Nucléaire : malgré le coût, la prolongation des centrales jusqu'à 60 ans reste "avantageuse", selon la Cour des comptes

"La maintenance des centrales et la poursuite de leur exploitation jusqu'à 60 ans, voire au-delà, nécessitent de poursuivre la mobilisation par EDF d'importantes ressources financières (...) mais ces investissements paraissent rentables pour l'exploitant" et restent une "option avantageuse" pour le système électrique français, selon un rapport de la Cour des comptes sur le parc nucléaire d’EDF publié ce 17 novembre.

Sur la période étudiée (2014-2024), les activités de maintenance se sont "intensifiées", avec des "dépenses annuelles afférentes (qui) atteignent désormais un niveau supérieur à 6 milliards d'euros courants, soit une augmentation de 28%" par rapport à 2006-2014, relèvent les magistrats financiers dans ce document de 120 pages. "L'alourdissement des opérations" s'explique par le vieillissement des réacteurs, dont l'âge moyen atteint aujourd'hui 40 ans - leur durée de vie initialement prévue - et le "rehaussement continu du niveau de sûreté" depuis l'accident de Fukushima, au Japon. Une hausse appelée à se poursuivre : la prolongation du parc, au côté de la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR2, est au coeur du chantier de relance de l'atome annoncé en 2022 par le président Emmanuel Macron (lire notre article).

Selon les Sages de la rue Cambon, le coût de prolongation du parc existant, de 40 à 60 ans, estimé à 51 euros par MWh (aux conditions de 2023), apparaît "très compétitif par rapport à la construction de nouvelles capacités de production (...) sous réserve que les prévisions de production soient effectivement atteintes et que les prix de vente de l'électricité ne soient pas dégradés". Par comparaison, le coût de production du programme des six nouveaux réacteurs s'élève à 79,90 euros/MWh (aux conditions 2020), indiquait la Cour en janvier. La prolongation de réacteurs au-delà de 60 ans semble "inévitable", selon la Cour, sans quoi la production nucléaire sera divisée par deux d'ici 20 ans.

EDF a su répondre à des "crises industrielles majeures", comme la corrosion sous contrainte sur des tuyauteries qui l'avait conduit à arrêter près de la moitié de ses réacteurs en 2022, en pleine crise énergétique. Mais la Cour note aussi "la persistance de difficultés structurelles" dans la gestion des opérations de maintenance, notamment la durée des arrêts qui a eu tendance à s'allonger. Elle appelle EDF à poursuivre les efforts engagés avec son plan START 2025, lancé en 2019, qui vise à améliorer la disponibilité des réacteurs en optimisant les durées des arrêts programmés.

Redresser la disponibilité des réacteurs, tombée à 74% en 2014-2024 contre 80% lors de la décennie précédente, nécessitera des investissements massifs. Le programme industriel de rénovation et modernisation des centrales ("Grand carénage") prévoit 100,8 milliards d'euros entre 2014 et 2035 (131,9 milliards en intégrant des charges d'exploitation complémentaires). Pour la Cour, "son suivi financier doit être amélioré" pour s'assurer de la "maîtrise des coûts et délais".

 

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