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12e Conférence des villes - Les grandes villes, "moteurs de la croissance de demain"

La 12e Conférence des villes qui s'est tenue le 19 septembre à Paris a été l'occasion de réaffirmer le rôle des grandes villes dans le développement économique et la création d'emplois. Michel Destot, maire de Grenoble et président de l'AMGVF, a notamment plaidé pour des contrats de projets Etat-territoires ouverts aux agglomérations. Les problèmes de financement des investissements ont aussi été au centre des débats.

A moins de deux mois du dépôt du projet de loi sur la nouvelle étape de la décentralisation, l'Association des maires de grandes villes de France (AMGVF) a appelé le gouvernement à reconnaître "le rôle et l'importance des grands pôles urbains". Concentrant plus de 60% de la population et participant à la moitié de la création de richesse, les villes françaises de plus de 100.000 habitants et leurs agglomérations sont, notamment avec leurs universités et leurs centres de recherche, "les moteurs de la croissance de demain" et "ont un effet d'entraînement sur tout le territoire", a plaidé Michel Destot, maire de Grenoble et président de l'association. Pour continuer à jouer ce rôle particulièrement essentiel actuellement, du fait des difficultés économiques, les grandes villes et leurs agglomérations doivent conserver la main sur l'économie, estiment leurs élus. Qui ne nient pas, pour autant, la nécessité d'un schéma régional dans le domaine. "Il faut s'organiser, mais la compétence doit être partagée : chacun doit apporter son concours", a affirmé Michel Destot. Le maire de Grenoble défend l'idée d'instaurer des contrats de projet Etat-territoires. S'inspirant des actuels contrats de projet Etat-régions, ils seraient ouverts aux agglomérations.
Représentant les régions dans le débat, Jean-Paul Huchon, président du conseil régional d'Ile-de-France, s'est dit "favorable à des schémas de coopération et de concertation dans lesquels les grandes villes prennent leur place". Il a aussi confié que, pour lui, "le vrai couple de l'avenir est celui de la région et des intercommunalités". Mais, il a mis en garde "ceux qui veulent développer une centralité trop forte", un choix qui conduirait à "oublier" les territoires péri-urbains. Jean-Paul Huchon rappelait ainsi implicitement la vocation des régions à oeuvrer en faveur du développement équilibré du territoire.

Inquiétude sur les investissements

Acteurs essentiels de la croissance, les grandes villes voient cependant la pression grandir sur leurs moyens financiers, notamment du fait de la réduction de leurs marges de manoeuvre fiscales et des difficultés d'accès au crédit bancaire. Dans ce contexte, seuls 30% des maires prévoient en 2013 une augmentation des investissements de leur commune, indique un sondage TNS Sofres pour l'AMGVF et la Fédération nationale des travaux publics. Parmi les maires des villes de 10.000 habitants et plus, ils ne sont que 17% à envisager cette perspective. Pire, 54% envisagent d'ores et déjà de différer des projets à court ou long terme tandis que par ailleurs, 74% déclarent qu'ils rencontreront des difficultés à maintenir le niveau de qualité des infrastructures existantes. "Pour la première fois depuis 30 ans, la fin du mandat municipal ne sera pas placée sous le signe d'une hausse des investissements", s'inquiète l'AMGVF, alors que Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des Dépôts, a rappelé qu'il est primordial "d'investir, de toujours investir dans l'innovation, la formation, la recherche, les infrastructures, le logement...". Or, les difficultés de financement des collectivités pourraient durer encore un certain temps. L'agence réclamée par les associations d'élus locaux, qui, d'après elles, permettrait au secteur public local de financer ses investissements à des taux plus bas que ceux des banques, se heurte toujours aux réticences de Bercy. La montée en puissance de l'offre de prêts de La Banque postale limitera sans doute la crise du crédit. Dès le mois de novembre prochain, "si les négociations techniques avec Dexia et Bruxelles le permettent", l'établissement disposera d'une enveloppe de crédits long terme d'un montant compris "entre 1 et 2 milliards d'euros d'ici à la fin de l'année 2012", a confirmé Philippe Wahl, président du directoire de la banque. Pour la suite, et notamment pour l'année 2013, il a assuré que La Banque postale prévoit de mobiliser "au moins 5 milliards d'euros".

Thomas Beurey / Projets publics

La transition énergétique, un gisement d'emplois prometteur

Pour les maires des grandes villes, nul doute que les investissements destinés à améliorer l'efficacité énergétique et à développer les énergies renouvelables ne sont pas seulement bénéfiques en termes d'environnement mais aussi d'emploi. "Pour aider les habitants à réaliser des travaux d'économies d'énergie nous avons créé au niveau de la communauté urbaine un fonds de soutien d'1 million d'euros qui a généré 10 millions d'euros de travaux et permis aux entreprises et aux artisans de créer des emplois", a témoigné Michel Delebarre, maire de Dunkerque et président de Dunkerque Grand Littoral. Autre illustration : le réseau de chaleur de Metz, qui dessert 45.000 équivalents logements. Alimenté pour un tiers par les ordures ménagères et pour un autre tiers par une centrale biomasse de 50 mégawatts, soit 60% d'énergies sans carbone fossile, il permet d'éviter l'équivalent des émissions de CO2 de 20.000 véhicules parcourant 15.000 kilomètres par an, a illustré Dominique Gros, maire de Metz, qui a aussi vanté les créations d'emplois générés par le dispositif. "On constate qu'il y a tout intérêt à étendre les réseaux de chaleur qui sont à la fois plus efficaces et moins chers, surtout quand ils peuvent fonctionner à la biomasse", a souligné Antoine Frérot, président-directeur général de Veolia. Il y a là une ressource qui ne demande qu'à être mieux mise en valeur, selon lui. "La moitié de la capacité de production de la forêt française n'est pas exploitée, aujourd'hui. Il s'agit non seulement d'une source d'énergie locale mais aussi génératrice d'emplois : on a besoin de 140 emplois pour approvisionner une chaudière biomasse d'un mégawatt." Et de proposer de lier la commande publique à l'obligation de former les personnes à ces nouveaux emplois liés aux énergies renouvelables. A.L.

 

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