Les sections internationales renforcent l'attractivité des collèges en éducation prioritaire

Ouvertes plus largement depuis 2022 en éducation prioritaire, les sections internationales ont renforcé l'attractivité et l'offre de formation des établissements où elles sont implantées, sans toutefois en bouleverser la mixité sociale.

La présence d'une section internationale (SI) dans un collège situé en réseau d'éducation prioritaire (REP) peut avoir une incidence positive sur la qualité des apprentissages et l'attractivité de l'établissement, constate l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) dans un rapport publié fin septembre 2025.

Mises en place à partir de 1981, les SI sont des formations d'excellence visant à renforcer les compétences en langues étrangères par l'immersion dans la culture de la langue étudiée, l'enseignement d'une discipline non linguistique dans cette langue et la participation régulière à des actions d'ouverture internationale (partenariats, voyages, événements culturels, etc.). Essentiellement situées hors secteurs d'éducation prioritaire à l'origine, les SI se sont plus largement ouvertes à ceux-ci à partir de 2022. En quatre ans, leur nombre est passé de 17 à 76 dans des écoles et collèges de REP et REP+.

Un écosystème où les collectivités ont leur place

Avant d'en venir au bilan, l'IGESR dessine les conditions de la réussite. Si le recrutement, la formation et le maintien des enseignants restent les premiers défis, le rapport insiste sur la "bonne synergie" et les "objectifs partagés" à trouver entre cadres académiques, chefs d'établissement, équipes pédagogiques et, parfois, collectivités territoriales. Comme ce fut le cas à Nice, où la création d'une SI dans un collège REP a été pensée "dans une logique de revitalisation du quartier".

Autre point souligné en lien avec le fonctionnement particulier d'une SI : "le rôle déterminant de l'écosystème". En effet, alors que la question du voyage scolaire et de l'accueil de partenaires étrangers soulèvent des problématiques pour les familles, "une part importante de la réussite du projet relève de sa stabilité dans le temps" et d'un financement pérenne à travers, notamment, les subventions des collectivités territoriales. 

D'autres ressources doivent être mobilisées pour satisfaire aux exigences des SI en termes d'accès à la culture. Le rapport note ainsi "l'importance de la part collective du Pass culture dans le financement des projets culturels des élèves en SI ou de l'achat de livres dans la langue de section". Plus largement, la SI peut mettre à profit les atouts du territoire : musées, bibliothèques, théâtres, cinémas, établissements d'enseignement supérieur ou encore existence d'une cité éducative.

Un atout pour retenir les meilleurs élèves du secteur

En termes d'impact, le rapport relève en premier lieu l'effet perçu sur les élèves et met en exergue "motivation et émulation", "estime de soi, ambiance de classe et climat scolaire améliorés". Autrement dit, "une dynamique d'apprentissage renforcée".

Quant à l'impact d'une SI sur l'attractivité d'un établissement, il est positif "dans la majorité des établissements ayant répondu à l'enquête". La mise en place d'une section internationale a ainsi contribué à améliorer l'image du collège, à garder les bons élèves du secteur, à freiner les stratégies d'évitement vers l'enseignement privé et, dans une moindre mesure, à attirer de nouvelles familles. Dans un collège de l'académie de Nancy-Metz, les deux tiers des élèves inscrits en SI envisageaient initialement une inscription dans l'enseignement privé, illustre le rapport. Les SI permettent donc de retenir un certain nombre de meilleurs élèves du secteur et les profils scolaires des élèves admis y sont plus solides que dans d'autres divisions.

Un effet limité sur la mixité sociale

En revanche, l'effet sur la mixité sociale reste très limité. "Dans la plupart des sections, pointe le rapport, force est de constater que les élèves hors secteur se comptent sur les doigts d'une main." De plus, alors qu'un calcul de la Dgesco (direction générale de l'enseignement scolaire) estime que l'IPS (indice de position sociale) est à la hausse sur la période d'ouverture de la SI dans 47 des 57 collèges concernés, les principaux font valoir que l'IPS est un indicateur "peu probant". D'une part, parce qu'il porte sur un effectif réduit : dans 58% des établissements répondants, l'effectif de SI représente seulement 10% à 20% de l'effectif global. D'autre part, parce que la variation de l'IPS peut être due à une autre cause que la SI : nouvelle sectorisation, évolution socio-économique du quartier, durcissement des conditions de dérogation, etc.

Exception notable, toutefois : une SI de l'académie de Besançon créée en 2015 était alors "isolée dans l'établissement" et présentait "un entre-soi" créant des tensions avec les équipes pédagogiques. Au bout de trois ans, ses élèves ont été intégrés dans des divisions classiques tout en conservant leurs heures d'enseignements spécifiques. Résultat : la mixité des profils scolaires a été renforcée et les élèves mieux intégrés. Cette évolution a contribué à l'attractivité de l'établissement et a attiré des familles plus favorisées. 

 

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