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Déplacements - L'association TDIE préconise un schéma national de la mobilité durable à l'horizon de 20 ans

L'association TDIE (Transport, Développement, Intermodalité, Environnement), qui regroupe des parlementaires et des acteurs du transport, a demandé le 30 septembre la mise en place d'un "schéma national de la mobilité durable" planifiant les objectifs et les priorités de la politique des transports finançables à un horizon de 20 ans. TDIE s'était déjà livrée à cet exercice de prospective au moment de la préparation du Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (Ciadt) en 2003, puis en 2007 en présentant un livre blanc sur les transports destiné à chacun des candidats à l'élection présidentielle. Aujourd'hui, ses propositions s'inscrivent dans le cadre de la mise en oeuvre du Grenelle de l'environnement, alors que le projet de loi Grenelle 1 arrive en discussion dans les prochains jours à l'Assemblée nationale.
L'article 15 du projet de loi prévoit justement un "schéma national des infrastructures de transport" mais TDIE plaide pour un amendement lui substituant un "schéma national de la mobilité durable", avec comme idées forces une "volonté de réalisme" et un "esprit de proximité", selon Philippe Duron, député-maire de Caen et co-président de TDIE.
TDIE a avancé dans ce cadre dix propositions en matière de transport correspondant à un financement global de 120 milliards d'euros sur 20 ans, dont la part Etat, émanant de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) de 50 milliards d'euros.

 

Priorité au ferroviaire

Dans le cadre budgétaire des 2,5 milliards d'euros annuels affectés à celle-ci, TDIE préconise de "consacrer une part majoritaire au ferroviaire", soit 1,5 milliard d'euros, et de répartir les financements à parts égales entre les lignes à grande vitesse (LGV), le fret ferroviaire et le réseau ferré urbain et interurbain. Pour les LGV, l'association estime qu'il faut finaliser les 1.200 km qui peuvent être achevés avant 2020 en donnant la priorité aux liaisons européennes, aux dessertes des régions peuplées excentrées et aux dessertes aéroportuaires. En matière de fret ferroviaire, TDIE appelle de ses voeux la tenue d'un Comité interministériel d'aménagement et de compétitivité des territoires (Ciact) portuaire avant la fin 2009 pour traiter notamment la question de la desserte ferroviaire des ports maritimes et de leur hinterland. Elle plaide aussi pour la réalisation d'un schéma national des plates-formes de transport combiné.
Pour les voyageurs, TDIE défend également la régénérescence et l'organisation d'un réseau complémentaire de services ferroviaires rapides intervilles. Pour cela, il faut selon elle développer le cadencement, moderniser le matériel et les gares de correspondance, accroître la vitesse commerciale et élargir les compétences des autorités organisatrices de transport. "Elles pourraient se transformer en autorités organisatrices de la mobilité, suggère Philippe Duron, en prenant en compte les nouveaux modes de déplacement comme le covoiturage ou en organisant la programmation des infrastructures routières d'une agglomération."

 

Modernisation du réseau routier existant

TDIE estime que 500 millions d'euros par an devraient être consacrés à la modernisation du réseau routier existant, à la fois pour améliorer la fluidité des grands axes internationaux, traiter les noeuds de congestion par des contournements en périphérie des villes, réaliser des aménagements de confort et de sécurité sur des itinéraires interurbains rapides et faciliter la desserte de territoires encore isolés.
Parmi ses autres priorités, l'association met aussi l'accent sur le développement du transport fluvial à grand gabarit, telle la liaison Seine Nord Europe, l'accélération de la rénovation du réseau magistral, le renforcement des ports fluviaux et le développement des ports secs des grands ports (240 millions d'euros par an). TDIE propose aussi que l'Afitf consacre 200 millions d'euros par an aux transports collectifs urbains. Elle propose de soutenir les investissements et l'intermodalité des réseaux et de conditionner les développements de l'urbanisation aux extensions de transports en commun en site propre. Enfin, pour les 40% de Français vivant dans des territoires à faible densité, elle préconise de développer des services de mobilité adaptés (transports à la demande, covoiturage, services de rabattement vers les gares routières et les gares TER).
TDIE estime qu'un tel schéma de la mobilité durable pourrait se traduire dans le projet de loi Grenelle 1 et propose aux parlementaires un certain nombre d'amendements en ce sens.

 

Anne Lenormand