Le marché à trois opérateurs mobiles favorable à la mutualisation

Les sénateurs ont auditionné mercredi 5 novembre deux experts sur la perspective de passer de quatre à trois opérateurs verticaux. Cette consolidation pourrait profiter à la mutualisation mais conforte la nécessité des RIP pour répondre aux enjeux d'équité territoriale.

Depuis l'offre conjointe d'Orange, Free et Bouygues Télécom pour racheter SFR – qui a buté sur le prix proposé (voir notre article du 15 octobre 2025) –, les élus s'interrogent sur les conséquences d'une consolidation qui réduirait à trois le nombre d'opérateurs en France. Un sujet sur lequel la commission des affaires économiques du Sénat a auditionné deux économistes le 5 novembre 2025. 

Davantage de mutualisation 

Côté prix, les deux experts interrogés estiment les risques de flambée limités, même si "le marché est arrivé à un plancher tarifaire" selon Thierry Pénard, professeur à l'université de Rennes 1. La concurrence se déplacerait davantage vers les services. Côté déploiement et couverture, il y a du bon et du moins bon. Face aux investissements massifs nécessités par la 5G et de la future 6G et à la pression des Gafam, les opérateurs mobiles vont devoir davantage mutualiser les infrastructures, avec un potentiel rattrapage des retards observés. 
La mutualisation, à laquelle les élus sont très attachés, pourrait aussi "améliorer l'efficacité énergétique des réseaux" fait valoir Marc Bourreau, professeur à Télécom Paris. Les experts estiment cependant que la concentration pourrait conduire les trois opérateurs à délaisser les territoires peu rentables. 

Maintien des obligations de couverture

Les sénateurs ont à cet égard appelé à la vigilance de l'Arcep sur le maintien des engagements de déploiement pris par SFR, notamment en matière de 5G. Une vigilance qui s'impose d'autant plus que les réseaux traditionnels sont désormais en concurrence avec le satellite. Un phénomène notamment observé à Mayotte avec le succès de l'offre américaine Starlink après le passage du cyclone Chido. Une percée qui soulève des "enjeux de souveraineté et de régulation" estime Thierry Pénard puisque les opérateurs satellitaires ne sont pas soumis aux mêmes règles que les opérateurs traditionnels. 

Consolider les RIP

Face à ces bouleversements, le rôle des réseaux d'initiative publique (RIP) devient "encore plus déterminant", ont relevé les sénateurs. La consolidation du secteur impose un dialogue renouvelé entre collectivités et opérateurs pour optimiser les investissements publics-privés. D'autant que la vulnérabilité climatique des infrastructures alourdit les coûts de maintenance. Ces échanges ont conforté le sénateur Patrick Chaize dans son projet de pousser la création d'un fonds de péréquation dans le cadre de la loi de finances "pour faire en sorte de neutraliser le coût du réseau et qu'on paye la même chose où que l'on soit sur le territoire". Ce fonds, accompagné d'une révision des tarifs d'accès aux RIP, doit aussi permettre de préserver l'équilibre économique des réseaux publics supportant les coûts les plus importants.

Cette restructuration n'est cependant pas pour demain. Outre la négociation sur le prix de SFR, elle nécessitera un avis de l'autorité de la concurrence et l'autorisation de la Commission européenne. 
Or l'Europe a déjà bloqué plusieurs consolidations similaires, ont rappelé les experts.

 

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