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Sport - Plan piscine : la Fédération française de natation veut des équipements structurants

En septembre 2013, à l'occasion de la Journée du sport scolaire, la ministre des Sports Valérie Fourneyron rappelait qu ''un jeune sur quatre à l'entrée en sixième ne sait pas nager". Elle décidait dans la foulée de faire de l'apprentissage de la natation une priorité et fixait un objectif : que tous les élèves de sixième sachent nager dans dix ans. Un plan de bataille, provisoirement baptisé "Apprendre à nager", se met actuellement en place autour d'un pivot : l'école. Outre qu'il se propose de mettre de l'huile dans les rouages entre toutes les parties prenantes – clubs, collectivités, Education nationale – et de développer la communication autour des actions en faveur du savoir-nager, le ministère a choisi d'agir sur un levier qu'il maîtrise : le financement de la rénovation ou de la construction des piscines par le biais des subventions d'équipements du CNDS (Centre national pour le développement du sport). Lors de son conseil d'administration du 19 novembre 2013, le CNDS décidait de réserver une enveloppe de 15 millions d'euros au minimum à la rénovation ou la construction de piscines en 2014, et précisait que l'acquisition de bassins d'apprentissage, quelles que soient leurs dimensions, y compris mobiles, étaient désormais éligibles aux aides.

"On va revenir quarante ans en arrière !"

Il n'en fallait pas plus pour susciter l'indignation de Francis Luyce, président de la Fédération française de natation (FFN). Premier objet de son courroux, le recours à des bassins d'apprentissage de dimensions réduites. "Aujourd'hui, explique-t-il, la fédération ne peut se développer qu'avec des équipements de nature à faire vivre les activités liées à notre développement, les disciplines olympiques, mais pas seulement. Nous avons 303.359 licenciés, dont un tiers s'intéresse à l'une de nos cinq disciplines, et à côté, 200.000 licenciés qui pratiquent l'ensemble de nos activités, en dehors de tout intérêt pour une discipline olympique. Nous avons fait en sorte de développer un certain nombre d'activités (bébés nageurs, aquaforme, aquabiking…) et aujourd'hui, dans une démonstration que nous souhaitons faire et que nous allons faire, le nager forme-santé. On ne peut imaginer développer ces activités qu'avec des équipements structurants. Que ce soit du 25 m x 15 m, du 25 m x 20 m, du 50 m x 25 m, peu m'importe." Si pour Francis Luyce l'idée de subventionner des bassins d'apprentissage n'est donc guère séduisante, celle consistant à implanter des bassins mobiles relève carrément de l'hérésie : "On va revenir quarante ans en arrière ! L'opération des bassins mobiles des années 1970 n'a pas été maintenue à ce qu'il me semble. On s'est rendu compte que ce n'était pas la panacée. Personnellement, je ne souhaite pas développer ce type de bassins."

Disparités territoriales

La Fédération française de natation, à la tête d'un réseau de 1.280 clubs, estime qu'aujourd'hui seuls 75% des besoins de la natation scolaire sont couverts par le parc des piscines existant, soit 800.000 m2 couverts. Sur les quelque 6.500 bassins répartis dans les 4.100 piscines françaises, 60% ont en effet une vocation estivale. Elle relève par ailleurs certaines disparités territoriales : le faible taux de piscines par habitants en milieu urbain, les équipements découverts et la distance en milieu rural, ainsi que le retard du périurbain, qui connaît le plus fort développement démographique, constituent des freins à l'égalité territoriale en matière d'équipements aquatiques. Plus généralement, le parc est vieillissant, avec un âge médian de 35 ans. Or, fait remarquer la FFN, le risque de fermeture est élevé pour une piscine au-delà de 30 ans. L'installation minimum qu'elle préconise est constituée de deux bassins, l'un de 25 m, l'autre, plus petit, permettant aux enfants d'avoir pied.