Lyon : les taxis au service du tourisme

Depuis le 1er juin, quinze taxis lyonnais offrent, pour le prix d'une course classique, des circuits touristiques aux clients de passage. Reconnaissables à un logo portant la mention "Taxi touristique", ils participent au rayonnement de la ville en France et à l'étranger.

Les taxis ont le vent en poupe ! Après être devenus des partenaires à part entière de certains grands opérateurs dans le cadre du transport à la demande, ils s'associent aujourd'hui aux municipalités. L'objectif ? Redorer l'image des villes en donnant à une clientèle étrangère pressée l'envie d'y séjourner plus longuement. Leur mission n'est plus seulement de transporter mais d'informer. Au lieu de "cueillir", ils doivent aujourd'hui accueillir. Après Toulouse, Poitiers ou Bordeaux, la formule "Taxi touristique" a été lancée à Lyon le 1er juin dernier. Les partenaires sont nombreux. Outre la ville de Lyon, l'initiative rassemble l'office du tourisme, la chambre des métiers du Rhône, la Maison des taxis du Rhône (MTR) et la direction régionale du commerce et de l'artisanat.
L'opération doit son existence aux taxis eux-mêmes. Souvent sollicités par des clients de passage - congressistes, hommes d'affaires, voyageurs en transit, etc. - pour une visite éclair de la cité, les chauffeurs expriment le souhait de suivre des formations rapides relatives à l'histoire de leur ville. En 1998, la MTR met en place des séances gratuites et facultatives pour ses adhérents. Deux ans plus tard, la formation est améliorée et dispensée par trois professionnels dont un historien et un conteur de rue. Les résultats ne se font pas attendre. Très vite, une soixantaine de taxis sont en mesure de proposer des circuits modulables à leur clientèle.

Un label qualité

Forts du soutien de la direction régionale du commerce et de l'artisanat, la municipalité, l'office du tourisme et la MTR s'associent en septembre 2003 pour créer un véritable label. L'expérience de l'office du tourisme lyonnais - dont l'accueil et les informations données aux visiteurs ont été récompensés en 1998 du label NF Services - a favorisé la mise en oeuvre du projet. Les taxis touristiques rejoignent le Réseau Lyon qualité accueil, qui compte déjà 120 adhérents, et la Charte qualité accueil leur sert de modèle. Comme pour les autres professionnels du tourisme, ce document contient des engagements précis relatifs à la propreté du véhicule, à l'accueil prodigué ou aux informations fournies. "Pour ne citer que quelques exemples : la voiture doit être propre, climatisée. Le chauffeur est tenu d'ouvrir et de fermer la porte à ses clients, ne pas posséder d'animal et d'accepter le règlement de la course par Carte bleue", souligne une responsable à la mairie de Lyon. L'élaboration de la nouvelle charte a été confiée à un comité de pilotage, constitué de représentants des différentes institutions associées dans l'opération. Ce comité a aussi été chargé de contrôler le label en organisant des réunions régulières entre fin 2003 et juin 2004, date de son lancement officiel. Un nouveau partenaire, également membre du comité de pilotage, est entre-temps venu apporter son concours. La chambre des métiers du Rhône espère, par ce biais, valoriser et promouvoir l'artisanat local.

Un partenariat gagnant

Trente-trois artisans lyonnais sont aujourd'hui inscrits sur les listes des chauffeurs de taxis bénéficiant du logo Taxi touristique et "ce chiffre est voué à augmenter", prévoit Vanessa Manissier, responsable de la communication à la chambre des métiers. Les taxis peuvent de la sorte enrichir le parcours proposé aux clients en prévoyant des arrêts dans les ateliers "les plus représentatifs de notre culture locale", insiste cette responsable avant d'ajouter : "Si les résultats sont encore difficiles à chiffrer, nos adhérents comptent déjà des visites régulières."
Après quelques mois de fonctionnement, l'opération satisfait tous les partenaires, "les investissements requis sont faibles et tout le monde y gagne", souligne-t-on à la municipalité. La ville redore son blason auprès des visiteurs ; l'office du tourisme poursuit sa démarche qualité ; les artisans font connaître leur travail ; et, enfin, les taxis enrichissent leur quotidien tout en bénéficiant d'une formation permanente. Car il ne s'agit pas seulement d'obtenir le label, mais aussi de le conserver. Chaque année, ses détenteurs - reconnaissables à un autocollant portant la mention Taxi touristique - doivent valider leurs compétences en suivant une formation obligatoire.
Amabilité, compétence et connaissances de leur ville : trois exigences pour les quinze chauffeurs "labellisés" dès le lancement du projet. Des engagements qui prouvent, selon Alain Audouard, détenteur du logo, que "ce label n'est pas un gadget".


"Nous espérons, l'été prochain, compter entre 60 et 80 taxis touristiques"


 

Alain Audouard, président de la chambre des métiers du Rhône, est chauffeur de taxi détenteur du logo Taxi touristique.

Comment a mûri l'idée, au sein de votre profession, de créer un label qualité ?

Les formations au sein de la MTR [Maison des taxis du Rhône] ont commencé dès 1998. Malgré la qualité des séances prodiguées, elles n'apportaient rien de plus que des connaissances, dans la mesure où nous ne bénéficions pas de reconnaissance officielle. Le partenariat mis en place avec l'office du tourisme et la chambre des métiers, dont je suis le président, a permis de valoriser cette initiative. L'opération ne requiert aucun financement particulier, en dehors de l'investissement en temps, et elle profite à tout le monde. Pour les chauffeurs de taxi, la formation impose seulement deux jours d'arrêt. Elle doit être renouvelée chaque année. Les séances se concluent par un quiz testant les connaissances des candidats. A l'issue de cette épreuve l'agrément est délivré ou reconduit.

Comment l'opération a-t-elle été accueillie par la clientèle ?

Notre clientèle, essentiellement composée d'hommes d'affaire ou de voyageurs de passage, semble trouver la formule à son goût. Nous leur proposons des formules adaptées au temps dont ils disposent et aux envies qu'ils manifestent, sans leur imposer une tarification supplémentaire. En comptant les attentes, pour les arrêts demandés, et les kilomètres parcourus, un circuit d'une heure coûte entre 25 et 30 euros. Nous travaillons de jour comme de nuit aux quatre coins de la cité. Par rapport à une course normale, ces visites guidées sont, pour nous, plus enrichissantes. D'un point de vue humain, d'abord, car les relations nouées avec le client sont d'une autre nature. D'un point de vue professionnel, ensuite, car ce "plus" revalorise notre métier.

Les taxis "nouvelle génération" devraient donc attirer d'autres chauffeurs à l'avenir...

Très certainement. Soixante chauffeurs ont bénéficié des premières formations données au sein de la MTR. En juin dernier, seuls quinze taxis ont été agrémentés du logo Taxi touristique. Avec l'organisation de nouvelles séances et de nouveaux quiz, ce chiffre devrait vite augmenter. Un autre test est déjà prévu en décembre prochain. Il pourra alors porter notre nombre à une trentaine. Deux quiz vont ensuite être mis en place au cours du premier semestre 2005. Nous espérons, l'été prochain, compter entre soixante et quatre-vingt taxis touristiques sur un parc total de 1.300 véhicules. Pour aboutir à un service plus proche du client il est impératif de poursuivre cette courbe ascendante. Plus nous serons nombreux, plus notre clientèle sera satisfaite.


 

Des offres de taxi touristique adaptées aux richesses locales


Si le concept de taxi touristique est original, il n'est pas nouveau en France. Avant Lyon, d'autres villes comme Toulouse, Poitiers ou Bordeaux ont lancé l'expérience. Le principe est partout le même. Seules les modalités d'application varient sensiblement.

L'idée est bonne, elle fait son chemin. Toulouse l'a inaugurée et enrichie au fil des ans. Comme à Lyon, elle est née d'un constat simple : les nombreux hommes d'affaire de passage dans la Ville rose n'ont pas l'occasion de mesurer l'importance du patrimoine culturel et touristique de la cité. A côté des guides professionnels, les chauffeurs de taxi ont donc pris en charge cette clientèle particulière. Après une formation dispensée par l'Association toulousaine d'histoire de l'art (Atha) et l'obtention du diplôme validant leurs connaissances, les volontaires reçoivent le label "Taxi touristique Toulouse". Une fois cette étape passée, ils sont autorisés à proposer des circuits aujourd'hui bien rodés et clairement tarifés : un itinéraire d'une heure coûte 33 euros ; celui de deux heures, 50 euros. D'autres outils sont ensuite venus enrichir le service offert. C'est le cas notamment du CD-Rom mis à la disposition du client en français, anglais, espagnol, allemand et japonais, accompagnant les commentaires du chauffeur.
A Bordeaux, les circuits proposés s'adaptent aux richesses de la région. Au départ du centre-ville, ils permettent de découvrir deux des plus prestigieux vignobles : le Médoc ou Saint Emilion. Une demi-journée de visite coûte 160 euros. La journée entière est quant à elle tarifée à 300 euros.
Simple et modulable, le concept de taxis touristiques peut s'adapter aux cadres urbains de toute taille. "La seule condition, précise Alain Audouard, chauffeur de taxi à Lyon et président de la chambre des métiers du Rhône, c'est de pouvoir s'enorgueillir d'une tradition riche et d'un patrimoine culturel méritant le détour."

Office du tourisme du Grand Lyon

place Belecourt
69002 Lyon

Blondine Thenet

Attachée de Presse

Mairie de Lyon

1, place de la Comédie
69001 Lyon

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