Pas d’égalité communale devant la délinquance

Une étude du ministère de l’Intérieur sur la géographie de la délinquance en 2022 observe une fois encore que les communes ne sont pas égales face au phénomène. Globalement, plus elles sont peuplées, plus le nombre d'infractions pour 1.000 habitants est élevé. Si la proportion varie fortement en fonction du type d’infraction, ces disparités se retrouvent même pour les destructions et dégradations volontaires, atteinte la mieux répartie sur le territoire.

2022 ne déroge pas à la règle : "La délinquance commise à l’échelle communale et enregistrée par les services de police et de gendarmerie est concentrée dans un nombre limité de communes", indique le service statistique du ministère de la sécurité intérieure (SSMSI) dans sa dernière analyse. Les données étudiées couvrent entre 75 et 96% de l’ensemble des faits connus, selon les catégories d’atteinte, ce qui offre une image assez fidèle, même s’il "existe toujours une certaine imprécision sur le lieu de commission de l’atteinte", rappelle le SSMSI.

Hyperconcentration

L’enquête pointe globalement une hyperconcentration de la délinquance. En moyenne l’an passé, aucun fait n’a été enregistré dans 60% des communes françaises. 95% des communes n’ont pas connu de vols avec armes (non sans logique, puisqu’on recensait 8.600 vols avec armes au total en 2022, pour 34.955 communes) et 90% des communes (pas nécessairement les mêmes) n’ont pas connu de vols violents sans arme (qui représentent 59.700 infractions). 

Les communes les plus peuplées sont globalement les plus touchées. "Le nombre d’actes de délinquance enregistrée pour 1.000 habitants (ou logements pour les cambriolages) est systématiquement plus élevé dans les grandes communes que dans les petites", observe l’étude. En outre, pour chaque atteinte, les communes les plus touchées concentrent toujours un taux de faits supérieurs à celui de leur population. Par exemple, les 1% des communes les plus touchées par les vols violents sans arme représentent 84% de ces derniers, alors que les 1% de communes les plus peuplées représentent "seulement" 64,7% de la population. Le taux est de 79% pour les vols avec armes et de 69% des vols sans violence contre des personnes.

Les destructions et dégradations volontaires, infraction la mieux répartie

Le nombre de communes concernées varie fortement en fonction des atteintes. Ainsi, des coups et blessures volontaires sur personne de 15 ans ou plus dans le cadre familial ont été enregistrés dans la moitié des communes françaises, les cambriolages de logement dans 58% des communes et les vols sans violence contre des personnes dans 60% des communes. 

L’atteinte la mieux répartie sur le territoire reste les destructions et dégradations volontaires – deuxième la plus fréquemment constatée après les vols sans violence –, avec plus d’un demi-million d’infractions en 2022 (8,2 infractions pour 1.000 habitants). Elles ont été enregistrées dans 71% des communes. Pour autant, on retrouve là encore de fortes disparités entre communes rurales (4 infractions pour 1.000 habitants) et les centres urbains (plus de 10 infractions pour 1.000 habitants). "Quelle que soit leur taille, les communes qui forment les grands centres urbains concentrent près de la moitié des faits", précise le SSMSI – Marseille-Aix-en-Provence étant la plus affectée par le phénomène (12,3 infractions pour 1.000 habitants). Hors unités urbaines, les départements les plus touchés sont la Haute-Corse, les Alpes-Maritimes et les Pyrénées-Orientales, où le taux est supérieur à 9,1‰ habitants. À l’inverse, il est inférieur à 5,0‰ dans 66 départements.

Hyperconcentration au sein de Paris Lyon Marseille également

L’étude relève également une inégalité territoriale face à la délinquance au sein même de Paris, Lyon et Marseille. À Paris, les arrondissements centraux sont plus particulièrement touchés par les vols sans violence (taux pour 1.000 habitants supérieur de plus de 300 points au taux parisien moyen pour le Ier arrondissement et de 120 points pour le VIIIe arrondissement, et double de cambriolages pour les quatre premiers arrondissements). À Lyon, les vols sans violence sont trois fois supérieurs à la moyenne de la ville dans le IIearrondissement (le VIe se démarquant pour les cambriolages). À Marseille, ils sont quatre fois plus nombreux que la moyenne de la ville dans le Ier arrondissement (les cambriolages touchant plus particulièrement le VIIearrondissement).

Outre-mer : l’exception des vols avec arme

L’étude constate également que les communes d’outre-mer sont "autant voire moins touchées par la délinquance enregistrée que les communes métropolitaines de même taille". À une exception près : les vols avec armes (La Réunion n’étant pas concernée par cette sur-représentation). Ainsi, les Drom représentent moins de 5% de la délinquance enregistrée pour tous les indicateurs de délinquance, à l’exception de ces vols armés qui représentent 25% du total.

 

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