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Sports - Le football, un grand corps malade pour les élus locaux du sport

"Le football français est malade et ce n'est pas en jetant le thermomètre que l'on va faire baisser la température." Pour Jacques Thouroude, président de l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes), non seulement, il faut avoir un œil sur le thermomètre qui indique que les effectifs du football, premier sport en termes de licenciés et de clubs, fondent dans notre pays (voir ci-contre notre article du 7 novembre 2011), mais encore développer des outils de diagnostic. C'est ce qu'a fait l'Andes avec son étude "La perception du football amateur par les élus en charge du sport", réalisée en collaboration avec l'Association française de football amateur (Affa) et rendue publique mardi 16 octobre.
Pourquoi une telle étude ? Parce que "les communes sont de loin des premiers partenaires du football amateur que ce soit en termes de mise à disposition d'infrastructures ou de subventions de fonctionnement". L'étude, réalisée du 24 avril au 12 juin 2012, a recueilli 303 réponses et témoignages d'élus représentatifs de l'ensemble des communes, départements et régions de métropole et d'outre-mer.
Le contact entre élus et dirigeants de clubs est le premier élément sondé par l'étude. Il en ressort que les rencontres sont relativement fréquentes : de trois à quatre fois par an pour 40% des élus ; de une à deux fois par mois pour 34% des élus ; et hebdomadaires pour 25%. Par ailleurs, ces élus se disent relativement bien informés sur l'ensemble des chiffres clés concernant les clubs (nombre de licenciés par catégorie, actions du club). En revanche, les moyens d'action et les aides apportées par la Fédération française de football (FFF) et ses différents échelons (districts départementaux et ligues régionales) sont plus obscurs pour les élus.

Des amendes en travers de la gorge

Outre ce manque de transparence, il est un sujet qui fâche les élus : le système des amendes infligées aux clubs (pour sanctions disciplinaires lors des matchs, mais aussi absences à des réunions ou erreurs dans les documents administratifs – voir ci-contre notre article du 14 avril 2011) qui obèrent largement les budgets et donc pèsent sur les subventions publiques. Le produit de ces amendes représente pour la moitié des élus locaux entre 5 et 10% du budget des clubs et peut atteindre 40 à 50% du budget annuel d'un district. Pour 61% des élus, le système actuel des amendes est pénalisant pour les clubs amateurs, et pour 65% il devrait être revu.
Malgré ce sombre tableau, les communes continuent de soutenir la pratique du football à travers leurs investissements. 80% des élus affirment mener ou envisager de mener d'ici la fin de leur mandat des investissements. Il s'agit pour 23% de la construction ou de la rénovation de vestiaires et pour 21% de la construction de terrains synthétiques. En revanche, la tendance est nettement à la stagnation (pour 65% des élus), voire à la baisse (33%) des subventions aux clubs. Seuls 2% des collectivités envisageant une hausse des aides.
Alors que l'élection du président de la FFF aura lieu le 15 décembre prochain, les élus souhaiteraient resserrer leurs liens, aujourd'hui distendus, avec les dirigeants du football français. "Nos clubs amateurs me semblent souffrir d'une organisation de leur fédération peu démocratique. Je crains que les dirigeants bénévoles ne finissent par baisser les bras et que les communes soient dans l'obligation de mettre en place des écoles municipales de football", résume Gilbert-Luc Devinaz, élu de Villeurbanne. De précédents travaux sur les statuts de la FFF avaient envisagé la participation de droit de représentants des collectivités aux instances du football, mais ces dispositions n'avaient finalement pas été retenues.