Le covoiturage au quotidien s'est accéléré avec la prime de 100 euros

Les trajets quotidiens en covoiturage se sont accélérés avec la prime de 100 euros annoncée fin 2022, selon les chiffres publiés ce 13 juillet par le gouvernement, mais il reste beaucoup à faire pour généraliser cette pratique.

Un peu plus de six mois après son lancement (voir notre article du 13 décembre 2022), le "plan national covoiturage du quotidien" enregistre un bilan "positif" s'est félicité le gouvernement ce 13 juillet, à l'occasion d'un comité ministériel de suivi réunissant Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, et Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports.

Au 1er juillet 2023, 130.000 nouveaux conducteurs avaient réalisé des trajets enregistrés sur les plateformes de covoiturage, ouvrant droit au versement d'une prime de 100 euros. Le nombre de trajets a ainsi doublé sur les six premiers mois de l'année, par rapport à début 2022 : plus de 5 millions de trajets ont été enregistrés par les plateformes, pour une économie estimée à 7,7 millions de litres de carburant. "C'est très bien, mais on a consommé 20 milliards de litres sur le semestre", a relativisé la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, lors du comité de suivi du dispositif. "On peut faire mieux !" Les trajets plébiscités ont lieu en Île-de-France et autour de Rouen notamment, mais aussi entre Annecy et la Suisse, ou entre Nice et Monaco, selon l'Observatoire du covoiturage.

Soutien du fonds vert aux projets de covoiturage des collectivités

Outre l'aide de 100 euros aux nouveaux conducteurs pour les inciter à démarrer le covoiturage, le plan gouvernemental, qui a été doté de 150 millions d'euros au total, prévoit un soutien en complément de l'appui des collectivités territoriales sur le principe "1 euro de l'État pour 1 euro de la collectivité" et une mobilisation du fonds vert à hauteur de 50 millions d'euros en 2023 pour soutenir les collectivités dans leurs projets de développement d'infrastructures de covoiturage (aires, lignes ou expérimentation de voies dédiées). Ainsi, selon le gouvernement, plus de 8 millions d'euros de projets de collectivités ont déjà été financés par l'État via le fonds vert : 26 dispositifs d'animation locale, 18 campagnes d'incitation, 91 nouvelles aires et 22 lignes de covoiturage. 164 projets sont en cours d'instruction, représentant 25 millions d'euros de demandes de soutien de l'État.

Pour inciter les employeurs à promouvoir le covoiturage auprès de leurs collaborateurs, une charte d'engagement vient aussi d'être lancée. On compte parmi les 16 premiers signataires, représentant près d'un million de salariés, La Poste, Les Mousquetaires, Carrefour, EDF, Auchan et Cap Gemini. De nombreux événements culturels ou fédérations sportives centralisent également les offres de covoiturage, à l'image du festival Solidays ou de la Fédération française de football, qui offre des places pour des matchs aux covoiturages les plus longs.

Alors que quelques milliers de cas de fraude ont déjà été identifiés, comme des personnes réalisant le même trajet avec des comptes ouverts sur deux portables, le gouvernement assure aussi avoir mis en place depuis un "plan de lutte", avec un renforcement de l'identification des covoitureurs ou des campagnes de bannissements des fraudeurs sur les plateformes. Ces actions seront encore renforcées dans les prochains mois, selon les ministères.

Notoriété du plan à renforcer

Si le covoiturage représente désormais 3% des trajets longue distance, sa pratique au quotidien reste cependant une goutte d'eau dans les transports (0,01% selon Blablacar). Les plateformes enregistrent moins de 40.000 trajets par jour en moyenne (déclarés, car de nombreux trajets sont aussi informels), pour 100 millions de déplacements effectués en voiture chaque jour en France, pour se rendre ou revenir du travail, emmener les enfants à l'école ou faire des courses.

L'objectif, très ambitieux, du "plan covoiturage" est d'atteindre à terme trois millions de trajets quotidiens, ce qui permettrait à la France d'éviter 1% de ses émissions de gaz à effet de serre. "Tout le challenge c'est d'atteindre une densité qui fait qu'on trouve plusieurs trajets par jour sur une même destination", a souligné Nicolas Brusson de Blablacar. "La notoriété du plan est encore faible", a-t-il ajouté . "Le plan est très jeune, on est au début du marathon." Une nouvelle campagne de communication sera lancée par les ministères concernés à la rentrée de septembre.