a dirigé sans discontinuer la Corrèze depuis 1970 avec l'arrivée de Jacques Chirac à la tête du département. Il y a eu une brève parenthèse communiste (1982 à 1985) dans la foulée de l'accession de François Mitterrand à l'Elysée. En 2008, François Hollande n'avait enlevé la Corrèze à la droite qu'avec une voix d'avance. Il avait conservé de justesse le département en 2011.

La droite a aussi créé la surprise dimanche dans la Creuse, historiquement à gauche, où elle remporte de justesse la majorité avec huit cantons sur quinze. Bastion traditionnel de la gauche - hormis un passage à droite entre 1994 et 2001 - la Creuse ne semblait pourtant pas menacée par un changement de majorité avant le premier tour. Le sénateur PS Jean-Jacques Lozach, président du département depuis sa reconquête en 2001, y jouissait même, avant le redécoupage, d'une majorité écrasante avec 18 sièges sur 27. Il a beau avoir été réélu sur son canton de Bourganeuf avec 54,38% des voix, la droite remporte huit cantons, dont trois lui étaient déjà acquis dès le premier tour.  La gauche garde sept cantons, dont cinq pour le PS dans ses fiefs historiques d'Aubusson, Guéret-1 ou La Souterraine, mais, à chaque fois, avec seulement quelques points d'avance sur la droite.

A gauche depuis 1930, la Haute-Vienne continue de faire mentir les statistiques et empêche la droite de réaliser le grand chelem en Limousin. Le département reste acquis au PS qui, à lui seul, dispose de la majorité absolue avec 13 cantons sur 21.

A Saint-Junien, fief historique du Parti communiste, le binôme Front de gauche l'emporte en duel contre le FN, tandis qu'à Eymoutiers, une alliance de la gauche alternative l'emporte contre le PS. Malgré ces deux succès, la gauche de la gauche voit néanmoins le nombre de ses conseillers départementaux passer de onze à quatre seulement. Même si elle est loin de la victoire, l'union de la droite, dans la foulée de sa conquête historique de la mairie de Limoges en 2014, confirme malgré tout sa progression en Haute-Vienne. Elle termine avec six cantons au total, ce qui fait passer ses élus départementaux de sept à douze.

 

Corse

La droite corse a maintenu son hégémonie au sud de l'île, dimanche, au second tour des élections départementales, tandis que la gauche, très divisée, conserve le pouvoir départemental au nord.

La droite a gagné au second tour le dernier des onze cantons de Corse-du-Sud encore en jeu, à Ajaccio (4), où le binôme UMP Nathalie Ruggieri-Charly Voglimacci a étrillé avec 71,49% des voix celui du FN. La droite l'a emporté dans neuf des onze cantons du département. Mais elle disposera en fait du pouvoir absolu au conseil départemental où les deux binômes DVG devraient voter pour la majorité, comme ils le faisaient jusqu'à présent. La droite qui a gagné tous les scrutins depuis 2011, détient les deux sièges de députés, celui de sénateur et les mairies des principales villes. La victoire du député UMP Laurent Marcangeli, en février à la municipale d'Ajaccio, avait scellé le naufrage de la gauche en Corse-du-Sud. La question qui se pose désormais à la droite qui devrait partir renforcée aux élections territoriales de décembre prochain, est le choix du président du conseil départemental qui aura lieu jeudi. Le candidat naturel à ce poste est le président sortant, le sénateur UMP Jean-Jacques Panunzi, élu le 22 mars. Mais le président de la fédération de Corse-du-Sud de l'UMP, l'élu territorial Marcel Francisci, également élu le 22 mars, a annoncé dimanche qu'il briguerait le poste. Des discussions vont se dérouler au sein des instances dirigeantes du parti d'ici jeudi, a indiqué M. Francisci.

En Haute-Corse, à laquelle revient la palme du civisme avec la plus forte participation de France (65,84%), la gauche a conservé la majorité départementale.

Les binômes de gauche l'ont emporté dans onze des quinze cantons. La gauche était en ballottage favorable dans la majorité des cantons de Haute-Corse, l'un des fiefs du Parti radical de gauche (PRG). Au second tour, le président sortant du conseil départemental, François Orlandi (PRG) et sa colistière Sylvie Retali-Andreani (DVG) l'ont nettement emporté dans le canton du Cap corse face à un autre binôme de gauche. Ils étaient soutenus par le président de la Collectivité territoriale, le député PRG Paul Giacobbi. M. Orlandi devrait sans surprise être réélu à la tête du département. La droite, qui l'avait emporté dans deux cantons au premier tour, en a gagné deux au second. A neuf mois des élections territoriales, ce résultat conforte la position de M. Giacobbi dont les proches l'ont emporté lors de plusieurs duels et en dépit de difficultés au sein de la majorité territoriale de gauche.

La Corse est la seule région de France où les conseillers départementaux ne sont élus que pour deux ans et demi au lieu de six puisque les deux départements doivent être réunis au sein d'une collectivité unique en 2018.

 

Lorraine

Le PS a sauvé son bastion de Meurthe-et-Moselle dimanche au second tour des départementales en Lorraine, tandis que l'union de la droite et du centre s'est imposée en Moselle, en Meuse et dans les Vosges, souvent aux dépens du FN.

La gauche a remporté 14 cantons sur 23 en Meurthe-et-Moselle, contre 9 pour la droite unie, qui considérait pourtant ce département comme prenable. Ce sera le seul département de gauche dans la future grande région Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne. Dans son fief de Nancy-2, le président sortant du conseil général Mathieu Klein (PS) l'a emporté sans difficulté avec près de 57%. Il devrait sans surprise conserver la présidence du conseil départemental, un an après avoir échoué aux élections municipales à Nancy. "Je suis très, très heureux qu'il n'y ait aucun conseiller départemental FN. Nous avons appelé à un choix républicain partout, nous nous en félicitons. Il faut aujourd'hui raccommoder une République fragile", a commenté Mathieu Klein, alors que le FN a recueilli près de 30% des suffrages au second tour dans le département.

Le FN est également reparti bredouille de Moselle, bien qu'il ait récolté près de 35% des voix et qu'il soit arrivé en tête dans 15 cantons sur 27 au premier tour. Dans le canton de Hayange, le frontiste Fabien Engelmann a notamment raté le doublé, après avoir raflé la mairie de Hayange aux municipales l'an dernier : son binôme a récolté 45,3% des voix, contre 54,7% pour un binôme PS-DVG. "Nous étions seuls contre tous, nos candidats n'ont pas à rougir de leur combat, qui ne fait que commencer. C'est un peu comme un iceberg : les apparences sont contre nous, mais sous la surface des eaux, le socle du Front national avance tranquillement, il se consolide", a commenté Thierry Gourlot, le secrétaire départemental du FN, sur France 3 Lorraine. La Moselle reste dans le giron de la droite et du centre avec 20 cantons gagnés, contre 7 pour le PS et ses alliés. Dans le canton de Yutz, le binôme du président sortant, Patrick Weiten (UDI), a été réélu sur le score fleuve de 74%.

En Meuse, le FN a remporté son seul canton lorrain, celui de Saint-Mihiel, au bénéfice d'une triangulaire avec l'UDI et le PS, dont le binôme, arrivé troisième au premier tour, avait refusé de se désister.

L'union de la droite et du centre a également dominé les débats en Meuse, emportant 13 cantons sur 17. Mais le président sortant du conseil général, Christian Namy (UDI), a été battu dans son canton de Dieue-sur-Meuse face à un binôme DVD, dans le cadre d'une triangulaire avec le FN.

Dans les Vosges, sans surprise la droite s'est très largement imposée, emportant 15 cantons sur 17, 2 revenant à la gauche.

 

Paca

La droite a remporté dimanche une victoire "historique" lors des élections départementales dans les Bouches-du-Rhône, à gauche depuis des dizaines d'années, un succès qui couronne de bons résultats dans l'ensemble de la région Paca où le FN renforce son ancrage, mais sans réussir à prendre le Vaucluse. Cette victoire qualifiée d'"historique" par le sénateur-maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin, dont la protégée Martine Vassal devrait logiquement prendre la tête de l'exécutif local, marque la fin du règne de l'ex-PS Jean-Noël Guérini, lancé dans une guerre sans merci avec ses anciens camarades socialistes, et qui dirigeait le département depuis 1998. Toujours mis en examen, notamment pour association de malfaiteurs, malgré une première relaxe, celui qui a malgré tout été réélu à 68% dans son canton, a du reste prévenu ses meilleurs ennemis qu'il mènerait campagne aux régionales : "N'en déplaise à certains, mon combat politique ne s'arrête pas ce soir." La nouvelle assemblée départementale comptera 32 élus de droite sur 58, contre 16 sur 57 auparavant. La gauche, toutes tendances confondues, en aura 24. Avec deux élus, le FN y fait son entrée.

Deuxième département de la région qui aurait pu être le théâtre d'un coup de tonnerre dimanche, le Vaucluse, dont la majorité sortante était socialiste. Mais malgré ses bons résultats au premier tour, le FN n'est pas parvenu à l'emporter, se contentant de 3 cantons sur 17, soit 6 élus contre un seul dans la précédente assemblée. Gauche et droite ont 12 élus chacun, et la Ligue du Sud de l'ex-FN Jacques Bompard en compte quatre, laissant augurer des lendemains difficiles pour dégager une majorité départementale claire. "Notre beau département va retomber entre les mains de l'UMP et du PS qui se sont d'ores et déjà entendus à l'entre-deux-tours", a fustigé dimanche soir la députée d'extrême-droite du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen, mettant en cause un "mode de scrutin inique".

Dans le Var également qui demeure à droite, le secrétaire départemental du FN Frédéric Boccaletti a évoqué des "magouilles politiciennes" pour expliquer la défaite de son parti : après avoir remporté le canton de Fréjus - une ville qu'il dirige depuis 2014 - dès le premier tour, le FN a été devancé par les binômes de droite dans les 20 duels qui les ont opposés. En revanche, dans les deux derniers cantons du Var, dans lesquels le FN affrontait des binômes de gauche, le parti de Marine Le Pen l'a emporté. Dans ce département également, le parti de Marine Le Pen passe d'un élu à six. La gauche, elle, passe de 10 élus à zéro. La droite UMP-UDI comptera de son côté 40 élus dans le nouveau conseil.

Dans les Alpes-Maritimes, l'UMP a aussi réussi à défendre son bastion contre les assauts du FN, présent dans tous les cantons au second tour, mais qui n'a pas décroché un seul élu. Des duos UMP-UDI ont remporté 25 cantons sur 27, a annoncé le président sortant du conseil général Eric Ciotti, qui doit être confirmé jeudi à la tête de l'assemblée départementale. La gauche (qui totalisait huit élus dans l'assemblée départementale sortante) a remporté deux cantons, l'un avec un duo Front de gauche, l'autre avec un binôme socialiste.

Dans les Hautes-Alpes, la droite remporte 22 des 30 sièges de l'assemblée départementale, renforçant encore sa majorité de cinq sièges. La députée Karine Berger, secrétaire nationale du PS, a été battue sur le canton de Gap-2.

Seul point positif pour la gauche dans la région, les Alpes-de-Haute-Provence, où elle conserve la majorité. La future assemblée comptera 20 élus de gauche (18 PS et 2 DVG) et 10 de droite contre 24 élus de gauche et 6 de droite dans l'assemblée précédente. Le président sortant du conseil général, le député PS Gilbert Sauvan a réussi à sauver  sa place dans son canton historique de Castellane, à 57 voix près, face à un binôme UMP.

 

Languedoc-Roussillon

A l'inverse de la vague bleue nationale, la gauche qui détenait déjà l'Hérault, le Gard, l'Aude et les Pyrénées-Orientales, a réalisé dimanche le grand chelem lors des élections départementales en Languedoc-Roussillon, faisant tomber la Lozère dans son escarcelle. "On nous prédisait la perte d'un ou deux départements. Avec la Lozère, la gauche fait cinq sur cinq", s'est félicité le PS Damien Alary, président de la région où le FN, en force après le premier tour, n'a gagné que cinq cantons, trois à Béziers (Hérault) et deux dans le Gard.

La Lozère, où la gauche a remporté sept cantons (sur treize), est le seul département de France métropolitaine à basculer à gauche. Il s'agit d'une première dans l'histoire de ce département. Selon la droite, majoritaire (59,67%), le redécoupage a été déterminant. Il a entraîné la défaite de nombreux caciques, dont le député UMP Pierre Morel-A-L'Huissier.  Pour la présidence du département, Sophie Pantel (PS) semble la favorite pour prendre la succession de l'UMP Jean-Paul Pourquier. 

Dans le Gard, la gauche a remporté onze cantons contre dix à la droite mais le président sortant Jean Denat (PS), un proche de Manuel Valls qui était venu vendredi le soutenir, a été battu dans le canton de Vauvert par Nicolas Meizonnet (FN), l'attaché parlementaire du député Gilbert Collard, proche de Marine Le Pen.

Le PS Denis Bouad, premier vice-président, est candidat à la succession de M. Denat. Alexandre Pissas (DVG) pourrait aussi se positionner.  Dans ce département, la droite est allée à l'encontre de la ligne du "ni-ni" de Nicolas Sarkozy, appelant à voter à gauche quand elle était éliminée.  Présent dans 22 des 23 cantons, le FN avec 41,89% des suffrages est resté le premier parti du Gard. Mais il n'a gagné que les cantons de Vauvert et Beaucaire, la ville détenue par le frontiste Julien Sanchez. 

Dans l'Hérault, la gauche (44,83%) conserve sa majorité absolue et gagne treize cantons sur 25. Les candidats proche de Philippe Saurel, maire DVG de Montpellier, le caillou dans la chaussure socialiste, gagnent quatre cantons. L'UMP en emporte cinq. Enfin, malgré une présence du FN dans 22 cantons à l'issue du premier tour, seuls les candidats du maire de Béziers, Robert Ménard, proche du FN, se sont imposés dans les trois cantons de cette ville.

Dans les Pyrénées-Orientales, la gauche a sauvé la mise grâce aux triangulaires pour lesquels l'UMP-UDI ne s'était pas désisté. Elle a finalement emporté onze des dix-sept cantons alors que l'UMP-UDI seulement six. Le FN n'a aucun élu.  "La gauche réussit le tour de force de conserver une large majorité de sièges, avec à peine 32,55% des suffrages, contre 34,52% au FN et 32,94% a l'UMP-UDI. On voit clairement ( ) à qui a profité le vote FN", a commenté, amer, le leader départemental UMP-UDI, Jean Castex.  La gauche a remporté les sept triangulaires disputées. Mais l'extrême-droite a progressé de presque 7.000 voix entre les deux tours et manqué de peu (159 voix) un élu dans le canton de la Côte salanquaise.

Dans l'Aude, le PS et son allié le PRG ont conservé leur mainmise : victoire dans 18 des 19 cantons. La droite républicaine a gagné un canton et le FN, pourtant présent pour la première fois au second tour dans 18 cantons, n'a aucun élu.  La gauche a bénéficié d'un excellent report des voix du Front de gauche. Et dans ses duels avec le FN, elle a débordé son électorat traditionnel, recueillant des voix qui s'étaient portées au premier tour sur les candidats de droite.

 

Outre-mer

En outre-mer, la droite a gagné les élections départementales à la Réunion et à Mayotte, tandis que la Guadeloupe est restée sans surprise à gauche mais passée au PS. Dans ces trois DOM, le FN n'a recueilli que des scores très faibles (allant de 2,43% à 5,62% au mieux) et n'a passé nulle part le barrage du premier tour. La Martinique et la Guyane, qui deviendront des collectivités uniques en décembre, ne votaient pas.

- La Réunion est remportée par la droite, le PS s'écroule, le PCR résiste.

Rassemblés en plateforme d'"union de la droite", l'UMP, l'UDI et les DVD, qui rassemblaient 16 élus au conseil général, en compteront 28.  Cette victoire devrait garantir à Nassimah Dindar, présidente sortante UDI, de retrouver son poste, comme le prévoit la plateforme. Elle avait jusqu'alors présidé avec une majorité composée d'élus du centre et majoritairement de gauche (PS et PCR). Mais cette fois, elle s'était clairement engagée à droite. Le Parti socialiste sort affaibli de ce scrutin, passant de 11 à 6 élus. La défaite est notamment douloureuse à Saint-Denis: le canton du Chaudron, ce quartier populaire emblématique et fief du maire PS Gilbert Annette, est perdu. Trois députés PS en titulaires ou suppléants n'ont pas sauvé leur cantons. Lot de consolation, le premier fédéral réunionnais Philippe Le Constant sauve de peu le sien à Saint-Benoît. Premier parti de la Réunion pendant de nombreuses années qui a amorcé un déclin historique depuis 2012, le Parti communiste réunionnais (PCR) se maintient mieux que prévu. Alors qu'il risquait de n'avoir aucun élu, il conserve 4 des ses 11 sièges. La participation était de 51,12% (contre 43,81% au premier tour) dans le plus grand des DOM qui compte 571.491 électeurs.

- Mayotte : victoire de la droite dans 11 cantons sur 13.

La droite a confirmé son avance du premier tour avec 11 cantons sur 13 désormais étiquetés UMP (5), UDI (2) et divers droite (4). Les partis divers gauche remportent deux cantons. La précédente assemblée comptait 5 UMP, 2 UDI, 2 MDM (centre) et 8 sièges gauche et alliés. Le PS qui comptait 3 élus n'en a plus. Le 101e département (depuis 2011) a une fois encore fait preuve de civisme avec un taux de participation de 66,28%.  Le président sortant, Daniel Zaïdani (DVD), l'emporte dans son canton avec 58,29% des voix, malgré sa mise en examen en juin 2013 pour détournement de fonds et favoritisme. Celui qui fut le plus jeune président de conseil général de France avait été élu avec l'étiquette centre-gauche en 2011 mais avait changé de majorité en cours de mandat. Il s'est présenté cette fois comme DVD et a noué une alliance de circonstance avec l'UMP. Son parti, le MDM (Mouvement départementaliste mahorais devenu Mouvement pour le développement de Mayotte depuis l'accession au statut de DOM), "s'inspire aussi bien de la droite que de la gauche". M. Zaïdani pourrait conserver la tête du département mais Chihabouddine Ben Youssouf (DVG) et Attoumani Douchina Ahamed (UDI) sont également pressentis pour lui succéder.  A Mayotte, les étiquettes collent difficilement avec le prisme de lecture hexagonal et les personnalités priment dans ce petit territoire en cours de rattrapage économico-social. Vrai changement, les femmes investissent l'hémicycle départemental qui n'en comptait qu'une seule. Les nouvelles élues, majoritairement des conseillères municipales, sont très impliquées dans le milieu associatif.

- La Guadeloupe reste à gauche mais passe clairement au PS, la droite s'étiole.

Sur cette terre de gauche, l'enjeu du scrutin dans les 21 cantons était le rapport de force entre les deux pôles autour des personnalités que sont Victorin Lurel, ancien ministre des Outre-Mer, député PS et président du conseil régional, et Jacques Gillot, président sortant du conseil général, sénateur apparenté PS et étiqueté localement "Guadeloupe unie socialisme et réalité" (GUSR). Avec 26 élus sur 42, le PS de M. Lurel et ses alliés du PPDG détiennent la majorité absolue dans le nouveau conseil départemental, alors que M. Gillot, réélu dans son canton, ne compte plus pour son parti et ses alliés que 10 élus. Il avait présidé avec une majorité comptant le PS avant de s'en dissocier pour l'élection. M. Lurel sort renforcé, alors qu'il s'apprête à se représenter aux régionales en décembre. La droite, qui s'était maintenue dans 6 cantons, ne l'a emporté que dans 2 dont celui de la commune de M. Lurel (Vieux-Habitants). Outre ces 4 élus, un autre UMP a été élu avec une binôme DVG, inclassable. L'UMP compte donc 5 élus contre 6 auparavant. Par ailleurs, la figure emblématique de la droite locale et de la chiraquie, l'ancienne ministre Lucette Michaux-Chevry avait été largement battue au premier tour. Le taux de participation a été de 48,49% contre 48,51 en 2011.

 

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