Lutte contre la pauvreté : les annonces budgétaires du gouvernement font frémir les associations
Unccas, collectif Alerte, Uniopss, Secours catholique... Une tribune commune de ces acteurs de la solidarité met en garde le gouvernement contre les conséquences, notamment, d'une "année blanche", sur les plus précaires.

© Adobe stock
"Recevant les associations le 3 juillet dernier le Premier ministre avait affirmé vouloir 'Organiser le combat contre la pauvreté'. Mais mardi 15 juillet, François Bayrou a asséné une trajectoire budgétaire qui ne fera qu'en aggraver les effets, avec une 'année blanche' pour les prestations sociales, qui induira des pertes sèches sur le pouvoir d'achat des plus modestes". Cette discordance entre le point d’étape de début juillet sur le Pacte des solidarités (voir notre article) et les annonces budgétaires émises moins de deux semaines plus tard (voir notre article) est dénoncée en ces termes dans une tribune publiée ce dimanche 20 juillet. Celle-ci est signée des présidents de l'Union nationale des centres communaux d'action sociale (Unccas) et de l'Association des cadres territoriaux de l'action sociale (Actas), de ceux de grands réseaux associatifs (Collectif Alerte, Uniopss, ATD Quart Monde, Secours catholique, Petits frères des pauvres) et de l'Union nationale de l'aide, des soins et des services aux domiciles (UNA).
Ces signataires soulignent que "les plus fragiles n'ont pas les moyens de payer les arbitrages budgétaires", citant notamment le cas des familles monoparentales et des personnes en situation de handicap. On rappellera en effet qu'en cas d'"année blanche", toutes les prestations telles que le RSA, les allocations familiales, les APL et même l'allocation adulte handicapé (AAH) ne seront pas indexées sur l'inflation. "Le gouvernement n'a rien proposé, si ce n'est moins de moyens pour les collectivités, pour la Sécurité sociale, pour le logement, l'insertion, l'aide alimentaire ou la santé mentale", poursuivent les acteurs du social, "alors même que ,le Pacte des solidarités était censé constituer un levier, à court et long terme" et que "sa déclinaison locale, pleinement justifiée, devait permettre d'agir au plus près des besoins". Dans ce contexte, ils considèrent que le fait de confier au "Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) le soin de définir un objectif de réduction de la pauvreté sur 10 ans" risque fort de n'être qu'une "occasion manquée". Leur appel : "reconnaître l'urgence" du combat contre la pauvreté et "en accepter le coût".
Plusieurs voix avaient déjà réagi aux annonces de François Bayrou. Dont l'Unccas qui, rappelant que "15,4% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, un niveau historique, inédit depuis plus de trente ans" (dernières données Insee – voir notre article du 7 juillet), avait d'emblée pointé le risque d'une "rupture d’accès aux droits, des parcours de soin et une aggravation des inégalités". Le collectif Alerte avait pour sa part adressé un courrier au Premier ministre pour dire son inquiétude et porter trois demandes : que le gouvernement "renonce" aux mesures dont les personnes modestes seront les premières victimes ; qu'il ouvre "un cadre formalisé de concertation" concernant la future Allocation sociale unifiée ; en savoir plus sur les moyens qui entoureront la mission confiée au CNLE. Ou bien encore, l'Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) avait immédiatement dit ses inquiétudes "face à une série de mesures qui ciblent prioritairement les dépenses de santé, les prestations sociales, les financements aux opérateurs publics et les aides aux collectivités locales, partenaires essentiels de l’action sociale, de l’insertion et de la vie associative".