Nucléaire : l'Autorité environnementale s'inquiète de l'impact écologique des EPR2 à Penly

Dans un avis délibéré du 10 octobre diffusé ce 17 octobre, l'Autorité environnementale relève des zones d'ombre concernant l'impact sanitaire, environnemental ainsi que la sûreté du chantier et de l'exploitation de deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 par EDF à Penly (Seine-Maritime). L’instance indépendante, qui statue sur les conséquences pour la santé et l'environnement de grands chantiers comme des infrastructures routières ou énergétiques, a identifié pour le projet de Penly plusieurs sujets "avec des implications possibles pour le milieu et la santé humaine" que le maître d'ouvrage EDF doit "approfondir". 

Elle liste en particulier la sûreté des installations, le risque de submersion, les rejets de substances chimiques et la destruction d'habitats marins, ou encore le coût du démantèlement des installations. L'Autorité considère "encore insuffisante" la prise en compte du dérèglement climatique par EDF pour la construction de deux nouveaux réacteurs d'une puissance de 1670 mégawatts de type EPR2 en bord de Manche, "en particulier du fait du risque de submersion lié à la montée des eaux et aux tempêtes accrues".

Par ailleurs, "les rejets en mer de substances toxiques ou cancérigènes (...) ne sont pas estimés à l'échelle de la centrale" et il n'est donc "pas possible à ce stade d'affirmer qu'il n'y a pas d'impacts significatifs sur l'environnement et la santé humaine, ni même que la réglementation sera respectée", affirment les auteurs de l’avis. Ce chantier entraîne, selon eux, "la destruction d'habitats marins remarquables et sensibles sans compensation à la hauteur des impacts". De plus, "le dossier ne fait apparaître que peu d’améliorations des performances environnementales des unités EPR2 par rapport aux unités REP [réacteurs à eau pressurisée] existantes, alors que plus de 40 ans sépareront leurs dates respectives de mise en service", estiment-ils.

L'Autorité environnementale s'étonne que "les documents de sûreté mis à disposition" n'aient pas pu faire l'objet "d'une véritable analyse" par ses membres, des "parties entières" en ayant été exclues par EDF "pour raison de sécurité" allant parfois "au-delà des prescriptions réglementaires".

 Enfin, elle souligne que EDF n'indique pas le montant nécessaire à provisionner pour "le démantèlement" des réacteurs, ni pour "la gestion des déchets et la remise en état du site". Contacté par l'AFP, EDF a assuré faire de "la protection de l'environnement une priorité", et que "le changement climatique est intégré à la conception des EPR2". L'entreprise "a pris connaissance de l'avis détaillé" de l'autorité environnementale et "produira une réponse détaillée" pour l'enquête publique de 2026.

Une autorisation environnementale accordée en juin 2024 a permis à EDF de démarrer l'an dernier le chantier des aménagements pour installer deux nouveaux EPR2, avant même l'autorisation de leur création, toujours à l'instruction.

 

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