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Lutte contre l'exclusion - L'aide alimentaire des CCAS touche des publics de plus en plus précaires

L'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale (Unccas) en avait déjà évoqué les grandes lignes lors de son congrès, les 27 et 28 septembre (voir notre article ci-contre du 28 septembre 2011). Elle publie aujourd'hui, dans sa nouvelle lettre "Enquêtes et observations sociales", les résultats de son étude sur "Les modalités d'implication des CCAS/Cias en matière d'aide alimentaire". Cette dernière - qui fut à l'origine de la création des CCAS - reste en effet l'une de leurs principales activités. L'étude, réalisée avec le concours de la direction générale de la cohésion sociale, se fonde sur l'exploitation de 1.045 réponses à un questionnaire diffusé par l'Unccas auprès de ses membres.
Le premier enseignement réside dans la variété des modes d'intervention. Le plus utilisé est sans conteste l'aide aux familles pour la restauration scolaire, pratiquée par 68% des CCAS répondants. Viennent ensuite les bons alimentaires (53%), les colis alimentaires (31%), la fourniture de chèques d'accompagnement personnalisés ou CAP (27%), la distribution de bons d'accès à une épicerie sociale (24%), les aides en espèces (19%) et les bons d'accès à un restaurant social (6%). Par ailleurs, 65% des CCAS ou Cias soutiennent au moins une association caritative distribuant des denrées et 29% mènent des actions de coordination entre les différents acteurs de l'aide alimentaire sur le territoire. De même, l'attribution d'aides alimentaires se double parfois d'actions d'accompagnement, particulièrement dans le cas de l'accès à une épicerie sociale : accompagnement à la gestion budgétaire, éducation nutritionnelle (alimentation et santé, préparation des repas)...

Trois catégories en forte hausse

La répartition entre les différentes formes d'aide varie fortement selon la taille de la commune ou de l'intercommunalité de rattachement. Ainsi, 66% des CCAS de moins de 3.000 habitants distribuent des bons alimentaires, alors que cette proportion tombe à 13% dans les collectivités de plus de 50.000 habitants. Ces derniers sont en revanche 74% à proposer des CAP, contre 2% chez les premières. L'étude montre également que la très grande majorité des aides alimentaires sont distribuées dans le cadre d'une procédure d'urgence, autrement dit sur décision d'un travailleur social ou d'un responsable administratif : 98% pour les bons alimentaires, 94% pour les CAP, 93% pour les aides en espèces, 92% pour les colis... La seule exception - relative - concerne les bons d'accès à une épicerie sociale (75% d'attribution en urgence), qui s'inscrivent parfois dans le cadre d'une démarche d'insertion. Même si les volumes d'octroi sont encadrés - 40% des CCAS déclarent avoir posé des limites à l'attribution des différentes aides -, les aides alimentaires sont souvent renouvelées.
On retiendra aussi de l'étude la nette hausse des demandes d'aide alimentaire et des attributions correspondantes. Sur les aides en espèces par exemple, 64% des CCAS disent observer une augmentation des demandes et 61% indiquent avoir augmenté l'octroi de telles aides. Ces proportions sont respectivement de 63% et 60% pour les bons alimentaires, de 63% et 58% pour les CAP et de 61% et 61% pour les colis. Trois grandes catégories de publics sont identifiées comme représentant un nombre croissance de demandes : les personnes exerçant une activité professionnelle, les familles monoparentales et les retraités.
A noter : la lettre de l'Unccas consacrée aux études propose aussi une monographie sur la gestion d'épiceries et de restaurants sociaux, ainsi qu'un zoom sur les autres interventions des CCAS et des Cias en matière d'aide alimentaire. On y a apprendra notamment que les Restos du Cœur sont - de très loin - l'association la plus soutenue par les CCAS : 51% de citations, contre 25% pour le Secours catholique et la Banque alimentaire, 24% pour le Secours populaire et 19% pour la Croix-Rouge.

Jean-Noël Escudié / PCA