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Plan de réduction des pesticides : une "task force" présidée par un préfet pour mobiliser tous les acteurs

Lors de la réunion de lancement ce 10 avril du comité d'orientation stratégique et de suivi (COS) du plan national de réduction des produits phytosanitaires (Écophyto II+), le gouvernement a annoncé la création d'une "task force" engageant les acteurs publics et privés. Elle sera présidée par le préfet Pierre-Étienne Bisch, coordinateur interministériel depuis décembre 2018. Les préfets de région seront mobilisés pour déployer le plan dans les territoires en lien avec les professionnels, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales.

Pas moins de quatre ministres – François de Rugy (Transition écologique et solidaire), Agnès Buzyn (Solidarités et Santé), Frédérique Vidal (Enseignement supérieur, Recherche et Innovation), Didier Guillaume (Agriculture et Alimentation) – et deux secrétaires d'État (Brune Poirson et Emmanuelle Wargon) ont procédé ce 10 avril à l'installation du comité d'orientation stratégique et de suivi (COS) du plan national de réduction des produits phytosanitaires (Écophyto 2+). Alors que l'usage des pesticides de synthèse a globalement continué de progresser en France malgré deux plans successifs lancés depuis 2008, le gouvernement entend réaffirmer sa "volonté ferme d'atteindre les objectifs de réduction de l'utilisation des produits phytopharmaceutiques de moitié d'ici à 2025 et de sortie du glyphosate pour une majorité des usages d'ici fin 2020", a-t-il indiqué dans un communiqué.
En ouverture de la réunion, Didier Guillaume a rappelé que la France, première puissance agricole européenne avec 28,7 millions d'hectares de surface agricole utile (SAU) est toujours le premier utilisateur de produits phytosanitaires en Europe. Le défi est donc de taille pour parvenir à désintoxiquer l'agriculture des excès de la chimie. Pour réussir la "transition agroécologique", le gouvernement mise sur "la mobilisation pleine et entière de l’ensemble des parties prenantes, publiques et privées". Dans cette optique, il a décidé de créer une "task force" pour la coordination et le suivi opérationnel du plan. Cette "task force" sera présidée par le préfet Pierre-Étienne Bisch, coordinateur interministériel depuis décembre 2018. "Les préfets de région seront mobilisés pour déployer le plan Écophyto II+ dans les territoires en lien avec les professionnels, les agences régionales de santé et les collectivités territoriales", précise le communiqué du gouvernement.

Plus de moyens pour la recherche

Un premier comité de suivi des plans de filière réunira fin avril l’ensemble des interprofessions végétales (producteurs et transformateurs de céréales, légumineuses, oléagineux, vigne, légumes et fruits) au sujet de leurs engagements en matière d’usage des produits phytosanitaires. Les moyens alloués à la recherche vont être parallèlement renforcés, avec un programme prioritaire, inscrit dans le troisième programme d’investissements d’avenir (PIA3), doté de 30 millions d'euros. L'objectif assigné au programme est d'identifier "des voies alternatives" aux phytosanitaires en "mobilisant les leviers" de "l'agroécologie, du biocontrôle, de la génétique et de la prophylaxie" (moyens médicaux contre les maladies) pour permettre de "cultiver et protéger autrement", en réduisant "autant que possible le recours aux produits conventionnels". L'appel à projets sera lancé en juin 2019.
Sur le glyphosate, une enquête "flash" sera lancée d'ici à l'été chez les agriculteurs pour "mieux connaître les pratiques de désherbage et mesurer l'évolution des pratiques", alors que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) conduiront une "évaluation comparative des produits à base de glyphosate". "Les usages du glyphosate pour lesquels des alternatives efficaces, présentant un risque moindre et économiquement supportables existent, seront progressivement interdits, souligne le communiqué. Le dialogue avec les premières filières concernées débutera avant l’été 2019." En 2018, "14 substances n'ont pas été renouvelées au niveau européen", et l'Anses participera dans le cadre d'un consortium de quatre États membres au "processus de réévaluation de la substance glyphosate dont l'échéance d'approbation est fixée à fin 2022".

"Stratégie nationale" de déploiement du biocontrôle

Le gouvernement confirme aussi s'attaquer aux pesticides naturels, épandus en agriculture biologique, lorsque ceux-ci deviennent polluants pour les sols. Ainsi une feuille de route doit être finalisée pour "développer des alternatives à l'usage du 'cuivre' en viticulture". Le cuivre est l'un des principaux pesticides naturels utilisés en viticulture bio pour réduire la pourriture des grappes et s'attaquer au mildiou mais sa surabondance pourrait mettre en danger des nappes phréatiques.
Une "stratégie nationale" de déploiement du biocontrôle, c'est-à-dire toutes les mesures de protection basées sur les mécanismes naturels pour préserver les cultures des maladies (insectes auxiliaires, bactéries ou champignons, prédateurs de ravageurs), doit aussi faire l'objet d'une "consultation" d'ici juin.
Les modalités d'épandage devraient être discutées au sein de deux groupes de travail d'ici l'été pour "protéger les agriculteurs, riverains et pollinisateurs". Enfin, le gouvernement affirme que la transparence sur les moyens financiers alloués à la réduction des produits phytosanitaires sera "accrue". Une cartographie nationale et régionale sera réalisée intégrant les différentes sources de financement. Un guide des financements mobilisables sera élaboré à l’attention des agriculteurs d’ici octobre 2019 dans l’ensemble des régions. Par ailleurs, le ministère de la Transition écologique et solidaire rendra accessible le 1er juillet la base de données d’achat et de vente de produits phytosanitaires à l’échelle de la commune, "dans des modalités permettant de préserver l’anonymat des acheteurs".

 

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