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Les régions françaises en rangs serrés au CES de Las Vegas

Pour son édition 2018 la semaine dernière, le Consumer Electronic Show de Las Vegas, initialement à destination du grand public, développait une orientation B2G (business to government) en mettant à l'honneur la ville intelligente. La délégation française, deuxième en nombre de participants et présentant plus de 300 start-up, a témoigné du savoir-faire national en la matière. Plus que la French Tech à proprement parler, ce sont les régions qui ont essentiellement porté l'effort de promotion des nombreuses start-up françaises.

Grand-messe annuelle de l'électronique grand public, le Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas a attiré cette année 4.000 exposants et près de 200.000 visiteurs. Pour la première fois, le thème choisi était la ville intelligente ou Smart City, avec un espace dédié où les nombreuses recharges de véhicules électriques côtoyaient une offre pléthorique d’objets connectés et de systèmes de pilotage du patrimoine urbain. Cette exposition d'envergure mondiale constitue une véritable rampe de lancement pour les start-up : elle permet aux nouveaux fleurons de l'innovation de gagner en visibilité, développer leur présence internationale et engager de nouveaux contrats dans les secteurs les plus porteurs - intelligence artificielle, mobilité, énergie et construction intelligente.

Les régions en tête de file de la délégation française

Aux côtés des grands industriels (Engie, PSA, Total, etc.), ce sont les régions qui figuraient en tête de la délégation française, chacune avec son cortège de jeunes pousses. Jamais l’échelon régional n’avait été aussi bien représenté : outre des élus issus de chaque territoire, pas moins de cinq présidents de région avaient fait le déplacement.
Prenant à bras le corps leur mission d’animation économique du territoire, les régions, avec le soutien des CCI, des pôles de compétitivité et de certaines métropoles, ont accompagné leurs meilleures start-up, d’abord en amont par un travail de sélection et de préparation (pitch, relations presse, design de stand) puis lors du CES en prenant en charge leurs frais de déplacement, de logement ainsi que la location des stands. Chaque région a ainsi soutenu entre une dizaine et près d’une centaine de start-up dans le cas de l’Ile-de-France. La région Grand Est a par exemple déboursé entre 50.000 et 70.000 euros pour accompagner et soutenir 12 start-up. Parmi les mesures les plus originales de ces multiples formules du coaching régional, les entreprises d’Auvergne-Rhône-Alpes ont pu renforcer leurs équipes avec des étudiants de l’EM Lyon et de l’école de management de Grenoble, tandis que celles de la région Paca ont été invitées à une soirée de réseautage. L’une de ces start-up, Velco Bike, s’est vu décerner un prix Smart City par le CES : c’est la consécration pour cette société nantaise fabriquant des guidons connectés et qui s’engage avec confiance dans une deuxième levée de fonds.

L'Ile-de-France entend attirer des entrepreneurs et investisseurs du monde entier

Si la plupart des régions souhaitent surtout soutenir leurs fleurons à l’export, l’Ile-de-France se montre encore plus audacieuse en assumant l'ambition de voir les entrepreneurs et les investisseurs étrangers s’installer sur son territoire. Valérie Pécresse, présidente de la région, a dévoilé lors du salon une série de dispositifs visant à "faire de l’Ile-de-France la capitale pour l’intelligence artificielle de l’Europe". La nouvelle entité Paris Region Entreprises, bras armé du conseil régional chargé de l’attractivité et du développement économique, est mise au service de cette ambition.
En premier lieu, sera lancé au printemps un challenge IA 2018 Paris Region, doté d’un prix d’un million d’euros. Ce concours, appelé à se renouveler, doit permettre d’attirer et de soutenir chaque année une entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle, de taille intermédiaire (250 à 999 salariés).
Second levier dévoilé, l’Ile-de-France met en place le Paris Region Starter Pack, une enveloppe de 250.000 euros allouée pour l’installation d’une entreprise étrangère, en contrepartie d’un engagement sur trois ans en matière de création d’emploi. Cette offre de soutien aux installations étrangères vient compléter le dispositif Innov’Proto, mis en place en 2017 à destination des petites entreprises (100.000 euros pour 10 entreprises) souhaitant développer un prototype, avec le soutien du pôle Cap Digital.
Enfin, le CES a été l’occasion de lancer officiellement le site Paris Region Start-up, qui recense sur une carte interactive plus de 6.000 spots de l’innovation (start-up, incubateurs, tiers-lieux, espaces de co-working ou encore centres de recherche). Cette vitrine de l’attractivité et de l’innovation francilienne pourra être alimentée par les entrepreneurs eux-mêmes en crowdsourcing.

Entre régions innovantes, la concurrence est rude

L'exposition médiatique de la région francilienne cette année n'est pas sans rappeler les efforts récents de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec son campus numérique, ou de la région Paca, qui souhaite devenir une "smart région", vocable que la nouvelle ambition francilienne de "start-up région" n'est pas sans rappeler... Les Pays-Bas, avec 60 start-up présentes, n'étaient pas beaucoup plus représentés que la région de Laurent Wauquiez, qui cumulait pas moins de 45 jeunes pousses issues de ses rangs. Autant dire que les régions françaises comptent sur le numérique et l'innovation pour asseoir fortement leur leadership sur le développement économique des territoires.