Le Cese appelle à lutter "contre le mal-être croissant chez les jeunes"
Dans un avis auquel 20 jeunes de 12 à 18 ans ont contribué, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) demande à l’État et aux collectivités territoriales d’agir de façon préventive et coordonnée sur tous les déterminants de la santé mentale des enfants, des adolescents et des jeunes adultes. Parmi les propositions : la mise en place d’un couvre-feu numérique, la généralisation de la "pause numérique" à tous les établissements scolaires et le soutien pérenne aux structures – associatives en particulier - favorisant la sociabilisation "réelle", le sport et l’engagement des jeunes.
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"Il faut se donner les moyens d’une approche préventive et holistique et agir dans les politiques publiques pour lutter contre le mal-être croissant chez les jeunes." Dans un avis adopté le 14 octobre 2025, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) apporte sa pierre à l’édifice des travaux produits en cette année de grande cause nationale autour de la santé mentale (voir notre article du 1er août 2025). Alertant sur la dégradation des indicateurs concernant les enfants et les jeunes et rappelant que "75% des troubles psychiques se développent avant 25 ans", le Cese indique avoir bâti son avis à partir de la contribution de 20 jeunes de 12 à 18 ans qui ont été tirés au sort et associés à la réflexion en partenariat avec la Dynamique pour les droits des enfants (réunissant notamment l'Unicef France, SOS Villages d'Enfants, l’Anamaaf, APF France Handicap et l’Anacej).
Cette méthode a conduit l’assemblée représentative de la société civile organisée à se pencher sur les déterminants de santé mentale que sont les conditions de vie, le contexte familial et le soutien social, le système scolaire ou encore les écrans.
Couvre-feu numérique
S’il n’est pas le seul thème abordé, le rapport au numérique fait l'objet de préconisations spécifiques pour limiter l’usage des écrans et des réseaux sociaux, dont "la mise en place, par les moyens techniques appropriés, d’un couvre-feu numérique pour les mineurs de 22 heures à 8 heures" et "la généralisation du dispositif de pause numérique à tous les établissements, de la maternelle au lycée". Mais l’impact du numérique sur le bien-être des jeunes est aussi mentionné à plusieurs reprises dans le reste de l'avis.
Ainsi, lorsqu’il est question de "pression" liée au système scolaire : "les devoirs, les attentes des parents sur les résultats scolaires, les outils numériques (comme Pronote) ne permettent pas de coupure et l’école se 'poursuit' à la maison". L'utilisation de tels outils n'est cependant pas remise en cause, le Cese préférant préconiser plus généralement une refonte des rythmes scolaires pour que ces derniers respectent davantage "les besoins fondamentaux de l'enfant". L'épineux sujet devrait faire l'objet de propositions plus précises dans le cadre de la convention citoyenne sur "les temps de l’enfant" (voir notre article du 7 juillet 2025).
Recréer des lieux de sociabilité "réelle" et soutenir les associations
Autre constat : les adolescents "manquent d'espaces, de lieux où se réalisent les échanges entre pairs et une sociabilité 'réelle' (pour l'opposer à la sociabilité du numérique)". Quant à "l'absence d'engagement dans des pratiques sportives ou culturelles", il "va de pair avec un sentiment accru d'isolement". Le Cese recommande donc de "répondre aux attentes des jeunes en termes d'espaces de sociabilité, de sport, de loisirs et d'engagement", en particulier à travers "un financement pérenne" des structures concernées. Renvoyant à un autre avis sur le sujet (voir notre article du 30 mai 2024), le Cese rappelle que les baisses des subventions aux associations sont "sources d'inquiétude" et juge nécessaire de "mettre davantage l'accent sur l'impact négatif de cette tendance sur le bien-être des jeunes".
Les autres préconisations du Cese ont déjà été formulées dans nombre de rapports sur la santé mentale et la psychiatrie : renforcer les effectifs et les moyens des professionnels de la santé des enfants et des jeunes, conduire des campagnes de sensibilisation, généraliser les formations de type "Premiers secours en santé mentale" – en l'occurrence, pour les adultes qui encadrent les jeunes au quotidien - ou encore bâtir une stratégie nationale pluriannuelle en matière de santé mentale avec un chapitre consacré aux jeunes. Le Cese demande enfin que les conseils locaux de santé mentale (CLSM) disposent de moyens suffisants pour mettre en œuvre des projets favorables à la santé des enfants et des jeunes.