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Politique de la ville - Patrick Kanner est favorable à l'ouverture le dimanche des... centres sociaux

Le ministre de la Ville "ne vit pas dans le monde des bisounours" mais il se prend parfois à rêver, par exemple que les centres sociaux soient ouverts le week-end, voir une partie de la soirée. Il s'agit pour Patrick Kanner d'occuper l'espace des quartiers pour éviter qu'il ne le soit par des mouvements de radicalisation visant les jeunes. "Daesh n'est pas qu'en Syrie", constate-t-il, et la politique de la ville, avec son volet prévention, porte selon lui "une partie de la réponse aux phénomènes de radicalisation". En complémentarité des politiques régaliennes de répression.
"Un travailleur social qui travaille tard le soir est moins visible qu'un car de CRS", déplore-t-il et l'ouverture des centres sociaux le dimanche coûtera bien trop cher pour son ministère, pour un retour sur investissement que personne ne verra. Le ministre sait bien que la question n'est pas à l'ordre du jour. Elle a le mérite de poser le débat du coût de la "réponse sociale" comparativement à celui de la "réponse régalienne" si on compte l'argent public dépensé "pour la surveillance, le renseignement, la sécurisation..."
Ce débat aura peut-être lieu au Parlement lors de la discussion du projet de loi de finances. Il le sera plus sûrement lors de la discussion du projet de loi Egalité et Citoyenneté au début de l'année 2016 (*). Car ce texte, Patrick Kanner le voit autant comme une réponse à la radicalisation des jeunes que celle - éternelle - de l'efficacité de la politique de la ville. "Dans 21 jours nous allons célébrer une date importante, le drame de Clichy", se prépare le ministre, faisant référence aux émeutes de 2005 qui ont embrasé les banlieues françaises suite à la mort à Clichy-sous-Bois, le 27 octobre, de deux adolescents cherchant à échapper à un contrôle de police. "On va me demander : qu'avez-vous fait monsieur Kanner, et les autres ministres de la Ville avant vous, depuis 2005 ?", espère-t-il. Et il répondra que "les événements de 2005 ont créé une aspiration vers ces mouvements de radicalisation" qui attirent des jeunes "au chômage, en échec scolaire, à qui on promet de devenir un héros" et qui vivent dans un quartier ressenti comme relevant de "l'apartheid". Et que dans ce contexte, la politique de la ville sert à "prévenir sans cesse de cette réalité" et il laissera entendre que sans elle ce serait pire.
Patrick Kanner fera le job. Même s'il semble convaincu que la réussite de la politique de la ville dépend de quelque chose qui la dépasse et qui tient en une phrase : "quand les gens auront du boulot".

Valérie Liquet

(*) Le comité interministériel à l'égalité et à la citoyenneté, qui donnera les grandes orientations du projet de loi, se tiendra fin octobre. Le texte sera présenté en conseil des ministres avant la fin de l'année pour un débat parlementaire début 2016. Voir aussi notre article Ce que l'on sait du volet logement du futur projet de loi Egalité et Citoyenneté du 2 octobre 2015.

 

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