Archives

L'ONG Robin des bois alerte sur la pollution chimique des crèches et écoles en Ile-de-France

Après les Hauts-de-France et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’association Robin des bois vient de publier sur son site les synthèses des diagnostics de vérification et de dépistage des pollutions historiques dans les établissements accueillant des enfants et adolescents en Ile-de-France et dans les crèches et haltes garderies à Paris intra-muros. Et cet inventaire est plutôt alarmant : hydrocarbures, solvants chlorés, plomb font partie des substances apparues dans les analyses. Celles-ci ont été menées dans les établissements bâtis à l’aplomb, en contiguïté ou à proximité immédiate d’installations industrielles ou d’activités commerciales historiques susceptibles d’avoir durablement contaminé les sols et les eaux souterraines.
L’ONG indique avoir obtenu l'ensemble des diagnostics auprès de la Commission d'accès aux documents administratifs. Selon le ministère de la Transition écologique, les diagnostics avaient déjà été rendus publics et transmis aux collectivités concernées au fur et à mesure de la campagne d'analyses conduite entre 2010 et 2015. "La diffusion de ces diagnostics a été beaucoup trop confidentielle, ils auraient dû être partagés avec les parents d'élèves, les enseignants et les enfants" en âge de les comprendre, a dénoncé ce 17 novembre Jacky Bonnemains, porte-parole de l'association.
Selon l'ONG, en Ile-de-France (hors Paris), 4% des 123 établissements accueillant des enfants et adolescents doivent "faire l'objet d'aménagements et de précautions d'usage" (classés C), comme la fermeture de jardins pédagogiques ou l'amélioration de la ventilation, et 58% "doivent faire l'objet d'une vigilance renforcée sur le long terme" (classés B).
A Paris intra-muros, sur les 40 crèches diagnostiquées, 52% sont classées B et 23% sont classées C. Parmi ces dernières, certaines ont déjà fait l'objet de mesures comme celle des Petites écuries dans le Xe arrondissement qui a été fermée. Des teneurs en plomb de 1.400 mg/kg avaient été mesurées dans les sols du jardin pédagogique, alors que le Haut Conseil de la santé publique recommande un dépistage du saturnisme infantile à partir de 300mg/kg. "La situation a été maîtrisée dès la réception des premières notifications et la sécurité des enfants comme des personnels a été et sera toujours privilégiée", a-t-on assuré à la mairie de Paris. "Les dernières analyses réalisées nous permettent de réaffirmer qu'il n'y a aucun danger pour la santé des professionnels et des enfants et un courrier en ce sens sera adressé aux familles concernées", a-t-on ajouté.
Ces diagnostics ont mis en évidence "un parc scolaire et de crèches ancien, qui date en moyenne des années 1920-30 et autour de ces écoles sont venus s'agglomérer stations-service, teintureries, blanchisseries, garages, petites industries qui ont fermé mais ont laissé sur place perchloréthylène et hydrocarbures", a de son côté expliqué à l'AFP Jacky Bonnemains. Certains établissements plus récents construits sur des friches "pas dépolluées" sont également concernés, comme une crèche du XXe arrondissement qui devrait être fermée "dans les meilleurs délais", a-t-il plaidé, notant que ces informations étaient également importantes pour les riverains. "Il ne suffit pas de fermer les portes, de purger les robinets, d'ouvrir les fenêtres et de condamner des pièces, il faut extraire les sources de pollution", a insisté Robin des bois dans un communiqué, notant que "cette dépollution coûte cher, oblige à fermer les établissements et dure plusieurs mois ou années".