Archives

Emploi - Le syndicat CFTC de l'insertion inquiet pour l'avenir des missions locales

Après de longues négociations, les missions locales avaient obtenu il y a quelques mois la reconnaissance de l'Etat pour leur plus-value et leur positionnement spécifique auprès des jeunes. La mise en place d'un grand service de l'orientation et de l'accompagnement souhaité par le nouveau gouvernement pourrait changer la donne. C'est ce que redoute le syndicat CFTC de l'insertion.

Après une période de quiétude, suite à la reconnaissance par l'Etat de leur plus-value, l'avenir et le positionnement des missions locales pourraient être remis en question. C'est en tout cas ce que craint le syndicat CFTC de l'insertion. Au centre de ses préoccupations : la mise en place d'un grand service public de l'orientation et de l'accompagnement, ses conséquences sur le financement et le rôle des missions locales. L'objectif de ce service, promis par François Hollande pendant la campagne, serait de pallier les faiblesses de l'actuel service public de l'orientation et des nouveaux labels "Orientation pour tous". D'après les premières réflexions, l'idée est d'articuler le système éducatif (collège, lycées, missions orientation des universités) avec les autres partenaires, y compris les missions locales. "C'est une bonne idée sur le papier mais la démarche nous inquiète. Ce qui me gêne dans cette plateforme, c'est de savoir où vont se situer les missions locales", explique Pierre-André Knidel, président de l'union régionale CFTC Lorraine, dont le syndicat exige que les missions locales soient à la table des négociations pour la constitution de ce grand service de l'insertion. Le président de l'Union nationale des missions locales (UNML), Jean-Patrick Gille, a lui aussi demandé, dans un courrier adressé le 21 mai 2012 au Premier ministre, que les missions locales fassent partie des structures consultées pour la création de ce nouveau service et puisse participer à la réflexion. "La prise en compte de la jeunesse ne se résume pas à une simple addition de nouveaux dispositifs. Elle nécessite une réflexion approfondie sur la place des jeunes dans notre société, avec l'accès de tous au droit commun et la prise en compte de leur participation, insiste Jean-Patrick Gille dans son courrier. Notre légitimité à nous inscrire dans le débat national qui s'ouvre tient à la spécificité de l'action des missions locales qui repose sur le projet associatif qu'elles portent et sur l'adaptation locale et décentralisée des politiques nationales."

"Quelle sera la place des missions locales ?"

Autre inquiétude des missions locales : l'acte III de la décentralisation qui devrait être lancé par le nouveau gouvernement. A l'heure actuelle, le plus gros du budget du réseau des missions locales (230 millions d'euros, soit 60% de leur budget) est financé par l'Etat. Cet apport financier pourrait être remis en question si les régions prenaient entièrement la main. L'acte III de la décentralisation relance la question de la pérennisation du socle financier des missions locales. "Les salariés ont déjà peur pour leur devenir et se demandent à quelle sauce ils vont être mangés, grince Pierre-André Knidel. Quand il y a fusion, il y a gain de productivité et donc des salariés vont se retrouver dans des situations sociales difficiles…" Actuellement, le réseau compte 450 missions locales auxquelles s'ajoutent 5.000 points de contact qui accompagnent 1,3 million de jeunes en situation plus ou moins précaire. "Dans ce nouveau service de l'insertion, quelle sera la place des missions locales ?, interroge encore Pierre-André Knidel. Nous n'avons pas envie de voir un démantèlement du réseau au profit d'un regroupement sur l'insertion." Le syndicat souhaite que les missions locales soient institutionnalisées, au même titre que les maisons de l'emploi, et que leur budget soit pérennisé. Un ensemble d'actions sont prévues à l'automne, à l'occasion des trente ans des missions locales.