L’association Échanges paysans Hautes-Alpes cultive des liens pour l’approvisionnement local (05)

Soutenue par les pays du Grand Briançonnais et du Gapençais, cette plateforme de distribution de produits agricoles en circuits courts réalise un travail d’accompagnement sur la commercialisation, la qualité des produits ou encore l’organisation des filières.

Le besoin d’un outil de mise en relation entre restaurateurs, collectivités et producteurs locaux a émergé en 2010, suite à un travail de diagnostic de territoire mené par la chambre d’agriculture et le Parc national des Écrins avec de nombreux autres acteurs.

  • Des citoyens s’engagent pour le circuit court

Une trentaine de citoyens s’impliquent en vue d’organiser une plateforme de distribution de produits agricoles en circuits courts entre producteurs des Hautes-Alpes. Ils créent en 2013 l’association Échanges paysans Hautes-Alpes (EP05), qui obtient alors le soutien des pays du Grand Briançonnais et du Gapençais , via des fonds Leader : 120.000 euros sur trois ans pour l’investissement, notamment dans un véhicule frigorifique et une chambre froide, et le fonctionnement.

  • Projet de territoire pour l’autonomie alimentaire

"Nous sommes engagés depuis longtemps sur le changement climatique et la transition écologique. Échanges paysans répondait à notre projet de territoire sur l’autonomie alimentaire et aux besoins des professionnels", explique le président du pays du Grand Briançonnais, Pierre Leroy.

  • Une cinquantaine de producteurs, 140 clients publics et privés, cinq salariés

Devenue un acteur reconnu de l’approvisionnement local pour la restauration collective, cette plateforme de distribution réalise en 2018 l’interface commerciale et logistique entre une cinquantaine de producteurs des Hautes-Alpes et 140 clients, publics et privés. Un maillage essentiel dans ce département où les communes de montagne sont parfois enclavées et où l’offre et la demande sont dispersées. L’association compte cinq salariés pour un volume d’affaires d’environ 920.000 euros. Les objectifs des pays - soutenir l’agriculture locale, développer les filières, participer à la relocalisation et à l’amélioration de la qualité des produits - rejoignent ceux de l’association, ce qui a été essentiel pour lancer l’activité.

  • Projet difficile à monter

Mais la phase d’émergence a été compliquée selon le directeur d’EP05, Marc Lourdaux : "Les techniciens des collectivités locales ont été moteurs dans ce projet grâce leur connaissance du territoire." En outre, la commande publique de la ville de Briançon pour la cantine a été stimulante. Leurs besoins et attentes ont permis de finaliser le premier catalogue, des plannings de livraisons... Ensuite, nous avons grandi petit à petit en livrant d’autres services de restauration scolaire et de nombreux acteurs privés, des restaurants et centres de vacances. Cela permet de limiter les coûts et donc les risques."

  • Partenariat avec d’autres plateformes et des circuits de distribution bio…

La ville de Briançon, leur premier client avec environ 120.000 euros d’achats par an, est la seule commune à passer par une procédure d’appel d’offres publique, les autres ayant des volumes d’achat en dessous du seuil obligeant à passer par cette procédure. EP05 livre aussi des lycées, y compris dans le Var ou les Alpes-Maritimes en collaboration avec d’autres plateformes (cf. encadré) et des structures privées. Grâce à un partenariat avec Biocoop restauration (environ 35% du volume d’affaires global d’EP05), elle offre un complément de gamme en produits bio, notamment d’épicerie. Les produits laitiers (47%), la viande (23%) et les fruits et légumes (22%) de producteurs locaux représentent toujours l’essentiel des produits achetés via la plateforme.

  • Accompagnement et animation sont essentiels

Le développement aura nécessité beaucoup de temps d’animation, de sensibilisation et d’accompagnement au "changement". "Certaines personnes pensent que le marché peut s’organiser de manière spontanée, observe le directeur. Mais créer des plateformes en ligne cela ne suffit pas. Il faut aussi travailler sur la logistique, faire se rencontrer les acteurs, trouver les bon arrangements…" EP05 travaille aussi avec les paysans sur la construction des prix, la qualité des produits ou le conditionnement. Régulièrement sollicitée par les collectivités, l’association intervient sur des actions de sensibilisation auprès des cuisiniers, des convives, des parents…

  • Perspective : créer une structure d’animation ?

"Notre marge est de 20% et nous devrions être rentable d’ici à 2020. Mais est-ce le seul objectif ?", poursuit le directeur. Alors que le soutien financier des pays, complété par une aide du département, n’est garanti que jusqu’en 2020, EP05 pourrait créer une nouvelle structure qui effectuerait toutes les activités d’animation et de sensibilisation, un travail "d’intérêt général" selon le directeur.

  • Limiter les émissions de CO2

De son côté, le président du pays du Grand Briançonnais espère qu’un contrat de transition écologique et solidaire sera bientôt signé avec l’État afin de soutenir ce type d’initiatives : "Notre rôle, en tant que collectivité, c’est d’identifier tous les projets permettant de limiter les émissions de CO2 et de trouver des financements."

Outil de mise en lien des plateformes pour la Provence

La société coopérative d’intérêt collectif (Scic) Manger bio en Provence, créée fin 2018, regroupe plusieurs plateformes de la région comme EP05, Agribio Provence 83 et la plateforme paysanne locale (13). Sa mission sera de gérer et d’organiser collectivement et de manière complémentaire, l’approvisionnement de la restauration hors-domicile en produits bio, en privilégiant les produits régionaux.

PETR du Briançonnais, des Ecrins, du Guillestrois et du Queyras

Nombre d'habitants :

34281

Nombre de communes :

38
Rue des Écoles
05600 Guillestre

Pierre Leroy

Président

Echanges paysans Hautes-Alpes

Axipark, 8 rue des Compagnons
05000 Gap

Marc Lourdaux

Directeur

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