Légumerie et restauration collective vont très bien ensemble (90)

Laver, éplucher et conditionner les légumes destinés à la restauration collective est indispensable si l'on souhaite développer l'agriculture de proximité. C'est ce qu'a bien compris le conseil général du Territoire de Belfort. Parallèlement à un travail de sensibilisation et d'accompagnement des professionnels et des consommateurs, le Conseil général a soutenu la création d'une légumerie afin de pérenniser la filière.

Le Territoire de Belfort est un département de 60 km2, densément peuplé, dans une région très industrielle. "L'agriculture y est le parent pauvre, n'hésite pas à dire Anne-Marie Forcinal, vice-présidente en charge de l'environnement. Ce sont pourtant les agriculteurs qui sculptent les paysages et qui, de ce fait, participent à la qualité de vie de tous les habitants." Afin de soutenir les maraîchers, le conseil général a décidé d’encourager l’approvisionnement des collèges en produits frais de proximité. L'enjeu est de taille car 410.000 repas sont servis chaque année dans les collèges du Territoire de Belfort.

Enquête, constat, frein à lever

En 2010, le conseil général conduit une enquête auprès de l'ensemble des collèges. Les réponses montrent que les chefs de cuisine et les gestionnaires sont intéressés par cette approche locale de l'approvisionnement, mais qu’ils manquent de moyens humains pour assurer certaines tâches tels que l'épluchage et lavage des produits frais. Afin de surmonter cet obstacle, le Conseil général envisage plusieurs solutions pour faire appel à un intermédiaire, comme celle d'avoir recours à une entreprise d'insertion. Finalement, le département se tourne vers l'Adapei (Association départementale de parents et amis de personnes handicapées mentales), qui gère des établissements et services d'aide par le travail.

Mobiliser des partenaires, les mettre autour d'une table, soutenir l’expérimentation

Le nettoyage et l'épluchage des légumes est une activité bien adaptée aux personnes en situation de handicap mental. L'Adapei, qui cherche à se diversifier, est prête à équiper un petit local pour tester le dispositif. Le conseil général subventionne la mise en place de la légumerie à hauteur de 10.000 euros, soit le tiers de l'investissement nécessaire. "Nous avons mis les acteurs autour d'une table, explique Myrtille Le Motheux, chargée de mission au conseil général. Ensuite, l'Adapei a passé un contrat avec trois collèges pilotes et un agriculteur. Chacun y a trouvé son compte. Rapidement le dispositif fait tache d'huile."

Montée en puissance : 9 collèges, nouvel atelier, plateforme internet

En 2013, neuf collèges et plusieurs collectivités, et des restaurateurs privés ont adopté le dispositif. Pour accompagner cette croissance, l'Adapei a fait construire un nouvel atelier de 200 m2 sur les hauteurs de la ville de Belfort. Tous les légumes à éplucher passent par là. L'étape suivante commence en 2014 lorsque le Territoire de Belfort adopte le logiciel "Agrilocal", qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs départements. Un simple site internet met en relation producteurs et consommateurs. Au-delà des collèges, de nombreuses collectivités peuvent être intéressées : les maisons de retraites, les lycées via le conseil régional, la ville de Belfort...

Se donner les moyens d’accompagner cette évolution

Le  conseil général du Territoire de Belfort s’est donné les moyens d’accompagner cette évolution. D’abord par un travail de sensibilisation, tant auprès des élèves que des professionnels des cantines scolaires. Dès le départ, un cycle de formation "Plaisir à la cantine", élaboré par le ministère de l'Agriculture a été mis en place à destination des chefs de cuisine et collégiens. Ce travail a été poursuivi et approfondi par la suite par le Service de sensibilisation à l'environnement du conseil général. Fin 2013, le département créé un poste de "Référent cuisine" qui a pour mission de convaincre les principaux de collège, les gestionnaires et les cuisiniers de l’intérêt de contractualiser avec des agriculteurs de proximité.
Le conseil général multiplie les initiatives afin de permettre aux acheteurs de rencontrer les agriculteurs dans leur exploitation. "Le piège serait de croire que dès lors que les outils existent l'accompagnement n'est plus nécessaire, alors que c'est exactement le contraire", conclut la vice-présidente.

Luc Blanchard, Studio Graph, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Conseil général du Territoire de Belfort

Nombre d'habitants :

150000
Place de la Révolution française
90020 Belfort cedex

Anne-Marie Forcinal

Vice-présidente chargée de l'environnement

Myrtille Le Motheux

Chargée de mission

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