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Transports - LGV Tours-Bordeaux : l'Aquitaine et Midi-Pyrénées signent les conventions de financement

Treize des seize collectivités territoriales d'Aquitaine concernées par la réalisation du tronçon de la ligne TGV entre Tours et Bordeaux ont signé le 8 avril autour du préfet de région la convention de financement de la future ligne à grande vitesse Sud-Europe Atlantique (LGV SEA). Ne manquaient que les signatures des départements des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques, qui, en raison des récentes élections cantonales, ne devaient soumettre le texte au vote de leur assemblée qu'à la fin du mois d'avril. "Ces départements ont eu des réponses précises à leurs demandes de la part du gouvernement et j'ai très confiance dans les délibérations qu'ils vont prendre", a indiqué le préfet d'Aquitaine, Dominique Schmitt. "Les conditions de lancement sont réunies", a-t-il dit, après avoir rappelé que "la phase de négociation a duré plus d'un an".
La contribution totale des collectivités d'Aquitaine devrait s'élever à 842 millions d'euros sur les 1,476 milliard d'euros financés par l'ensemble des cinq régions concernées par la LGV Sud-Europe Atlantique, soit Midi-Pyrénées (280 millions d'euros), Poitou-Charentes (257 millions d'euros), Limousin (52 millions d'euros) et Centre (44 millions d'euros). Le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, a souligné "la révolution culturelle" que vont vivre sa région et celle de Midi-Pyrénées. "Ce sont des sommes folles pour nos budgets mais cela va amplifier leur attractivité", s'est-il félicité, estimant que "la LGV a été plébiscitée dans nos régions lors des élections régionales puis cantonales". Une cinquantaine de manifestants hostiles à la nouvelle voie ferrée, un projet qu'ils estiment "inutile et démesuré", étaient réunis devant la préfecture pendant cette cérémonie.
Le 11 avril, les grandes collectivités de Midi-Pyrénées ont à leur tour signé la convention les associant au financement de la LGV Tours-Bordeaux. Mais cette signature  a été marquée par les absences notables de certaines d'entre elles et les vives réserves en tous genres des autres.
Un peu plus de 80% seulement des 280 millions d'euros (en euros constants 2009) escomptés de la part des collectivités de cette région ont été réunis, a reconnu le préfet de région, Dominique Bur.

Bordeaux à deux heures de Paris... et Toulouse ?

L'Etat se veut confiant dans la réalisation du projet malgré tout. Mais le président socialiste du conseil général de la Haute-Garonne, Pierre Izard, est allé jusqu'à exprimer son pessimisme quant au fait que la LGV arrive un jour à Toulouse. Le maire socialiste de Toulouse, Pierre Cohen, a jugé "dangereux et même irresponsable" de prendre le risque de remettre en cause le projet, en parlant de ceux qui refusaient de le financer. En Midi-Pyrénées comme ailleurs, il a fallu des mois de négociations ardues pour emporter la participation des collectivités, mais l'Aveyron, le Lot ou le Tarn ne se sont pas laissé fléchir. Le conseil régional, les conseils généraux de la Haute-Garonne et du Gers, les communautés d'agglomération de Toulouse et Montauban ont, avec d'autres, signé la convention. Mais ils ont fixé leurs conditions : parmi celles-ci, ils ne verseront que 70% de leur participation à Tours-Bordeaux et ne régleront le solde que quand le premier coup de pioche de Bordeaux-Toulouse sera donné.
Le tronçon central Tours-Bordeaux - 302 km en deux voies -, qui s'inscrit dans la continuité de la LGV Paris-Tours,  est le premier maillon de la future LGV Sud-Europe Atlantique qui se compose de trois branches - Bordeaux-Toulouse, Bordeaux-Espagne et Poitiers-Limoges - et constitue le plus grand chantier ferroviaire européen actuel (20 milliards d'euros d'investissement au total). Le coût du tronçon Tours-Bordeaux, réalisé dans le cadre d'un partenariat public-privé d'une ampleur sans précédent, s'élèvera à quelque 6,7 milliards d'euros avec le concours de l'Etat français (1,505 milliard), l'Union européenne (10 millions d'euros), Réseau ferré de France (1,76 milliard) et la part d'autofinancement du concessionnaire (1,951 milliard).
Il doit mettre Bordeaux à un peu plus de deux heures de Paris (soit un gain de 50 minutes), peut-être en 2017 tandis que Toulouse pourrait se retrouver vers 2020 à environ trois heures de TGV de Paris contre environ 5 h 20 aujourd'hui.