Municipales : à quelques mois du scrutin, 58% des maires souhaitent se représenter
Selon une enquête du Cevipof pour l'Association des maires de France, 58% des maires ont l'intention de se représenter lors des municipales de mars prochain, quand 27% annoncent qu'ils ne seront pas candidats. "L'envie d'agir" des maires "reste puissante", et ce malgré "la fatigue" éprouvée par "beaucoup d'entre eux", conclut l'étude.
© AMF, Cevipof. Fond : A.R.
En mars dernier, soit à un an des prochaines municipales, 42% des maires déclaraient vouloir se représenter, tandis que 28% prévoyaient de renoncer à briguer un nouveau mandat. Enfin, 30% étaient indécis. C'est ce que mettait en évidence une enquête du centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Un peu plus de six mois après, et alors que le rendez-vous électoral de 2026 est proche, beaucoup de maires ont pris leur décision. Près de 58% d'entre eux seront candidats à un nouveau mandat et moins de 27% ne le seront pas. Ceux qui hésitent encore ne sont plus que 16%.
Ces résultats sont issus d'une nouvelle enquête du Cevipof s'appuyant sur les réponses de plus de 3.700 maires. Réalisée pour l'Association des maires de France (AMF), elle a été rendue publique ce 14 novembre, à quelques jours du 107e Congrès des maires de France.
Les données recueillies sont rassurantes. "Il n'y a pas de crise des vocations", conclut Martial Foucault, co-auteur de l'étude. D'autant qu'"un peu plus de la moitié" des indécis devraient finalement choisir de se représenter, selon les pronostics de ce professeur à Sciences Po. En mars prochain, la proportion de maires candidats devrait donc être voisine de celle qui a été constatée en 2020 (68%) ou 2014 (71%).
Des fonctions chronophages
L'envie de rempiler domine. Et pourtant le mandat a été éprouvant, avec sa succession de crises (Covid-19, inflation, événements climatiques, instabilité politique…). En outre, les conditions d'exercice des mandats sont décrites comme difficiles par une majorité de maires. Les trois quarts d'entre eux jugent que le niveau d'exigence des citoyens est "trop élevé". Ils sont encore plus nombreux (80%) à considérer que les risques juridique et pénal sont "trop forts". D'autres enquêtes ont révélé aussi que les maires sont confrontés à un nombre croissant de normes qui rendent leurs politiques plus complexes et coûteuses à déployer. Les services préfectoraux sont d'ailleurs pointés du doigt. Ils arrivent en tête (27%) des acteurs qui, selon les maires, "ralentissent" ou "empêchent" les projets municipaux – contre 11% les percevant comme un acteur qui "accélère" et "favorise" ces projets.
Dans ce contexte, les édiles consacrent un temps toujours plus élevé à leur mandat (34,8 heures en moyenne par semaine en 2025, contre 28,7 heures en moyenne en 2018). Et leur indemnité de fonctions n'est jugée "suffisante" que par 39% d'entre eux.
En dépit de tous leurs tracas, les maires s'estiment plutôt "satisfaits de la vie qu'ils mènent". La note moyenne qu'ils attribuent à celle-ci (7,4 sur 10) connaît très peu de variations suivant la taille des communes. D'où cette envie de repartir, exprimée par une large majorité.
Mais ce désir n'est pas à la même hauteur selon l'âge des maires. 73% des moins de 35 ans déclarent vouloir effectuer un nouveau mandat, contre seulement 30% des plus de 75 ans.
Poursuivre ou engager des projets
L'envie de porter l'écharpe six ans de plus est également plus élevée pour les maires chez qui le mandat a eu "un impact positif" sur la vie professionnelle et personnelle. 63% de ces élus veulent se représenter, contre 50% de ceux qui tirent un bilan "négatif" de leur mandat quant à ses effets sur leur vie familiale ou professionnelle.
Les réponses diffèrent, par ailleurs, selon la taille de la commune. Le souhait de briguer un nouveau mandat est plus fort (73 %) dans les communes de 9.000 à 30.000 habitants – l'enquête n'a pas retenu les réponses des maires des communes plus importantes – que dans les communes de moins de 3.500 habitants (de 55 à 61%). Mais les différences tiennent en partie à la part plus élevée des indécis dans les petites communes.
Trois motifs sont principalement invoqués par les maires à l'appui de leur décision de se représenter : "poursuivre des projets déjà engagés" (80%), "servir l'intérêt général" (79%) et "engager de nouveaux projets" (61%). Pour ceux qui ont choisi de ne pas repartir, il s’agit d’abord de "se concentrer sur leur vie personnelle et familiale" (81%), qui a été souvent mise entre parenthèses durant le mandat. Le sentiment d’avoir "mené leur mission à bien" (63%) est aussi mis en avant.
Les maires sortants bénéficieront d'un incontestable avantage par rapport aux autres candidats. Un sondage Ifop-AMF le révélait au début de l'été : 58% des personnes interrogées souhaitaient que leur maire se représente et soit réélu lors des prochaines municipales (voir notre article).
Scrutin de liste fraîchement accueilli
L'enquête du Cevipof révèle d'autres opinions de la part des maires au sujet du scrutin de mars 2026. Sur l'extension du scrutin de liste paritaire en 2026 aux communes de moins de 1.000 habitants, on apprend ainsi que 52% la considèrent comme une "mauvaise décision". Entre autres parce que "former une liste sera plus difficile" (c'est l'avis de 34,6% des maires). L'hostilité à la réforme mise en place par une loi de mai 2025 est très majoritaire chez les maires des communes de moins de 1.000 habitants (63 à 67%). En revanche, dans les communes où le scrutin de liste paritaire a déjà été utilisé, l'opposition à celui-ci est bien moindre (moins de 34% d'avis défavorable). Au sujet de la constitution des listes pour les élections municipales, on notera encore que 73% des maires jugent "difficile" ou "très difficile" d'impliquer les "jeunes de moins de 40 ans".
Selon les maires, certains thèmes occuperont une place plus importante au cours de la campagne municipale : la voirie (88,5%), l'urbanisme (84,7%), l'accès aux services de santé (83,5%), ou encore, dans une moindre mesure, le vieillissement de la population (75,8%) et la petite enfance (75,6%).
Nul doute que ces différents résultats seront très commentés lors des débats du congrès annuel de l'AMF qui se tiendra du 18 au 20 novembre à Paris.