Le Sénat approuve la création d'un établissement public du commerce et de l’industrie en Corse
Le Sénat a approuvé ce 2 juin la création d'un établissement public du commerce et de l'industrie en Corse, nouvelle entité placée sous la tutelle de la collectivité de l'île et chargée de la gestion des ports et aéroports, stratégiques sur le territoire. Les sénateurs ont validé à l'unanimité cette évolution institutionnelle voulue par le gouvernement, via l'adoption en première lecture d'un projet de loi désormais transmis à l'Assemblée nationale. L'Assemblée de Corse avait également donné son accord unanime à cette initiative en mars dernier.
Le texte de loi prévoit la création au 1er janvier 2026 d'un "établissement public du commerce et de l'industrie de Corse", qui supplantera la chambre de commerce et d'industrie (CCI) et aura pour vocation de reprendre l'ensemble de ses missions et d'intégrer les quelque 1.000 agents de l'actuelle CCI. Dotée d'un statut particulier qui lui octroie de nombreuses compétences, la collectivité de Corse avait concédé il y a une vingtaine d'années la gestion des aéroports et des ports de commerce de l'île à la CCI. Mais ces contrats arrivent à expiration fin 2025, faisant planer le risque d'une mise en concurrence pour réattribuer la gestion de ces infrastructures stratégiques pour l'économie et le tourisme du territoire. Avec la crainte exprimée localement de voir certains acteurs privés débarquer sur ce marché.
La création de cet établissement public sous tutelle de la collectivité répondra à ces inquiétudes car elle permettra d'éviter toute mise en concurrence préalable. C'est la "garantie d'une maîtrise d'ouvrage publique des infrastructures (...) la garantie d'une qualité de service pour les citoyens", a salué le ministre de l'Aménagement du territoire François Rebsamen. C'est "une avancée concrète pour le développement économique insulaire", a-t-il ajouté.
La gestion des aéroports et des ports de commerce est cruciale en Corse, où le secteur du tourisme représente plus de 40% du PIB local, et où 95% des produits agricoles et alimentaires consommés sur l'île sont issus d'importations, selon un rapport du Sénat. Cette réforme écartera "tout risque de monopoles décisionnels et permett(ra) au contraire une synergie constructive au service de l'économie corse", a souligné le sénateur de la Haute-Corse Paul Toussaint Parigi (groupe Union centriste). Son homologue de Corse-du-Sud Jean-Paul Panunzi (Les Républicains) s'est également réjoui d'une réforme qui empêchera les "groupes internationaux" de "développer en Corse une vision contraire aux intérêts qui sont les nôtres".