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Congrès des maires - Lutte contre les sargasses : face au manque de financement, des élus menacent de jeter l'éponge

Des élus d'outre-mer ont déploré lors d'une table ronde le 21 novembre au congrès des maires l'abandon de l’État face à l'ampleur du fléau des sargasses, ces hordes d'algues brunes qui continuent d'envahir les ports et les rivages des Antilles. 

La tenue d'une conférence internationale clôturée fin octobre par Edouard Philippe (voir notre article du 28 octobre) n'a pas calmé les ardeurs. Au congrès des maires, des élus martiniquais sont revenus à l'offensive pour réclamer un meilleur appui de l’État dans la gestion de ce fléau aux impacts sanitaires (elles dégagent des émanations nauséabondes et toxiques) et économiques (effet repoussoir pour le tourisme) importants. Démunies face à l'ampleur des dégâts, des communes ne parviennent plus selon ces élus à gérer les échouages continus - ramassés le matin et qui reviennent le lendemain voire dans les heures qui suivent - de ces algues brunes dont le stockage et la valorisation posent aussi problème. "Nos capacités de stockage arrivent à saturation. Notre commune s'épuise en moyens humains et ressources de fonctionnement pour les ramasser. Rien que dans ma commune, nous avons engouffré un demi million d'euros depuis la fin 2011 dans leur retrait. C'est autant d'argent qui n'ira pas ailleurs, alors que nous avons bien d'autres urgences", a détaillé Raymond Occolier, le maire du Vauclin (Martinique, 9.200 habitants).

Des systèmes de barrages flottants anti-sargasses, imaginés par certaines municipalités avec l'appui du BRGM, de l'Ademe Antilles-Guyane et des services de l’État, ont bien été expérimentés par la ville du Robert en Martinique ou La Désirade en Guadeloupe. "Ces dispositifs donnent de bons résultats mais ont un coût et tendent à dévier les sargasses vers une commune voisine", éclaire Gilbert Eustache le maire du Diamant (Martinique, 6.000 habitants). "Pour rendre viable économiquement le retrait mécanique des échouages, il faut trouver une voie de valorisation à ces algues", ajoute Sébastien Pien, chargé de projet au Smel (Synergie mer et littoral). Ce syndicat mixte dépendant du conseil départemental de la Manche se dit apporteur de solutions. Il estime que le spectre moléculaire des sargasses étant proche de celui des laminaires, un type d'algues brunes, que des entreprises comme Algaïa en Bretagne parviennent à valoriser pour produire des gélifiants, des voies de valorisation pourront être trouvées. La valorisation agricole (biofertilisant) n'est pas non plus une piste à négliger.

L'insatisfaction des élus antillais porte sur l'accompagnement financier de l'Etat. "Cet accompagnement, nous allons le poursuivre dans la durée", avait promis fin octobre le Premier ministre lors de son passage en Guadeloupe. Un plan de 10 millions d'euros pour lutter contre ce fléau avait aussi été acté mi-2018. Mais rien ne garantit que cette enveloppe soit reconduite. "Les aides au retrait des échouages atteignaient l'an dernier 80% du coût. Elles ont brusquement chuté cette année à 30%. Nous sommes débordés. Il faut que l’État revienne à nos côtés", presse Raymond Occolier.