L’ex-colonie de vacances de Dolus-d'Oléron vibre d’énergies (17)

Depuis 2016, élus et bénévoles associatifs mettent sur pied un nouveau lieu de vie collectif à Dolus-d'Oléron. Sur un terrain et des bâtiments publics, un partenariat original s'invente chaque jour, à la croisée du public et du privé non marchand.

À la Cailletière, les jardiniers amateurs de "La Colo" cultivent déjà 1 hectare ; ils seront bientôt rejoints par les premiers agriculteurs de l'espace test. La compagnie Aire de Cirque y a posé son chapiteau et accueille des résidences d'artistes. Le festival "Pose ta prose" sort de sa deuxième édition et le fablab des "apéros bricolos" crée mobilier et signalétique "récup". En 2020, les Restos du cœur vont y ouvrir une antenne et les skateurs profiter d'un nouveau bowl, sans oublier l'espace de coworking en gestation, dans une île où les télétravailleurs sont légion. Fermée en 2002, rachetée en 2008 par la municipalité de Dolus-d'Oléron (3.300 habitants), l'ancienne colonie de vacances reprend vie, à la croisée de l'action publique et de la mobilisation bénévole.

  • Du projet immobilier au projet coopératif

En 2008, la mairie de Dolus-d'Oléron rachète pour 1 million d'euros l'ancienne colonie de vacances (6 hectares et 9 bâtiments) en vue d'un projet immobilier. Mais deux ans plus tard, la tempête Xynthia passe par là, privant le site de constructibilité. La nouvelle municipalité, élue en 2014, hérite de cet "encombrant cadeau". "Jusqu'en 2033, nous devons rembourser 73.000 euros par an pour le rachat du site alors que notre autofinancement total est de 500.000 euros", souligne le maire de Dolus-d'Oléron, Grégory Gendre. "Seule, la puissance publique n'était pas en capacité d'y réaliser un projet et nous devions donc trouver un modèle de développement atypique." En 2016, après une large concertation, les élus proposent d'y développer un projet coopératif autour de la thématique alimentaire "du champ à l'assiette", d'une offre culturelle gratuite et de services à la population ; ils ouvrent les portes à toute association souhaitant s'engager. Objectif : en faire un "lieu de vie" ouvert à tous, jeunes, plus âgés, résidents permanents et secondaires.

  • Chantiers participatifs et travaux en régie

"Dès 2016, nous avons lancé des chantiers participatifs pour défricher et remettre en état les bâtiments chaque premier dimanche du mois, avec repas en commun à la clé", indique le maire. Avec un résultat probant : la barre des 3.000 heures de bénévolat vient d'être franchie et depuis l'été 2019, un premier bâtiment est aux normes pour accueillir du public. "Avec ce travail collectif aux résultats tangibles, des bénévoles m'ont dit avoir retrouvé du sens à leur engagement. Ça contrebalance la lourdeur de la gestion courante d'une association. Quant aux services techniques municipaux, sceptiques au départ, ils ont vu le résultat abattu le lundi matin et sont désormais de véritables acteurs du projet" Le travail bénévole s'est prolongé dans plusieurs missions réalisées en régie : réseaux d'eau, électricité et peinture. En trois ans, la commune a ainsi investi près de 150.000 euros et mobilisé les agents communaux à la même hauteur.

  • Gestion collégiale

L'organisation courante et l'accueil de nouvelles propositions revient au collectif de l'inter-Cailletière, qui regroupe associations et élus municipaux. "C'est un laboratoire à ciel ouvert qui fédère près de 300 personnes ; ici nous coopérons dans l'action," précise le maire. Chaque premier mardi du mois, associations partenaires, élus et services techniques municipaux se rencontrent pour régler les affaires courantes. Depuis février 2019, une "facilitatrice" a été recrutée à trois-quart de temps pour coordonner le travail. Son poste est financé au titre des tiers-lieux par la région Nouvelle-Aquitaine. "J'assure aussi le lien individuel entre mairie et associations et j'ai un rôle de régisseuse pour aider ces dernières à organiser leurs manifestations sur le site", indique Marie Bourinet, recrutée à ce titre. Parmi les enjeux principaux : réussir à dépasser les seules préoccupations individuelles de chaque association et donner corps au projet commun. Avec une difficulté majeure : "que le temps incompressible de l'action publique ne démotive pas les bénévoles !"

  • Premiers résultats encourageants

Trois ans après le début du projet coopératif, les manifestations culturelles gratuites proposées sur le site font le plein. La Cailletière vient d'être officiellement adoubée par la Caisse d'allocations familiales de Charente-Maritime dans le dernier contrat signé avec la communauté de communes de l'Île d'Oléron. Et l'espace test agricole est partie prenante du projet alimentaire territorial intercommunal. Reste à trouver un modèle financier qui permette d'équilibrer le projet à moyen terme. Pour cela, la mairie souhaiterait proposer de l'hébergement pour les saisonniers, en réponse à un besoin réel sur l'île. Un projet pour l'instant retoqué par la préfecture, dès lors que le site est classé en zone inondable.

Commune de Dolus d'Oléron

Nombre d'habitants :

3300
Place Simone-Veil
17550 Dolus-d'Oléron
accueil@dolusoleron.fr

Marie Bourinet

Facilitatrice

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