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Pollution du transport maritime - Les villes portuaires s'impliquent

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, la mobilisation s'élargit, d'abord portée par des collectifs citoyens et associatifs, puis des élus régionaux et organismes officiels chargés de surveiller la qualité de l'air dans la région. Le 25 septembre, à Marseille, Air Paca a annoncé des actions visant à mieux appréhender les impacts de la pollution de l'air par les navires de croisière.

La pollution générée par le transport maritime n'est plus le seul terrain de jeu des associations environnementales. Le 25 septembre, les deux organismes agréés Air Paca et Qualitair Corse ont convié des élus locaux à en parler au détour d'un débat riche en perspectives et propositions. "Même les armateurs et compagnies de croisière n'ont plus la langue de bois mais bien conscience des impacts de leurs navires sur la pollution de l'air", se satisfait Dominique Robin, directeur d'Air Paca. Si aucun armateur n'adhère pour l’heure à cette association agréée par le ministère, les discussions amorcées semblent en bonne voie.

Lourde contribution à la pollution urbaine

Définir le jeu des acteurs, ouvrir un espace d'échanges et de réflexions dans l'espace public autour de ces épineuses questions : l'élan est nouveau mais à situer dans la continuité des campagnes de sensibilisation sur la pollution générée par le transport maritime menées depuis deux ans par France Nature Environnement (FNE) et l’ONG allemande Nabu. Aujourd'hui, de nouveaux chiffres alertent et font réfléchir. A Marseille, les émissions du trafic portuaire contribuent à hauteur de 5 à 10% en moyenne sur l’année aux niveaux de pollution mesurés en centre-ville. Elles représentent un tiers des émissions d’oxydes d’azote (NOx), trois quarts des émissions de dioxyde de soufre (SO2) et 13% des particules fines PM10 ! Bien qu'ils diffèrent à Nice et Toulon, les résultats y restent alarmants. Les zones urbaines les plus exposées aux pollutions soufrées et panaches des fumées des navires sont celles qui sont situées près des gares de croisières ou surélevées par rapport aux quais. Par exemple à Marseille, coincé derrière le quartier de La Calade se trouve le Cap Janet où, selon Air Paca, "la population est directement exposée avec à proximité un collège". Une station de mesure y a été installée cet été pour sonder les polluants cités mais aussi le formaldéhyde, le benzène, etc.

Trouver collectivement des solutions

Un gisement certain de progrès se trouve dans la réduction des émissions à quai (phase dans le parcours du navire dite "hotelling"). La solution est connue et consiste à développer l'électrification des navires à quai afin de supprimer les émissions liées à cette phase. A Marseille, la compagnie La Méridionale l'a fait et à Toulon, c'est en bonne voie sur un nouveau quai. "Les ports sont des infrastructures lourdes, ce dossier avance - il faut le reconnaître - très lentement", admet Dominique Robin.
Air Paca et Qualitair Corse endossent un rôle nouveau de médiation et d'animation du dialogue sur ce sujet où les acteurs locaux tendent à se regarder en chiens de faïence. "Il n'est pas question de dire qu'il faut réduire la croisière : attractivité du territoire (économique, touristique) et préservation de la qualité de l'air ne sont antinomiques. Mais il faut trouver tous ensemble des solutions pour que ce secteur continue de se développer tout en tenant compte de ces questions sanitaires, d'interface ville-port et de nuisances pour les riverains", poursuit-il. Les campagnes de mesures vont donc être confortées ou renforcées, en se concentrant notamment au premier semestre 2018 sur les pollutions aux particules fines émanant des ferrys et bateaux de croisière à Marseille.
Est également prévu à la mi-novembre prochain la tenue d'une "journée méditerranéenne de l’air dans les ports". Organisé par ces deux associations, l'événement bénéficie du soutien de la région Paca. Il réunira à Marseille les acteurs portuaires, les villes et métropoles, les riverains, les acteurs économiques et les armateurs.