L’USH lance son alliance pour transformer le logement social en moteur de la production d’énergies renouvelables
Face à l'urgence climatique et à la précarité énergétique, l'Union sociale pour l'habitat (USH) a officialisé, jeudi 4 décembre à Paris, la création de l'Alliance HLM pour les énergies renouvelables. Cette initiative stratégique vise à fédérer une large pluralité d’acteurs pour accélérer la production d'une énergie locale, décarbonée et surtout abordable. L'ambition, clarifiée dans un document publié pour l'occasion, est de faire du logement social le laboratoire d’une transition énergétique juste et équitable.
© L'Union sociale pour l'habitat/ Emmanuelle Cosse lors du lancement officiel de l’Alliance Hlm pour les énergies renouvelables
Jeudi 4 décembre à Paris, l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui représente 556 opérateurs HLM logeant près de 10,4 millions de personnes en France, a donné une impulsion concrète à une ambition réaffirmée lors du Congrès HLM : faire du logement social un moteur de la production d'énergies renouvelables. Après deux années de travaux et d’expérimentations, elle a officiellement lancé l'Alliance HLM pour les énergies renouvelables, afin de structurer cette transition que l’USH veut fondamentalement juste, territorialisée et collective.
Pour Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, il s'agit de positionner le logement social comme le "démultiplicateur de la politique publique" environnementale et énergétique. "Cette Alliance HLM pour les énergies renouvelables est un cadre partenarial dans lequel organismes HLM, gestionnaires de réseau de distribution d’énergies, producteurs d’énergies, État, collectivités locales peuvent coopérer, fédérer, organiser les réflexions sur la question de l’énergie, poursuit l’ancienne ministre. Les organismes HLM sont des acteurs historiques et engagés de la transition environnementale, et ils entendent continuer à jouer ce rôle, au service des habitants mais aussi, plus largement, au service de l’ensemble de la société française."
L'Alliance se fonde sur cinq objectifs, plaçant la justice sociale au même niveau que l'impératif climatique : la réduction des charges locatives, la stabilisation des coûts, la souveraineté énergétique, la sécurisation des réseaux et une décarbonation active.
Investissement massif et mix énergétique décarboné
En complément du lancement de l’Alliance, l’USH a publié un document intitulé "Les organismes de logement social, acteurs de la production décarbonée et locale de l’énergie", qui détaille la trajectoire de décarbonation du secteur. Celui-ci rappelle notamment que la stratégie modélisée par l’USH repose sur deux piliers indissociables: la rénovation énergétique massive du bâti et le verdissement accéléré du mix énergétique.
Pour atteindre l’objectif d'une étiquette moyenne DPE B en 2050 et de la réduction de 45% des émissions directes de gaz à effet de serre d’ici 2030, le rapport estime que le rythme de rénovation doit être soutenu : 115.000 logements par an entre 2024 et 2034, puis 175.000 logements par an jusqu’en 2050. Cet effort cumulé représente un investissement total estimé à terme jusqu'à 300 milliards d’euros.
Les solutions d’avenir testées par les pionniers
Le document met également en lumière un panorama de solutions décarbonées adaptées aux spécificités du parc social, composé à 84% d’immeubles collectifs. Dans cet éventail, les réseaux de chaleur urbains occupent une place de choix. Le parc HLM est d'ailleurs déjà fortement engagé, affichant un taux de raccordement élevé de 20% des logements sociaux, contre seulement 3% dans le parc privé. L'étude révèle que 964.000 logements sociaux sont actuellement raccordés à un RCU. De plus, le potentiel de développement est jugé immédiat, puisque 353.000 logements supplémentaires sont situés à moins de 500 mètres d'un réseau existant, facilitant une massification rapide.
La géothermie et les pompes à chaleur s'imposent également comme des solutions incontournables pour décarboner le parc résidentiel collectif. Les systèmes hybrides, combinant une PAC géothermique à un appoint gaz, se distinguent notamment en offrant un excellent compromis entre performance énergétique, réduction des émissions de carbone et équilibre économique. D'un point de vue social, l'autoconsommation collective, notamment solaire, est perçue comme un moyen concret de réduire les charges des locataires et de renforcer leur pouvoir d’achat, car elle permet de s’extraire de la logique de la volatilité des prix du marché. Enfin, bien que le bois-énergie soit une filière mature, elle reste marginale, ne couvrant que 3% du parc HLM. Elle représente néanmoins un levier stratégique pour verdir les installations de chauffage les plus anciennes, qui reposent encore sur des énergies fossiles
L'impératif de la donnée
Pour garantir l'efficacité de la trajectoire globale de décarbonation du parc social, l'USH souligne en outre le rôle essentiel de la donnée. Disposer d'une cartographie fine du patrimoine permettrait en effet de prioriser les actions et de passer de l'intuition à la stratégie. La plateforme PrioRéno logement social, développée par la Banque des Territoires avec l'USH, Enedis et GRDF, incarne cette approche en agrégeant les informations nécessaires pour planifier les rénovations et évaluer le potentiel d'énergies renouvelables.
Si l'USH conclut que cette stratégie de décarbonation est techniquement possible et socialement souhaitable, elle nécessite cependant un soutien complémentaire et immédiat des partenaires, ainsi qu'une clarification des cadres réglementaires et fiscaux pour faciliter la massification des solutions. Un appel direct aux acteurs que la nouvelle alliance cherche à fédérer.