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Industrie - Nord-Pas-de-Calais : la troisième révolution industrielle se concrétise

La région Nord-Pas-de-Calais continue sa démarche, démarrée en novembre 2012, en collaboration avec la chambre de commerce et d'industrie de région Nord de France et les équipes de Jeremy Rifkin, un économiste américain. Un travail qui consiste à engager la région dans la troisième révolution industrielle. Après un séminaire organisé du 13 au 15 mai 2013, et un travail en huit groupes, un "master plan" va être rédigé, qui sera présenté le 25 octobre.

La région Nord-Pas-de-Calais poursuit son expérience menée avec l'aide de Jeremy Rifkin, économiste américain, et ses équipes, destinée à engager la région dans la troisième révolution industrielle. Cette collaboration, entamée le 14 novembre 2012 à l'occasion du 6e World Forum Lille (voir ci-contre notre article du 13 novembre 2012), s'est poursuivie avec la mise en place de huit groupes de travail, planchant sur les huit domaines* identifiés, durant la phase de diagnostic, comme prioritaires. Un séminaire de réflexions sur le sujet s'est tenu mi-mai. D'après Jean-François Caron, élu (EELV) au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, co-président de la mission troisième révolution industrielle, la mobilisation n'a pas faibli. "Il y a une attention très forte de la part des politiques, des associations, des milieux économiques, c'est l'événement marquant, auquel tout le monde veut participer", assure-t-il. Parmi les clés de réussite de la démarche : le fait de faire converger les différentes politiques et actions de la région sur cet objectif de mutation régionale. "Il y a déjà toute une série de politiques, ce qui est nouveau, c'est de les faire converger", explique Jean-François Caron. Et l'idée est de déboucher très rapidement. Un "master plan", sorte de feuille de route stratégique, avec la présentation des enjeux et objectifs généraux, et opérationnel, avec le détail des projets concernés, va être élaboré rapidement et présenté le 25 octobre. Une première ébauche de ce plan doit intervenir dès le mois de juillet. Dès le second semestre 2013, des projets pilotes ou démonstrateurs seront mis en place avec des entreprises de la région. Objectif : apporter tout de suite, à partir de projets phares, la preuve de la pertinence des idées défendues.

Une labellisation des projets

"Il y aura trois niveaux à ces projets : le niveau régional, comme tout ce qui concerne la mobilité, l'échelle de l'agglomération, pour ce qui concerne notamment les réseaux, le numérique, et l'échelle de la ville, pour les écoquartiers en particulier. Certains projets existent déjà et sont dans cette logique, comme les écoquartiers de Lille ; on les labellisera avec une logique d'appels à projets", explique Jean-François Caron. Dans le secteur du bâtiment par exemple, l'objectif est de passer de l'état de plus gros consommateur d'énergie (43% du total en France) à celui de producteur, avec 800.000 logements qui nécessitent une rénovation thermique et 200.000 ménages de plus à l'horizon 2030. Côté budget, rien n'est encore fixé, mais la région va tenter de revisiter les fonds issus du contrat de projets Etat-région (CPER) et des fonds européens. "On va voir comment on peut les flécher sur la logique de la mutation régionale", détaille Jean-François Caron. Le fait de se lancer dans cette démarche innovante permettra aussi sûrement à la région d'aller chercher plus facilement des financements auprès de bpifrance et des programmes d'investissement d'avenir (PIA).
Par ailleurs, Philippe Vasseur, président de la CCI de région Nord de France et du World Forum Lille, avec qui la région travaille sur ce dossier, a proposé la création d'un outil financier dédié à la troisième révolution industrielle et à l'investissement des entreprises dans ce domaine. Cet outil serait alimenté par l'épargne régionale. 1% de cette épargne représenterait, selon ses chiffres, un apport de 2 milliards d'euros.
Face à ce mouvement qui attire et mobilise, d'autres régions commencent à pointer leur nez et à demander au conseil régional des précisions. Des représentants de l'Alsace et de la Bretagne étaient ainsi présents au séminaire des 13,14 et 15 mai. "Jeremy Rifkin est ravi de trouver une région vraiment opérationnelle, lui-même a déjà réalisé quatre master plans de ce type pour d'autres régions étrangères sans arriver à ses fins. C'est la première fois qu'il trouve du répondant", précise Jean-François Caron.

* les huit groupes de travail sont : énergies renouvelables distribuées, bâtiments producteurs d'énergie,  hydrogène et stockage de l'énergie, réseaux intelligents, innovation dans la mobilité douce, efficacité énergétique, économie circulaire, économie de la fonctionnalité.